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que, et dans cette idée on a inutilement prodigué les médicaments mercuriels ou sulfureux. En lisant le tableau que Biett nous a donné du prurigo podicis, je ne puis croire qu'il n'ait aussi quelquefois méconnu l'inflammation des follicules vulvaires. Il dit en effet avoir observé une malade éprouvant, à la vulve, d'horribles démangeaisons accompagnées d'accidents nerveux, et même de la nymphomanie; cette région, examinée à la loupe, ne lui a rien fait découvrir (1). Or, peuton admettre l'existence d'un prurigo là où il n'y a pas de papules? Parmi les faits que j'ai recueillis et consignés à la fin de ce travail, il en est deux dans lesquels les symptômes ont eu la plus grande analogie avec ceux que Biett a signalés, et dont l'issue m'a prouvé que la maladie n'avait d'autre siège que les follicules vulvaires, d'autre cause que leur inflammation.

Il me reste maintenant à faire connaître le traitement que T'on peut opposer à cette maladie. L'expérience m'a démontré qu'il ne faut pas compter sur les applications extérieures, et que le seul moyen efficace consiste à détruire les organes affectés. Un stylet d'Anel, des ciseaux très fins et boutonnés, un crayon de nitrate d'argent, sont les objets nécessaires pour cette petite opération.

La malade étant convenablement placée, on introduit d'abord un stylet d'Anel dans la cavité du follicule qu'on reconnaît à sa direction oblique, à sa position superficielle, et à sa profondeur, qui varie entre 4 et 8 lignes ; puis, on en dilate l'entrée en exécutant avec l'instrument de légers mouvements de circumduction. Une des lames des ciseaux étant substituée au stylet, on la fait parvenir avec précaution jusqu'au fond du follicule; et, par un mouvement brusque, on divise la cloison membraneuse et mince qui sépare sa cavité de celle du vagin. La plaie étant de suite abstergée, on la cautérise, ainsi que la surface du follicule, ave le crayon de nitrate d'argent.

Cette opération, quoique douloureuse, ne provoque aucun

(1) Traité des maladies de la peau; par Cazenave et Schedel, p. 295.

accident sérieux. Il survient un peu de gonflement inflammatoire; les surfaces cautérisées suppurent, et se cicatrisent assez promptement. Mais souvent on voit persister quelques débris du follicule qui ont échappé, soit aux investigations du chirurgien, soit à l'action de l'instrument tranchant ou du caustique. Il faut les atteindre et les cautériser plus tard: la guérison ne saurait être complète, si le follicule n'est entièrement détruit.

Je pourrais facilement augmenter l'étendue de ce travail, en le faisant suivre des nombreuses observations que j'ai recueillies, pendant plusieurs années, à l'hôpital de l'Ourcine, à l'hôpital Beaujon et dans ma pratique particulière. Je me bornerai à rapporter quelques faits choisis parmi les plus remarquables. Je commence par le suivant, parce qu'il résume à lui seul toutes les erreurs de diagnostic auxquels la maladie peut donner lieu.

OBS. I. Une sage-femme me consulta au mois d'avril 1838, se croyant affectée d'un mal vénérien grave et invétéré; cinq ans auparavant, elle avait contracté une blennorrhagie et l'avait guérie rapidement par les moyens ordinaires. Mais depuis cette époque, elle éprouvait à la vulve des élancements très douloureux. Elle avait successivement consulté divers praticiens distingués de la capitale. Plusieurs lui avaient conseillé l'emploi des topiques sédatifs ou astringents; l'un, croyant à l'existence d'un prurigo de la vulve, avait prescrit des fumigations avec le soufre ou le cinabre; un autre enfin, craignant une cause syphilitique, avait administré un traitement par le deuto-chlorure de mercure et par les frictions. La malade elle-même s'était soumise plus tard à l'emploi de la tisane de Feltz et du chlorure d'or. J'explorai d'abord l'utérus à l'aide du spéculum et du toucher, et je le trouvai sain; il n'existait pas même de leucorrhée. La malade indiquait le côté droit de l'entrée du vagin comme le siège unique et constant de ses douleurs; j'examinai cette partie avec le plus grand soin, et après de longues recherches, j'aperçus deux orifices folliculaires très rapprochés, la pression du doigt y augmentait la douleur et déterminait la sortie d'un peu de mucosité opaline; le stylet d'Anel y pénétra à quatre lignes au moins de profondeur. Ces follicules furent incisés et détruits à l'aide de plusieurs cautérisations. Au bout de trois semaines, la malade était complètement guéric.

