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But Mr. Arnold tells us that though Mr. Gladstone has secured brilliant victories he has not achieved success. It would require an article of some length to meet such a statement fully. If it be true, however, the English nation must be of all people the most credulous and gullible. Mr. Gladstone's career has been of extraordinary length, and has been marked by continued movement. It is strange, to say the least, that the nation should have been induced again and again to renew its confidence in a statesman whose policy has been one continued failure. But the story of England during the last thirty years in which his influence has been predominant is the answer to the charge. We have been silently passing through a great political and social revolution, and if the progress has been made in peace this has been largely due to the beneficent influence of the great statesman. He has enlisted against himself the force of all the privileged classes, and yet they ought rather to be grateful to one who has often saved them from the consequences of their own folly, and has so moderated the action of the reforming forces that change has been gradual, and therefore less severely felt. It is true he has not cured the disorders of Ireland. The wrongs of centuries are not to be thus easily redressed, still less is their memory to be effaced; but the Acts he has passed have been part of a policy of justice, and are on that account worthy of all honour. To compare them with the policy of Bismarck is to betray a singular lack of true insight. A policy of blood and iron' cannot be compared as to its immediate results with a policy of conciliation whose only instrument is moral force. The ultimate effect of Bismarck's foreign policy has yet to be seen. His experiments in domestic legislation have, for the most part, been gigantic failures; his successes have been achieved in another field by an unscrupulous diplomacy and a perfect military organisation. A free State would not brook such a Minister. It needs a statesman who can trust the people and who is trusted by them in return.

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But while thus seeking to do full justice to the nobility of Mr. Gladstone's aims, to the courageous statesmanship shown in his policy, and to his extraordinary influence in the country, it would be worse than folly to deny that this is a crisis in his fortunes, and that by his present action his place in history will be very largely determined. Those who encourage him to refuse such concessions as would unite all Liberals who are prepared to accept the principle of a statutory Parliament for Ireland are betraying him into what may possibly be present disaster, but will certainly be an injury to his permanent reputation. The differences of opinion which exist in the Liberal ranks are not surprising. Mr. Gladstone's proposals are bold, novel, and startling; and if they had been at once adopted by a mechanical majority, it would have said little for the intelligence or independence of the party. That independence deserves respect even from a leader

so powerful as the Prime Minister. He is strong enough to show it, and in showing it he will act in conformity with the spirit of his first speech, and will materially strengthen his own authority. If he stoops to conquer, he will be irresistible. Should he, on the other hand, resolve to crush out all opposition, his success (all confident assurances of electoral agents notwithstanding) is problematical, and even if won would be secured at too heavy a cost. Assuredly he could give no better proof of his own insight' and magnanimity, or more completely refute the evil sayings of his adversaries, than by showing himself able to reunite those who at heart are his true supporters, and so to secure the triumphant carrying of the great measure on which he is set.

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J. GUINNESS ROGERS.

MR. GLADSTONE AND THE IRISH BILL.

A FRENCH VIEW.

I.

LES gravures anglaises qui ont, à des millions d'exemplaires, popularisé M. Gladstone sous la figure d'un bûcheron abattant à coups de hache des chênes séculaires, ont depuis longtemps passé le détroit. A nous aussi, à ceux-là mêmes qui s'occupent seulement de loin des questions de politique extérieure, le grand vieillard apparaît comme un gigantesque bûcheron. S'il aime à se délasser, dans ses heures de loisir, en pratiquant des coupes sombres dans les hautes futaies de Hawarden, c'est qu'il s'est fatigué, dans ses heures de travail, à donner de terribles coups de hache dans cette forêt des abus et des injustices qui est vieille comme le monde et où il est toujours si difficile de faire pénétrer la lumière et l'air. Profession magnifique, mais périlleuse ! les élus, les bûcherons qui travaillent pour la cause de la liberté et du progrès, n'ont pas seulement à redouter la haine des propriétaires égoïstes de la forêt noire; ils ont encore à redouter que l'arbre qu'ils veulent abattre ne se venge en tombant sous leurs coups et, dans sa chute, ne les écrase de son poids.

