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de l'art ou de la profession. Mais a-t-on bien pris ces précautions ? L'intérêt de la science et de l'art est-il aussi bien garanti que le proclame le préambule de l'ordonnance royale ? Nous en doutons pour notre part, tant qu'on laissera subsister le titre d'officier de santé. Nous n'hésitons pas à dire dès aujourd'hui que, sans cette suppression, ces écoles de second degré, devenues plus nombreuses, ne peuvent être et ne seront autre chose que des pépinières plus commodément ouvertes aux gens comme il n'y en a que trop qui, en s'inscrivant sur le registre d'une école, ne veulent qu'un titre pour exercer la médecine, et qui s'en tiennent à celui qu'on obtient le plus facilement. En un mot, si l'on n'abolit pas le titre d'officier de santé, ou si du moins on ne restreint pas dans certaines limites l'exercice de cette classe inférieure de praticiens, on ne retirera de la création de ces nouvelles écoles qu'un plus grand nombre de demi-médecins.

Un autre point qui ne nous paraît pas moins intéresser la science et devoir attirer l'attention du corps médical, c'est la nomination directe des professeurs des écoles préparatoires par le ministre. Nous savons très bien que partout où la loi se tait, le gouvernement sait la faire parler, et qu'il la fait parler à son avantage et profit; mais dans le cas présent, nous lui demanderons à quel signe il a reconnu la capacité professorale des médecins qu'il· a choisis dans chacune des villes où sont établies ses écoles; car il parait qu'on s'est bien gardé de les prendre ailleurs que dans la localité. Là, comme nous l'avons déjà dit en parlant pour la première fois du projet du gouvernement, dominent trop de considérations particulières et tout à fait étrangères à l'intérêt de la science et à la juste appréciation des personnes, pour qu'on doive être complètement rassuré sur ce choix. Il nous semble qu'il y avait quelque chose de mieux à faire que si le concours est reconnu bon pour nommer des agrégés de facultés, il peut l'être pour nommer des professeurs d'écoles secondaires, car il constitue une garantie. Que si, dans cette circonstance, on craignait de trop multiplier les fatigues des jurys de faculté, il fallait du moins utiliser ceux qui ont déjà prononcé, en donnant une juste extension au jugement de capacité qu'ils ont porté. Si l'on avait proposé quelques unes de ces chaires à des agrégés qui ont fait leur preuve, on eût encouragé les travailleurs; on eût, à l'avantage de la province, éloigné de Paris quelques uns de ces hommes intelligents qui consument leur vie à poursuivre une position qu'ils n'y peuvent avoir; on eût été fuste enfin.

BIBLIOGRAPHIE.

Leçons orales de cliniques chirurgicales, faites à l'hôpital de la Charité, par M. le professeur VELPEAU; deuxième volume, par M. JANSELME; troisième volume, par M. PAVILLON. (Chez Germer-Baillière.)

Nous ne savons en vérité comment rendre compte de ces deux volumes, qui ont pour titre commun Leçons orales de cliniques chirurgicales, faites à l'hôpital de la Charité, par M. le professeur Velpeau, et dont l'un est publié par M. G. Janselme et l'autre par M. Pavillon. L'an passé, en effet, M. Velpeau, à propos d'un pareil article d'analyse, nous écrivit « qu'il n'avait ni vu, ni voulu » voir aucune ligne du manuscrit de son éditeur; qu'aucun de ses >> articles ne lui était passé sous les yeux, et qu'enfin, il ne pouvait >> accepter ni l'honneur de ce travail ni sa responsabilité envers le » public. » De plus, une autre lettre qui nous fut écrite à la même époque, nous apprit que M. G. Janselme ne voulait pas être accouplé à M. Pavillon pour la rédaction de cet ouvrage. Aussi, dans l'impossibilité où nous sommes de faire cette analyse comme nous faisons les autres, nous ne nous livrerons à aucune critique des opinions de M. Velpeau, qui pourrait bien nous répondre que celles-ci ne sont pas siennes ; et nous aurons soin de traiter séparément le volume de M. Janselme et celui de M. Pavillon.