L'observation suivante montre l'inflammation d'un follicule vulvaire à son état de simplicité. Je la publie parce qu'elle est la première que j'ai recueillie; je l'avais consignée dans mes motes sous le nom de fistule vulvaire.

OBS. II. Clotilde Coissy, domestique, âgée de 27 ans, accoucha au mois de décembre 1834, et quelque temps après, allaitant un enfant né de parents infectés et couvert lui-même de pustules, elle fut affectée d'un ulcère au mamelon, pour lequel elle subit un traitement mercuriel à l'hôpital des vénériens. Plus tard elle contracta un écoulement et des pustules muqueuses, pour le traitement desquels elle fut admise de nouveau dans cet hôpital. Enfin, quelques mois après (1er avril 1836), elle entra à l'hôpital de l'Ourcine dans l'état suivant: écoulement {vaginal, petite ulcération arrondie, rouge, saillante, siégeant sur la petite lèvre gauche et reposant sur une base indurée; excoriation granulée du col, douleur à la vulve pendant la marche. Repos, bains, injections émollientes d'abord, puis alumineuses. Au bout de quinze jours, l'écoulement vaginal était tari, mais l'excoriation du col persistait, accompagnée d'un écoulement leucorrhéique abondant; l'ulcère saillant de la vulve s'était promptement cicatrisé à l'aide de quelques cautérisations. Cependant la malade souffrait toujours en marchant. Vers la fin d'avril et au commencement de mai, je cautérisai plusieurs fois le col utérin avec le nitrate d'argent, sans résultat.

A la fin de mai, la malade se plaignant toujours, j'examinai la vulve de nouveau, et je découvris enfin à l'entrée du vagin, en dehors des caroncules et à droite, une petite surface rouge, au centre de laquelle un orifice extrêmement étroit donnait issue à du pus. Un stylet fin y fut introduit et pénétra dans un trajet long de 4 à 5 lignes, obliquement dirigé en bas et en arrière sous la membrane

muqueuse.

Ce trajet fut divisé sur un stylet cannelé fin, et cautérisé avec le nitrate d'argent. Au bout de peu de jours, la petite plaie était cicatrisée, la malade n'éprouvait plus aucune douleur en marchant; et, chose remarquable, l'excoriation du col qui avait résisté à plusieurs cautérisations, disparut promptement, sans autre soin que des injections alumineuses.

L'observation suivante offre un exemple de la violence des démangeaisons provoquées par l'inflammation des follicules

vulvaires et de la prompte efficacité du traitement que je mets en usage.

OBS. III. Julie Lesage, âgée de 18 ans, contracta en 1837, à la suite de rapports sexuels, un écoulement blanc considérable; les règles, sans disparaître complètement, devinrent beaucoup moins abondantes et irrégulières. Bientôt elle fut prise de démangeaisons à la vulve qui parvinrent par degré à une intensité telle que la malade se déchirait à coups d'ongle et provoquait souvent ainsi un abondant écoulement de sang; ce symptôme augmentait beaucoup à l'époque de ses règles. Il durait depuis un an lorsque la malade fut admise à l'hôpital de l'Ourcine, le 6 juin 1838.

Le col de l'utérus est sain; il n'y a presque pas d'écoulement; les parties génitales externes n'offrent rien de bien apparent; seulement vers l'entrée du vagin existent de petits points rouges, analogues, par leur forme et leur couleur, à des piqûres de puce. Ce sont les orifices externes de follicules dont le trajet admet à peine un stylet d'Anel et dont quelques uns s'étendent à près d'un demi-pouce de profondeur. Le 7 juin, plusieurs de ces follicules sont fendus et cautérisés au côté gauche. (Bains, repos.)