M. Gladstone, mieux que tout autre, parce que plus d'années ont neigé sur sa tête, sait ces choses, et cependant, confiant dans la bonté de sa cause, non moins confiant en lui-même, il continue. On peut sur tels et tels points de détail dans les bills irlandais, on peut sur les bills eux-mêmes, différer radicalement d'avis avec M. Gladstone. Mais, pour peu qu'on ait dans l'âme le sentiment de la noblesse morale, pour peu qu'on ait bu une gorgée à la source sacrée de la Justice, à la véritable Hippocrène, alors on ne peut refuser sa profonde admiration à l'homme qui entreprend une œuvre pareille. Et remarquez combien, à ce qu'on pourrait appeler le point de vue esthétique, tout est beau dans cette suprême tentative, tout concourt à embellir encore ce couronnement d'une carrière bien remplie. L'homme qui a entrepris, par des moyens qu'on peut discuter, mais à qui le seul fait d'avoir été proposés par M. Gladstone donnera dans l'avenir une force invincible-l'homme qui a entrepris de mettre un terme aux maux dont l'Irlande souffre depuis des siècles, c'est le plus anglais— the most thorough Englishman-de tous les hommes d'Etat anglais de ce siècle; plus qu'en Cobden et qu'en Robert Peel, le génie anglais,

dans ce qu'il a de meilleur, s'incarne en lui; plus que de Lord John Russell et de Lord Palmerston lui-même l'odeur du terroir se dégage de lui. Et c'est cet Anglais-là, ce true insular, qui risque hardiment sa chère popularité anglaise pour donner à l'Irlande la liberté et la paix-Second contraste qui ne manque pas non plus de quelque grandeur artistique: c'est un ancien tory, un ancien favori des classes riches, égoïstes et conservatrices, qui s'est fait aujourd'hui, pour renouveler de fond en comble la législation de l'île-sœur, le chef de la démocratie britannique et du radicalisme anglais. M. Chamberlain a pu écarter de lui plus d'un tiers de ses lieutenants et sous-officiers parlementaires; mais M. Gladstone a pris à M. Chamberlain près des deux tiers des masses profondes qui, l'année dernière seulement, ont reçu le baptême de la vie politique, oui, les deux tiers de Birmingham et du Caucus lui-même. Victor Hugo disait que Ney, devenu maréchal de France, et Murat, devenu roi de Naples, pouvaient montrer avec orgueil l'un le fouet de postillon, l'autre le marteau de tonnelier, qu'ils avaient maniés dans leur jeunesse; mais que lui, devenu démocrate et républicain, avait le droit de montrer avec plus d'orgueil encore son manteau de pair et ses odes royalistes d'autrefois. De même M. Gladstone: il est né parmi les heureux et les puissants; c'est pour les déshérités et les humbles qu'il veut travailler jusqu'à son dernier souffle. Enfin, l'âge même du lutteur ajoute à la grandeur de l'entreprise, la plus formidable révolution que le dix-neuvième siècle aura vue en Angleterre. M. Gladstone avait assez fait pour sa gloire, assez pour la satisfaction de sa conscience, assez pour la cause de ceux que Gambetta appelait les nouvelles couches sociales,' et qui, partout aujourd'hui, ébranlent et remplacent les vieux strata. Rappelé au pouvoir par le suffrage enthousiaste des milliers d'hommes dont il avait fait des électeurs, des participants à la puissance législative du plus grand royaume constitutionnel du monde, il pouvait se reposer et faire, par une administration paternelle, patienter l'Irlande. Il ne l'a pas voulu. A tort ou à raison, mais avec une sincérité absolue et que des ennemis politiques seuls peuvent contester, il a cru qu'il y avait encore pour lui une belle œuvre à accomplir. Et malgré ses soixante-seize automnes, au risque de perdre des amis très chers et des disciples favoris, sachant d'avance à quelles injures et à quels outrages il s'exposait, il s'est remis à l'œuvre et a retroussé ses manches pour manier la hache d'un bras plus assuré.

