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veine jugulaire, il n'est pas possible de s'appuyer sur ces faits pour démontrer que dans beaucoup de cas de phlébite purulente il n'y a pas d'obstacle au mélange direct du pus avec le sang en circulation. J'ai vu les veines du bras remplies de pus, et cette disposition cesser brusquement vers l'axillaire, ce point offrant pour toute différence une teinte plomblée de la membrane interne. Je pourrais citer bien des faits de ce genre, et je n'ai pas besoin de rapporter les résultats des recherches anatomiques que M. Douglas de Glascow a consignées dans son travail sur la pathogénie des abcès métastatiques (1). Si j'ai insisté sur ce point, c'est à cause des idées récemment publiées en France, par M. Tessier, qui prétend (2) qu'un phénomène constant dans chaque cas de phlébite, c'est l'oblitération de la veine malade par un caillot, et qu'à toutes les périodes de la maladie le point en suppuration est circonscrit par une inflammation adhésive des parois du vaisseau. En effet, la première des observations que nous avons rapportées paraitrait confirmer cette manière de voir, par les lésions qu'elle signale : ainsi le sinus latéral était oblitéré vers le confluent du sinus par une fausse membrane et de la lymphe organisée, tandis que vers l'autre extrémité il y avait un caillot sanguin adhérent qui oblitérait son calibre. Puisqu'il y a eu là phlébite circonscrite, le pus n'a pu communiquer avec le torrent circulatoire. Comment se rendre compte alors de la formation des abcès dans les poumons, et de la suffusion dans les plèvres? Devons-nous nous ar rêter à l'idée de phlébite ignorée d'une autre région de l'économie? Faut-il admettre avec MM. Andral, Tessier, et d'autres, que ces lésions reconnaissent pour cause une altération première des fluides, indépendante de toute inflammation primitive du système veineux? La négation de la première de ces hypothèses n'implique pas nécessairement l'adoption de la seconde. Il y a certainement plus qu'une simple coïncidence entre la phlébite et la formation des abcès secondaires, et il suffit

(1) On phlebitis. Glascow 1835.

(2) L'Expérience, 1838. N° 35, 41, 45, 59.

en faveur de M. Tessier, que ce médecin ait montré les contradictions qui existent entre la théorie de Dance et celle de M. Cruveilhier, relativement à l'époque à laquelle le pus pénètre dans le torrent circulatoire; car il s'attache surtout à ce fait, contraire à l'observation, qu'un caillot obstructeur existe dans les veines dans tous les cas de phlébite suppurative.

En résumé, j'ai fort peu de choses à dire sur le traitement de l'otorrhée chronique. On a recommandé les exutoires à la nuque, et les frictions avec la pommade stibiée; mais en général ces moyens sont insuffisants contre une période un peu avancée de la maladie. On avait préconisé la perforation de l'apophyse mastoïde; mais, sans doute à cause des résultats malheureux qui ont suivi trois opérations de ce genre faites par Itard, ce moyen est de nouveau tombé en discrédit. Cependant l'opération est loin d'être aussi grave qu'on pourrait le croire. M. Dezeimeris a analysé, il y a peu de temps (1), les principauxfaits de cette dernière catégorie, et il est arrivé à cette conclusion, que l'opération a été pratiquée avec succès sur neuf individus, et sur cinq parmi ceux-ci des deux côtés à la fois, de sorte que nous possédons en tout quatorze exemples de cette perforation. Un opéré est mort, deux autres furent opérés sans succès, deux furent soulagés, et enfin, chez les neuf autres l'opération eut le plus heureux résultat.

(1) L'Expérience, 1838, n. 32.

REMARQUES SUR L'ACTION DES MUSCLES DE L'OEIL ET SUR LA guérison de la MYOPIE CONSÉCUTIVE A LA SECTION DE CES MUSCLES;

Par M. PRAVAZ, correspondant de l'Académie royale de Médecine.

J'ai publié en 1825, dans les Archives générales de Medecine (t. VIII, p. 59) un Mémoire sur quelques anomalies de la vision, où la question de l'accommodation de l'œil aux variations de distance des objets éclairés, était traitée d'une manière incidente. L'explication que j'ai donnée de ce phénomène a reçu une autorité nouvelle des expériences qui ont été faites récemment pour la guérison de la myopie. Personne ne doute, en effet, aujourd'hui que les changements du foyer oculaire ne soient produits par l'action des muscles; mais chacun des chirurgiens qui sont arrivés à des résultats semblables par des procédés différents ayant essayé d'en déduire une théorie particulière des conditions de la vision distincte, je vais démontrer l'erreur de ces diverses interprétations, et faire voir comment celle que j'ai proposée peut seule satisfaire aux circonstances en apparence contradictoires que l'observation a présentées.