Le 12 juin, démangeaison presque nulle du côté opéré, on réitère le même traitement du côté opposé.

Le 18 juin, nouvelles cautérisations.

Le 19, apparition des règles. Le 25, incision d'un embranchement folliculaire du côté gauche, qui avait échappé aux précédentes opérations.

Le 30 juin, prurit presque nul; petite incision et cautérisation à droite. Le 8 juillet, la malade sort complètement guérie.

Le fait suivant est un des plus curieux que je connaisse; il m'a été communiqué par M. Jacquart, élève distingué des hôpitaux. Je donne textuellement son observation.

OBS. IV. Madame T., âgée de 29 ans, d'une bonne constitution, quoique sujette aux flueurs blanches, se maria à 22 ans et devint enceinte presque immédiatement après son mariage. L'accouchement fut heureux et n'offrit rien de remarquable. Au bout de trois ans, elle conçut de nouveau, mais dans la première quinzaine de sa grossesse, elle commença à éprouver à la vulve des démangeaisons presque continuelles, à la suite desquelles elle se sentait mouillée par un liquide semblable à du blanc d'œuf, quoique plus filant. Ces déman

geaisons cessèrent trois mois avant l'accouchement et reparurent quelques mois après.

Mme T. devint enceinte pour la troisième fois, au mois de mars 1839: le prurit augmenta d'intensité. Le 4 mai, elle fit une fausse couche suivie d'accidents de métrite assez sérieux. Depuis lors elle ne cessa de souffrir. Elle éprouvait, disait-elle, des démangeaisons insupportables, des cuissons et des élancements à la vulve, quelquefois une constriction violente, une chaleur brûlante. Elle chercha, auprès de plusieurs de nos praticiens les plus distingués, quelque soulagement à son mal; mais ni les bains, ni les injections, ni les topiques d'aucune espèce, ni même la cautérisation de la vulve avec la solution de nitrate d'argent, ne produisirent aucun résultat. Bientôt son état s'aggrava, les douleurs devinrent continuelles, et, par instant, tellement violentes, que, si la malade se trouvait dans la rue, elle se réfugiait dans une allée pour se gratter, avec une sorte de fureur, jusqu'au sang. A ces douleurs se joignait souvent un orgasme vénérien des plus pénible. Elle fut enfin obligée de renoncer à toute occupation.

Elle devint mère, pour la quatrième fois en 1839, et ce changement d'état ne fit qu'aggraver ses souffrances. Elle réclama alors de nouveau le secours de l'art, mais sans plus de succès. Informé, à cette époque, par une de ses amies de ce qu'elle éprouvait, je pensai qu'elle pouvait être atteinte de l'inflammation des follicules vulvaires, maladie à la connaissance de laquelle j'avais été initié à l'hôpital de l'Ourcine par les recherches récentes de M. Robert, dont j'ai été l'élève interne dans cet hôpital. La malade se rendit chez moi, et j'eus la satisfaction de voir que je ne m'étais pas trompé. Le 5 janvier 1840, l'ayant examinée avec soin, je sondai, à l'aide d'un stylet très fin, deux follicules d'un demi-pouce au moins de trajet, situés sur les parties latérales et inférieures de la vulve, puis deux autres sur les côtés du méat urinaire. Pendant cette exploration, la malade accusait une douleur vive, et disait que c'était bien là le siège des démangeaisons et des élancements; dans tout autre point, quelque rapproché qu'il fût de l'orifice des follicules, le contact du stylet ne déterminait aucune sensation pénible. J'incisai les deux premiers follicules et l'un des deux autres avec de petits ciseaux droits, j'en cautérisai le trajet avec un crayon de nitrate d'argent. Des lotions avec de l'eau de guimauve furent conseillées pour calmer les dou= leurs de la cautérisation. Quatre jours après, je revis la malade; elle avait été bien soulagée ; cependant elle m'indiqua, avec le doigt, le follicule situé à la partie inférieure droite de la vulve, comme étant

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