Eh bien, cela est grand et cela est noble. Et alors qu'en plein palais de Westminster il se trouve des hommes pour traiter M. Gladstone de mauvais citoyen, qui disent, avec un ricanement, qu'il faut remonter aux républiques antiques ou italiennes pour trouver l'exemple d'un pareil démagogue, je suis heureux de pouvoir lui apporter, dans une revue anglaise, le témoignage de mon admiration. Etranger, j'ose écrire que rien, depuis un demi-siècle, n'a plus fait d'honneur à la vieille Angleterre que d'être le pays d'un pareil novateur. Je suis loin de tout trouver digne d'éloge dans la vie politique de M. Glad

stone: comment pourrais-je avoir oublié la cruelle neutralité de 1870? Mais je suis l'élève de quelqu'un qui avait coutume de dire: 'Il faut être juste, plus que juste; et rien du passé ne saurait m'empêcher de trouver beau ce qui me paraît beau dans le présent. Il est consolant d'ailleurs pour le confort de l'humaine conscience qu'un même temps ait produit, à côté d'un Bismarck qui ne rêve jusqu'à la fin que de semer la haine entre les peuples, un Gladstone qui n'a jamais été plus épris de justice et de progrès qu'à l'heure où le soleil descend pour lui à l'horizon.

II.

Il s'est produit en France, depuis quelques mois, un vif mouvement de sympathie en faveur de M. Gladstone, et c'est de cette sympathie que je suis ici l'écho. Soit!' me disent les adversaires du Premier, 'mais que pense-t-on en France de son bill irlandais?'

Je répondrai franchement: à part quelques hommes politiques et quelques journalistes, on en pense en France tout juste ce qu'on pense en Angleterre des grandes questions qui agitent notre pays: on n'en pense rien du tout. Les peuples, en effet, dans leur grand ensemble, ne prennent parti dans les affaires de leurs voisins qu'autant que ces affaires touchent aux leurs. Or, on n'aperçoit pas, de notre côté du Canal, en quoi le vote ou le rejet du Home Rule pourrait nous importer. On se doute à peine que le retour au régime tory et à la répression impitoyable ouvrirait une ère de révolutions où l'Angleterre serait affaiblie, ce que quelques-uns considéreraient comme un avantage pour la France et ce que, pour ma part, malgré tous les mauvais procédés que nous avons rencontrés dans les affaires de Tunisie, d'Egypte, du Tonkin et de Madagascar, je considérerais comme un irréparable malheur pour l'humanité. On soupçonne encore moins, malgré les Cassandres qui l'ont annoncé et prédit, que si le câble qui rattache l'Irlande à l'Angleterre était entièrement coupé-ce n'est pas le bill de M. Gladstone, mais c'en pourrait être une conséquence dans l'avenir-l'Irlande deviendrait fatalement la cliente de la grande république américaine et que l'entrée des Etats-Unis dans la politique européenne serait un événement d'une incalculable portée.

Maintenant, puisque je suis convié à donner mon opinion personnelle, voici ce que je penserais de la question si j'étais Anglais :

Sans entrer d'abord dans le détail, il me paraîtrait qu'après toutes les expériences qui ont été tentées depuis la conquête de l'Irlande, et surtout depuis vingt-cinq ans, il n'y a plus que deux principes en présence: celui du Home Rule, entier ou mitigé, et celui de la Répression, relativement douce si les Irlandais restent tranquilles, plus sanglante encore que sous Cromwell si une véritable révolution était provoquée à Dublin.

La répression est-elle une théorie défendable,digne de l'Angleterre, acceptable au dix-neuvième siècle? Je ne puis le penser. C'est aux temps barbares qu'une nation pouvait s'arroger le droit d'en exterminer une

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