La section du grand oblique pratiquée dans certains cas de strabisme, ayant diminué la myopie qui accompagne ordinairement cette difformité, M. Phillips a été conduit à en conclure que ce muscle était l'agent de l'élongation du diamètre antéro-postérieur de l'œil, élongation nécessaire pour la vision distincte à courte distance. M. Bonnet, qui a réussi à guérir plusieurs cas de myopie en coupant le muscle petit oblique, est arrivé de son côté à assigner à celui-ci la même fonction; ainsi se trouve reproduite une opinion déjà ancienne, et que Demours en particulier avait émise à l'article Presbytie du Dictionnaire des Sciences médicales; cet ophthalmologiste

suppose, en effet, que les muscles obliques compriment latéralement le globe oculaire, tandis que les quatre muscles droits l'aplatissent d'arrière en avant, de telle sorte qu'il y aurait opposition d'effets entre les actions de ces deux systèmes d'organes contractiles. Un examen attentif suffit d'abord pour reconnaître que le rôle attribué aux muscles obliques, agissant d'une manière isolée, est absolument illusoire. Le plus grand, en effet, est disposé surtout pour porter en avant le globe oculaire en même temps qu'il lui imprime un léger mouvement de rotation; le petit oblique agit aussi pour produire une faible traction de l'oeil d'arrière en avant, mais son effet principal est de faire mouvoir ce sphéroïde autour de son axe antéro-postérieur; dans ces diverses combinaisons de forces, on n'en découvre aucune qui soit capable d'exercer un effort suffisant de dépression dans le sens latéral; si l'on conservait quelque doute sur l'impuissance des muscles obliques à produire seuls l'allongement du globe oculaire, ce doute disparaîtrait en considérant que la myopie cesse également par la section des muscles droits, les premiers restant intacts. La théorie que MM. Phillips et Bonnet ont cherché à reproduire sur le mode d'influence exercée par les muscles obliques dans le phénomène de l'accommodation de l'œil aux différentes distances étant ainsi écartée, je vais examiner celle que M. Guérin vient de produire à l'égard des muscles droits.

On avait pensé jusqu'ici que la myopie était déterminée par l'une ou l'autre de ces trois causes et peut-être par leur réunion, savoir un accroissement de courbure de la cornée, une dépression active ou passive du cristallin, suivant son limbe transversal, et enfin un plus grand éloignement entre ce disque et la rétine. M. Guérin rejette la première cause en s'appuyant sur les expériences d'Young, qui ont renversé, suivant lui, celles de Home et de Ramsden; il n'admet pas davantage les deux autres, puisqu'il suppose que dans la vision à courte distance l'œil est aplati d'arrière en avant par l'action des muscles droits; heureusement la physiologie n'est pas réduite à faire

ainsi violence à toutes les lois de l'optique pour expliquer le mécanisme de la vision je dirai d'abord que l'expérience d'Young est loin d'être probante; pour qu'elle eût une véritable valeur, il faudrait d'une part que la densité de l'eau et celle de l'humeur aqueuse fussent rigoureusement égales, et de l'autre qu'il fût démontré que les mouvements du cristallin ou son changement de forme ne concourent point à la variation du foyer oculaire: or, rien de tout cela n'est établi. En second lieu, pour renverser l'opinion de M. Guérin, il me suffirait peutêtre de lui opposer celle que MM. Phillips et Bonnet ont déduite de leurs expériences; mais comme j'ai déjà démontré le premier que la synergie des muscles droits et obliques, combinés avec l'élasticité des enveloppes de l'oeil, rend parfaitement compte de tous les phénomènes de l'appropriation des surfaces réfringentes de cet organe aux variations de distance, j'appliquerai la même démonstration à concilier théoriquement les deux méthodes qui ont été employées pour la guérison de la myopie.

En avançant que la contraction simultanée des muscles droits qui enveloppent le globe de l'œil dans une partie de son contour et se dirigent ensuite obliquement vers le fond de l'orbite, donnait naissance à deux systèmes de force, dont l'un agissait pour comprimer latéralement cet organe, et l'autre pour l'attirer d'avant en arrière, j'ai dit une chose conforme aux notions les plus élémentaires de la mécanique ; il n'est pas moins évident que de ces deux systèmes de forces, celui qui sollicite l'oeil vers le fond de sa cavité est de beaucoup le plus puissant, et qu'il produirait seul de l'effet s'il n'était balancé éventuellement par une puissance contraire; cette force antagoniste résulte de la contraction des muscles obliques qui servent ainsi indirectement à l'élongation du globe oculaire, et par suite, à la vision des objets rapprochés ; tel es tle seul rôle que la théorie puisse leur assigner à priori, rôle qui est rendu sensible par le résultat des opérations de MM. Phillips et Bonnet.

La section de deux muscles droits opposés, en supprimant la moitié des composantes normales qui compriment latérale

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