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A. Du volume de M. Janselme. Il renferme, 1° un Discours prononcé par M. Velpeau à l'ouverture de ses leçons cliniques, et qui a pour sujet : La manière d'utiliser son temps dans les hôpitaux; 2o un Mémoire sur les tumeurs blanches ou artropathies que nous avons lu déjà dans les Archives de médecine (année 1837); 3o un Mémoire sur les corps étrangers des articulations; 4o un Mémoire sur les maladies du sein chez la femme, travail en grande partie extrait de l'article mamelle du Dictionnaire de médecine (deuxième édition); 5° un mémoire sur l'ankylose, où sont consignés les essais de rupture faits par M. Louvrier; 6° deux longs mémoires sur les fistules vésico-vaginales, dont l'un est emprunté à la Médecine opératoire du professeur de la Charité, et dont l'autre n'est que la seconde édition d'un article déjà publié dans le journal l'Expérience, par son auteur, M. Janselme; 7° d'un Mémoire sur la

contusion, qui n'est que la reproduction écourtée d'une bonne thèse de concours, faite par M. Velpeau en 1833; 8° enfin deux autres Mémoires terminent le volume : l'un est relatif aux fractures et l'autre est un résumé clinique : telle est la substance du livre publié par M. Janselme. Nous n'avons rien à redire sur la manière dont il est rédigé ; nous nous permettrons seulement de lui reprocher de ne renfermer rien d'assez neuf pour exciter la curiosité du lecteur, et nous regrettons que les observations qui devraient faire le fond d'un pareil livre ne soient ni assez nombreuses, ni assez complètes,ni assez probantes pour être invoquées à l'appui de la partie dogmatique à laquelle elles sont trop sacrifiées.

B. Du volume de M. Pavillon. Celui-ci contient : 1o un Mémoire sur l'infection purulente que nous avions déja lu dans les Prolégomènes de la médecine opératoire; 2° de courtes Remarques sur la crépitation des tendons,sur les angines,sur les procidences de l'anus et sur le cancer des lèvres ; 3° un Travail sur l'adényte lymphatique, extrait d'un mémoire inséré dans Archives (année 1835); 4° sur une Tumeur du scrotum et sur les abcès iliaques; 5o un long Mémoire sur l'érysipèle, qui a été déjà publié en divers journaux ; 6o quelques courtes Observations sur les accidents du cathétérisme, sur la rétraction des doigts et sur la fistule à l'anus; 7° une Note sur les abcès fétides, extraite d'un travail publié dans le journal hebdomadaire, par un élève de M. Velpeau; 8° un article sur les Accidents produits par la dent de sagesse, emprunté tout entier au travail de M. Toirac sur le même sujet; 9° enfin, quelques observations sur les Abcès de l'anus et sur les nevrômes. Le volume se termine par un résumé des faits cliniques qui ont été observés à l'hôpital de la Charité, en 1839 et 1840.

Nous reconnaitrons volontiers que ce dernier livre répond mieux que le premier à son titre, que les observations y sont plus nombreuses, que les sujets y sont plus variés et plus pratiquement traités; mais nous ferons à tous deux le reproche grave de n'avoir aucun caractère d'authenticité; ils sont, il est vrai, composés de travaux pour la plupart extraits de publications faites par M. Velpeau, mais rien ne prouve au lecteur que ces extraits soient bien faits et qu'ils reproduisent exactement la doctrine du maître. A quoi bon publier une nouvelle édition de mémoires qu'on écourte, qu'on arrange à son caprice et qu'on additionne d'observations et de réflexions la plupart étrangères et peu dignes de l'auteur sous le nom duquel on les met. C'est évidemment le succès des leçons cliniques de Dupuytren, de cette indigne exploitation d'un grand nom, qui seul a pu

porter MM. Janselme et Pavillon à produire un pareil ouvra Mais ces auteurs ont oublié que Dupuytren avait peu écrit, et q le public ne pouvait aller chercher que dans les leçons de l'Hôt Dieu ses doctrines et son génie, tandis que pour M. Velpeau il n est pas ainsi; laissez donc dans les recueils où il les a déposés, travaux qu'il a faits, qu'il a développés comme il lui convenait de faire, et qu'il a signés de son nom, Ce sont là les seuls travaux a thentiques que les travailleurs iront consulter à leur source qua ils en auront besoin. Quant à vos contrefaçons, ils en feront to jours peu de cas ; et elles ne constitueront jamais que des livres médiocre valeur, qui encombrent sans profit la littérature médical et dont, à cause de cela, il est du devoir de la presse de ne pas e courager la publication,

Compendium de Chirurgie pratique, ou Traité complet de maladies chirurgicales et des opérations que ces maladie réclament, par MM, A. BERARD et DENONVILLIER, Paris, 1840 in-8,t. 1. 1 et 2o livraisons: chez Bechet et Labé.

