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de sang assez considérable, qui correspondait à la paroi externe de la cavité de l'orbite, où existait une fracture de trois centimètres environ d'étendue. Le sang n'avait pas gagné encore le plancher inférieur, et la paupière supérieure seule était ecchymosée.

Cette observation est tout à fait conforme à ce que j'ai avancé jusqu'ici. Je dois dire cependant qu'elle ne contredit en rien l'observation faite par M. Velpeau, bien que la paupière supérieure fût seule ecchymosée. L'épanchement intra-orbitaire avait suffi pour colorer la conjonctive, mais il n'avait pas été assez considérable pour gagner le plancher inférieur et infiltrer la paupière correspondante. Si la supérieure contenait du sang dans son tissu, je serais plus volontiers porté à admettre qu'il provenait de la contusion qui siégeait au niveau de l'apophyse orbitaire externe, et que le mécanisme qui lui avait donné lieu avait été le même que celui que j'ai indiqué dans la première partie de ce travail. Il n'en est pas de même de la suivante que j'emprunte à l'ouvrage de M. Devergie qui la rapporte comme un cas d'ecchymose, sans du reste y attacher aucune distinction.

OBS. IX. Fracture de la voute orbitaire; ecchymose de la conjonctive oculaire et des paupières.-M. Devergie a fait l'autopsie d'un homme qui était tombé du quatrième étage : il existe plusieurs traces de contusion, notamment une au dessus de l'arcade surcilière droite. Les paupières de l'œil droit et principalement la paupière inférieure sont violacées. Une partie de la sclerotique de ce côté est aussi colorée.-Parmi les nombreuses fractures du crâne, la voute orbitaire du côté droit en présente une comminutive formée par quatre ou cinq fragments, etc. (A. Devergie, Médecine légale, t. II, p. 43.)

Nous retrouvons dans cette observation toutes les conditions indiquées pour faire diagnostiquer une fracture et un épanchement de sang dans l'orbite. La chute, la contusion qui siège au dessus de l'arcade orbitaire, indiquaient assez que la lésion ne dépendait pas d'une contusion directe du globe oculaire, d'un coup de poing par exemple. Comme dans l'observation précédente, l'injection de la paupière supérieure pouvait bien dépendre de la contusion du bord orbitaire; M. Devergie re

marque que la paupière inférieure était surtout ecchymosée. C'est là que l'observation de M. Velpeau trouve son application, et elle pourrait seule être invoquée si M. Devergie ne faisait remarquer que la sclérotique était colorée. Cette coloration de la sclérotique n'était autre chose qu'une infiltration de la conjonctive oculaire, laquelle provenait du sang abondamment épanché dans l'orbite, et qui consécutivement avait pénétré la paupière inférieure. S'il n'en avait pas été ainsi, n'aurait-on pas pu attribuer l'injection de la paupière inférieure à la cause qui avait produit celle de la paupière supérieure? Les exemples que j'ai cités sont assez nombreux pour les faire admettre, et il eût été inutile d'invoquer une fracture. Mais l'état de la sclérotique, et le pourtour de la conjonctive, ne pouvaient plus laisser de doutes sur un épanchement intra-orbitaire et dès lors sur une fracture de la base du crâne. L'autopsie l'a assez indiqué.

:

C'est ainsi que l'observation directe des faits vient confirmer des idées théoriques émises sur la conformation même des parties et chaque fois que l'anatomie normale servira de base à l'explication de nouveaux faits ou de nouveaux symptômes, nous ne craignons pas d'avancer que l'erreur sera rarement possible. Comme partout ailleurs quelques faits pourront bien, de loin en loin, paraître faire exception, mais l'immense majorité sera toujours vraie, et dès lors la règle sera acquise à la science.

Comme venant à l'appui des assertions que j'émets, je citerai encore une observation que je prends parmi celles dont M. le docteur Boinet a enrichi son mémoire sur les plaies de tête (Archives générales de médecine, mai 1837).

OBS. X. Fracture du crâne; injection de la conjonctive: Dans sa neuvième observation, M. Boinet rapporte l'histoire d'un homme qui fut trouvé sans connaissance et apporté à l'hôpital. Il ne présentait d'autre trace de lésion extérieure que la face couverte de sang et une large ecchymose avec tuméfaction des paupières, de la moitié inférieure du front et de la tempe gauche.

L'examen de la base du crâne fit voir une fracture récente, com

mençant au dessus de l'apophyse orbitaire externe gauche, longeant toute la partie postérieure de la voute orbitaire et venant se réunir sur la fosse pituitaire avec une autre fracture. Celle-ci s'étendait depuis la partie interne de l'arcade surcilière droite jusqu'à cette même fosse, en traversant ainsi l'ethmoïde et la portion du sphénoïde qui s'articule avec lui. Ces lésions expliquent d'une manière tout à fait satisfaisante l'épistaxis dont le malade fut pris au moment de son accident et l'infiltration de la conjonctive. Il n'y avait point d'épanchement sanguin entre les os et la dure-mère aux endroits correspondants à ces fractures, etc. >>

Comme l'indique fort bien M. Boinet, l'examen de la fracture rend parfaitement compte de l'infiltration de la conjonctive, et cependant cette infiltration n'est pas indiquée parmi les symptômes, elle semble n'avoir été notée qu'accidentellement; tandis que par le fait elle était un des plus précieux, et annonçait par sa présence les désordres graves dont ce malade était atteint.

