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la pratique qui est consignée dans l'ouvrage de M. Hope, car on cherche vainement les observations dans lesquelles ce moyen de diagnostic a été appliqué. Il ne faut donc le considérer que comme un moyen de diagnostic entièrement théorique, et ce qui doit nous confirmer dans cette idée, c'est l'achèvement du passage que nous venons de citer. Cette règle s'appliquera même aux insuffisances des valvules semi-lunaires, quoique ces bruits soient plus faibles et se prolongent moins dans les vaisseaux. Or il est bien évident que M. Hope construit ici sur l'hypothèse pure, car il nous apprend au commencement de l'article (p. 75), que les bruits d'insuffisance pulmonaire doivent être fort rares, puisqu'il n'en a pas trouvé un seul exemple, ni dans sa pratique, ni dans celle des au

teurs.

Il ressort des différents détails que nous venons d'aborder, qu'il est impossible de distinguer les affections des orifices du cœur par le siège des bruits normaux sur la région précordiale. C'est une vérité pénible à dire; mais il vaut cent fois mieux avouer toute l'incertitude de ses moyens, que de faire parade d'une précision factice, et de se préparer par conséquent des désappointements fréquents dans la pratique.

Si l'auscultation ne nous fournit pas des caractères pour distinguer les rétrécissements des orifices droits de ceux des orifices gauches, on peut trouver en dehors d'elle des moyens séméiologiques propres à établir cette distinction. C'est ainsi qu'on a d'abord le pouls veineux, qui résulte, comme nous le savons, du reflux du sang déterminé dans les veines, et surtout dans la jugulaire, par la contraction de l'oreille droite. Le pouls veineux est produit toutes les fois que l'oreillette éprouve de la difficulté à lancer l'ondée dans le ventricule, ce qui arrive, 1o quand il y a rétrécissement de l'orifice auriculo-ventriculaire; 2o quand le ventricule est déjà gorgé de sang par suite d'un rétrécissement des valvules pulmonaires ou simplement d'une asphyxie. Par conséquent, toutes les fois qu'avec un bruit anormal au premier temps, on observera la coïncidence

d'un pouls veineux, on sera fondé à diagnostiquer un rétrécissement des orifices droits du cœur.

MM. Barth et Roger ne manquent pas de mentionner le pouls veineux comme moyen auxiliaire de l'auscultation dans les affections valvulaires du cœur : je vais citer le passage où il en est question, parce qu'il exige quelques explications que je rendrai aussi courtes que possible. « En revanche, l'examen des grosses veines, et surtout des jugulaires, fournira, dans les altérations des orifices droits, des phénomènes que l'on n'observe point si la maladic réside à gauche. S'il y a rétrécissement et surtout insuffisance de la valvule tricuspide, le sang refluera dans les veines jugulaires. Le reflux coïncidera avec la systole ventriculaire dans le cas d'insuffisance, tandis qu'il aurait lieu au moment de la diastole s'il dépendait d'un rétrécissement. Mais ces reflux veineux se lient exclusivement aux altérations de l'orifice auriculo-ventriculaire, etc.» (p. 364.) Je ne pense pas, ainsi que je l'ai déjà fait observer (p. 292), que l'insuffisance des valvules auriculo-ventriculaires sur la production du pouls veineux soit positivement démontrée. Car il faudrait savoir si dans le cas où l'on a observé une coïcidence entre le pouls veineux et l'insuffisance, cette insuffisance n'était pas accompagnée d'un rétrécissement du même orifice, et si dès lors on n'aurait pas attribué à l'insuffisance ce qui résultait du rétrécissement. Quant à la distinction par laquelle les auteurs précédents croient pouvoir distinguer le pouls veineux de l'insuffisance de celui du rétrécissement, je ne sais jusqu'à quel point elle est fondée. On ne trouve nulle part un seul fait bien constaté de pouls veineux isochrone à la diastole, c'est à dire au second temps, d'après la théorie adoptée par MM. Barth et Roger. Avec cela on n'en conçoit pas la production, car où trouver, dans ce temps de relâche, une force capable de déterminer dans les veines cette brusque ondulation que produit le pouls veineux? Enfin, il est impossible d'admettre que les reflux veineux se lient exclusivement aux alterations de l'orifice auriculo-ventriculaire; car, si le

pouls veineux se produit dans les simples engorgements des cavités droites qui résultent de l'asphyxie, on est bien obligé de reconnaître qu'il s'observera également lorsque l'engorgement des cavités droites dépendra d'un rétrécissement de l'orifice pulmonaire. J'ai tenu d'autant plus à présenter ces réflexions sur le passage précédent de MM. Barth et Roger, que ces observateurs sont connus pour leur habitude de l'auscultation, et que leur opinion pourrait exercer de l'influence sur les esprits.

Puisque nous en sommes sur la question de distinguer les affections des orifices droits et des orifices gauches, je dois in diquer le moyen que l'on suit le plus habituellement pour faire cette distinction. Comme l'on sait que les lésions des orifices gauches sont incomparablement plus fréquentes que celles des orifices droits, on se prononce, dans les cas douteux, pour les orifices gauches, et l'on a vingt chances contre deux pour ne pas se tromper.