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Après l'auteur qui soumet loyalement son œuvre à l'analyse de Journaux, le critique qui prenant sa tâche au sérieux, veut rendr un compte impartial de l'ouvrage qu'il vient de lire, est sans aucur doute l'homme dont la position offre le plus de difficulté, et celu qui s'impose volontairement la plus rude épreuve et la plus dure nécessité. C'est qu'en effet pour être complètement impartial un critique doit se mettre dans un certain état d'indifférence à l'égard des personnes et des choses et s'y tenir non seulement pendant le temps nécessaire à l'étude du livre qui lui est confié, mais encore pendant tout le temps qu'il consacrera à l'exposition sincère de l'opinion qu'il s'est faite de sa valeur ; il faut que jamais il ne transige avec la dignité de ses fonctions et qu'il se regarde toujours et partout comme un intermédiaire véridique entre l'auteur qui produit et le public qui achète. Faute de prendre de pareilles précautions et de se tenir ainsi en garde contre soi-même, que de fois n'arrive-t-il pas qu'on formule son jugement sous l'influence de préventions favorables ou défavorables auxquelles on a cédé à son insu. Un livre vient de paraître, il est d'un ami, d'un confrère honorable, d'un homme dont on n'a jamais eu qu'à se louer, le critique prenant un ton sévère ira-t-il traiter l'auteur en étranger? non sans doute, et se fût-il promis à lui-même de résister à la voix de l'amitié, aux instigations de la bienveillance, son style ne trahira pas ses inclinations; il s'adoucira, et l'homme qui rougirait, dans toute autre circonstance, d'une faiblesse que lui-même qualifierait peut-être de lâcheté, s'abandonne alors au sentiment naturel et bien doux de l'amitié et n'écrit plus que sous la dictée de son affection pour l'auteur. Le livre soumis à son examen est-il décidément mauvais, ne peut-il honnêtement en louer pi

le fond ni la forme, il se rejette sur les accessoires : le besoin de sa publication se faisant sentir, l'intention en est bonne, l'é– rudition choisie, le style élégant, l'impression soignée, etc.. etc. A-t-il à se prononcer sur un de ces ouvrages auxquels on ne trouve rien à reprendre et qui n'en sont pas meilleurs pour cela, il a le secret d'y découvrir quelques chapitres au dessus du médiocre, quelques vues heureuses qui échappent aux esprits les plus communs; il les rassemble avec art, les fait ressortir les unes par les autres, et au moyen d'adroites rélicences et d'utiles additions il parvient à donner de l'ouvrage une idée avantageuse. Il est des critiques qui quelquefois ne prennent pas ce soin eux-mêmes, ils en chargent l'auteur, et la besogne leur arrive toute faite. On conçoit que dans ce cas l'article est rédigé en conscience, et que la censure n'y prend pas un ton trop sévère. Voilà pourtant le secret de la majeure partie de ces éloges dont les journaux sont remplis et dont la répétition éhontée, constitue trop souvent et depuis trop longtemps déjà la critique littéraire médicale de notre époque, en flagrant délit de mensonge et de brigandage.

Eh bien, c'est pis encore, quand une prévention défavorable aux auteurs dirige le critique. Mais à quoi bon exposer ici ces faiblesses inhérentes à notre pauvre nature, et dont le critique n'est pas plus exempt que les autres hommes. Nous voulions seulement faire connaître à ceux qui nous lisent et à ceux dont nous analysons les ouvrages, comment nous entendons notre mission et par quels moyens nous cherchons à éviter les écueils qu'elle offre. Entrons de suite dans l'examen du Compendium de chirurgie pratique, que nous avons la ferme intention de faire en conscience dans cet article et dans quelques autres qui suivront :

C'est un fait avéré aujourd'hui, les Traités de Chirurgie, les Eléments, les Précis, les Dictionnaires ont fait leur temps: voici venir celui des Compendium; qu'est-ce qu'un Compendium ? L'Académie française déclare que ce mot, emprunté du latin, signifie abrégé. Cela est bon à savoir, car nous ne pouvons exiger de nos auteurs plus qu'ils ne promettent par le titre de leur ouvrage; c'est donc un abrégé de chirurgie qu'ils donnent et un abrégé de chirurgie pratique. Rendons-leur de suite la justice de reconnaitre qu'ils ont dépassé leur but et que leur abrégé pourrait à juste titre passer pour un traité complet, dont toutes les parties sont largement développées et dont l'ensemble n'est pas moins largement conçu. Le lecteur en jugera par l'exposition succincte du plan de l'ouvrage.

Rejetant l'ordre alphabétique adopté dans le Compendium de médecine de MM. Fleury et Monneret, ils ont préféré présenter les faits de la chirurgie et disposer leur matière dans un ordre méthodique. Cet ordre est au fond celui de Boyer, mais avec des modifications nombreuses dans ses coupes, mais avec des additions et des changements qui lui donnent une importance qu'il n'a pas dans cet auteur. Ainsi dans un premier chapitre qui forme une sorte d'introduction, on trouve des considérations générales sur la chirurgie, sur le rang qu'elle occupe parmi les sciences médicales, sur la manière dont elle doit être cultivée et pratiquée, sur les qualités

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