Des réflexions et des observations précédentes il résulte :

1° Que l'épanchement sanguin qui se fait à l'extérieur du crâne dans le tissu cellulaire sous aponévrotique et en avant du plan transversal passant par le bord postérieur du pavillon de chaque oreille, peut apparaître à l'extérieur en déterminant dans les paupières une ecchymose qui ne s'observe ni dans le tissu cellulaire de la conjonctive, ni dans celui du globe oculaire ;

2° Que les corps qui agissent directement sur l'oeil et qui, par leur forme, sont susceptibles de la comprimer d'avant en arrière, peuvent rompre les vaisseaux capillaires environnants et donner lieu à une ecchymose de la conjonctive et des paupières ;

3o Enfin que lorsqu'il existe une fracture de la base du crâne qui se dénote à l'extérieur par une ecchymose due à l'infiltration du sang dans la cavité orbitaire, cette ecchymose apparaît d'abord sur la conjonctive oculaire, pour gagner consécutivement les paupières, ce qui toutefois n'a pas toujours lieu.

OBSERVATION DE GANGRÈNE SPONTANÉE DES CORPS CAVERNEUX, SUIVIE DE RÉFLEXIONS SUR cette affecTION;

Par M. RICHET, interne des hôpitaux.

J. L., cultivateur, âgé de soixante-quinze ans, ayant toujours joui d'une bonne santé, n'ayant jamais eu d'écoulements, ni de symptômes vénériens d'aucune espèce, fut pris subitement et sans cause connue, dans le courant du mois de juillet, d'une demiérection qui ne lui causait ni douleur, ni plaisir, et dont il ne s'inquiéta pas dans les premiers jours. Je dis sans causé connue, car, quelle que soit la manière dont on l'interroge, on ne peut lui rappeler une circonstance qui ait pu influer d'une manière quelconque sur le développement de sa maladie. Ainsi il n'a point reçu de coups, il n'a point fait de chutes sur le périnée. Sa femme et son fils qui l'ont amené, nous ont affirmé que, très sobre d'ordinaire, il n'avait point dérogé à ses habitudes de tempérance, et que, vivant et mangeant à leur table, on n'avait pu lui ingérer aucune substance étrangère (cantharide ou autre) dans ses aliments. Il assure ne s'être livré à aucun excès vénérien, ajoutant que d'ailleurs « il n'avait jamais été très fort sur cet article-là. » Voilà cependant une circonstance qui nous a paru mériter d'être rapportée; c'est que cet homme qui est pépiniériste à Vitry, s'est endormi, il y a un mois environ, pendant deux à trois heures et par une grande chaleur, à l'ombre d'arbres épais. Nous avons alors été aux renseignements pour savoir si des cantharides n'auraient pas été recueillies sur ces arbres ou aux environs, et nous n'avons obtenu qu'unc réponse négative.

Quoi qu'il en soit, cet homme resta ainsi une huitaine de jours sans trop s'occuper de ce qui lui était survenu. Mais peu à peu le pénis continuant à se gonfler, il survint de la pesanteur au périnée, de la chaleur au pénis, et c'est alors qu'il se décida à aller consulter à Bicêtre. Une application de quinze sangsues à l'anus fut prescrite à deux reprises, ainsi que des bains de siège et des cataplasmes, Quinze jours se passèrent ainsi, sans amélioration notable, lorsque le malade voyant que la maladie, loin de diminuer, semblait augmenter, prit la résolution de venir à Paris. C'est alors qu'il entra à

la maison de santé où il se présenta à nous avec les symptômes suivants :

Symptômes généraux. L'expression faciale est normale; cet homme qui n'a jamais éprouvé de plaisir pendant cette érection, ressent actuellement une grande pesanteur, et même de la douleur au périnée.

La peau est chaude, le pouls à 112, 116, est plein et dur; la langue est sèche, couverte d'un enduit jaunâtre, et la soif est ardente. Il ne peut la nuit trouver que quelques instants de sommeil. Symptômes locaux. La verge est énormément distendue, roide, et forme un angle droit avec l'abdomen; mais la distension ne porte que sur les corps 'caverneux, car le gland au devant d'eux semble comme flétri, il est ridé, ratatiné, et l'urèthre, son corps spongieux et bulbeux, présentent à peine un léger engorgement. La peau qui recouvre le pénis est rouge, luisante, œdémateuse; elle retient longtemps l'impression du doigt. Si on suit les corps caverneux, on observe que jusqu'au point où ils s'insèrent à l'ischion, ils sont gonflés, tendus et résistants.

L'émission des urines n'est que modérément gênée, mais non douloureuse, et depuis le commencement de la maladie (symptôme remarquable) cet homme n'a pas éprouvé de difficultés dans l'accomplissement de cette fonction. Seulement il urine un peu plus souvent qu'à l'ordinaire et en petite quantité à la fois, mais toujours sans douleur ni chaleur dans le canal. Les urines sont d'ailleurs très limpides. Les garderobes sont normales et régulières.

En explorant avec soin le périnée, on y sent une tension légère, et le malade accuse une vive douleur à la pression. Si on palpe la racine des corps caverneux, on distingue une fluctuation assez manifeste. Avant de se décider à tenter quelque chose, M. Monod, justement étonné de la singularité des antécédents et des symptômes de cette affection, appela.en consultation M. Hervez de Chégoin, et, après avoir scrupuleusement examiné le malade, il fut résolu de lui pratiquer une incision exploratrice à la base du corps caverneux du côté gauche où l'on sentait de la fluctuation et où on soupçonnait du pus. Il ne s'écoula par la plaie qu'un peu de sang noirâtre et visqueux. L'ouverture fut alors agrandie, et le doigt indicateur, porté dans la cavité, n'en ramena qu'une grande quantité de caillots dont quelques uns, ayant perdu leur matière colorante, ressemblaient exactement à ces caillots fibrineux que l'on rencontre souvent dans le cœur, et qui ont été pris quelquefois et décrits comme des polypes de cet organe. Cette opération terminée, le corps caver

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