Là se termine ce que nous avions à dire sur la physiologie normale et pathologique du cœur. Pour résumer l'examen critique que nous avons fait des travaux publiés en Angleterre, on peut dire que ces travaux se réduisent aux faits suivants:

1o On a démontré qu'il y a un bruit de contraction musculaire dans le cœur ; mais ce bruit est particulier au cœur des animaux de grande taille, et même chez eux il n'est pas sûr qu'il traverse la paroi thoracique pour arriver jusqu'à l'oreille;

2o On a produit dans les valvules semi-lunaires des insuffisances artificielles qui donnaient lieu à des bruits anormaux, et on a ainsi confirmé par l'expérimentation ce que l'observation clinique avait appris ; mais on n'a pas démontré que le second bruit normal résulte de l'action de ces valvules. On n'a pas davantage démontré que le premier bruit normal est produit par l'abaissement et l'occlusion des valvules auriculo-ventriculaires, parce que, en empêchant l'action de ces valvules, on s'opposait en même temps à la libre impulsion du sang dans les ventricules, qui fait le bruit ;

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3. Quant à la succession des mouvements du cœur entre eux, elle n'a nullement été éclaircie par les expérimentateurs anglais; et cependant, comme je l'ai dit en commençant, la solution de cette question résout toutes les difficultés que l'on rencontre tant sur la forme ou la nature des mouvements, que sur le mode de production des bruits du cœur.

DE LA ROTATION DE L'OEIL SUR SON AXE;

Par M. HUECK, de Dorpat. (1).

Analyse par M. SEOKALSKI, D. M. P.

La connaissance anatomique des muscles obliques de l'œil date de l'enfance de la science. Cependant leur usage essentiel, et la part qui leur revient dans les phénomènes de la vision, ont été si peu connus et si mal appréciés jusqu'à présent qu'on est bien tenté d'avouer que cette intéressante partie de la physiologie n'a jamais été soumise à des recherches sérieuses et assidues.

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Nous nous sommes demandé plus d'une fois à quoi servent ces muscles; pourquoi la nature a déployé dans leur mécanisme tant de finesse, tant de perfection; pourquoi elle les a protégés avec tant de soins et de sollicitudes. Ne trouvant aucune réponse satisfaisante dans les ouvrages des auteurs que nous avons consultés à ce sujet, nous nous sommes mis nousmême à observer les faits, à calculer leurs rapports, à réfléchir sur leur but, et nous avons consigné enfin le résultat de nos expériences, de nos méditations, dans un mémoire que nous avons présenté à la Société médicale de Gand. Il paraît que par un hasard singulier M. le professeur Hueck de Dorpat a été frappé en même temps que nous de cette lacune de la science sous le rapport de l'action des muscles obliques de

(1) Die Achsendrehung des Auges. Dorpat, 1838.

l'œil, et qu'il s'est proposé comme nous d'en faire l'objet de ses recherches. Ce travail, dont nous avons pris connaissance dans les journaux allemands et que nous avons depuis approfondi avec autant de satisfaction que de profit, présente une telle ressemblance avec le nôtre qu'en donnant ici un résumé complet des résultats obtenus par M. Hueck, il nous semble que nous exposons notre propre cause et que nous ne faisons qu'apporter de nouvelles preuves à l'appui des opinions que nous avons déjà émises.

Avant de nous engager dans la question épineuse de l'action de ces muscles, jetons un regard sur leur anatomie que M. Hueck a considérablement enrichie par d'exactes dissections.

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Anatomie. Le muscle oblique supérieur est conformé avec un soin tout particulier; il commence par des fibres courtes et tendineuses au trou optique, en dedans de l'élévateur de la paupière et sur la partie supérieure de la paroi interne de l'orbite : il s'avance vers son angle interne, grossit au milieu de sa longueur, prend un aspect fusiforme, donne naissance à un tendon rond, et forme comme un cordon qui passe à travers un anneau attaché à l'os frontal dans l'angle interne de l'orbite. Cet anneau est constitué par une lame cartiJagineuse en forme de gouttière, dont les deux extrémités s'attachent à l'os au moyen de ligaments: il est un peu mobile d'avant en arrière, et son diamètre correspond exactement à l'épaisseur du tendon, sans cependant gêner la liberté de son jeu : il le facilite au contraire grace à la forme particulière du cartilage qui ressemble à un fragment de poulie. Après avoir traversé l'anneau, le tendon se recourbe en dehors et en arrière, de sorte qu'il forme avec sa direction primitive un angle de 54°, et se porte horizontalement vers la coque oculaire. A mesure qu'il s'en approche, il devient plus large et plus mince, passe sous le tendon du droit supérieur, ce qui a lieu sur le point le plus élevé du globe oculaire, se porte plus loin en dehors et en arrière, et vient s'attacher à la sclérotique envi

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