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lais, parlent aux générations des règnes qui les ont précédées ; dans les champs, les monuments sont plus simples, mais non moins utiles et moins durables: ce sont les arbres que le laboureur a plantés, qui parlent de lui à ses enfants, qui marquent la durée des âges. Lafontaine a dit dans la fable du Vieillard et des trois jeunes Hommes :

Mes arrière-neveux me devront cet ombrage.

(3) PAGE 242, VERS 12.

Et nunc omne tibi stratum silet æquor; et omnes
(Adspice) ventosi ceciderunt murmuris auræ :
Hinc adeò media est nobis via; namque sepulcrum
Incipit apparere Bianoris. Hic ubi densas

Agricolæ stringunt frondes...............

Ces tableaux respirent une douce mélancolie. Le silence qui règne dans les champs a quelque chose de triste; c'est presque le silence de la nuit : les vents se taisent, le fleuve semble endormi, et le tombeau de Bianor est le dernier point de vue du tableau. Cette vue du tombeau est plus convenable au sujet que la chanson adressée à Galatée.

Marmontel reproche aux bergers de Virgile de parler de calamités publiques, d'usurpations, de servitude; mais quand la guerre civile les dépouille, comment n'auraient-ils pas le droit de se plaindre? Leurs plaintes peuvent avoir quelque chose de plus touchant que le spectacle d'une vie toujours tranquille. Pour que l'esprit humain puisse sentir les charmes de la paix des champs, peut-être est-il nécessaire que cette paix paraisse quelquefois troublée dans les peintures de la vie pastorale. Les images riantes appartiennent sans doute aux bergeries, mais les idées tristes n'y sont pas toujours dé– placées. Quel charme ne trouve-t-on pas dans le Cimetière de campagne et dans le Village abandonné! L'idée du tombeau de Bianor n'est pas moins touchante ; l'esprit en est tendrement ému, et le sentiment de tristesse qu'on éprouve, n'est pas sans plaisir.

ÉGLOGUE DIXIÈME.

GALLUS.

EXTREMUM

1

XTREMUM hunc, Arethusa, mihi concede laborem ! Pauca meo Gallo, sed quæ legat ipsa Lycoris, (1) Carmina sunt dicenda : neget quis carmina Gallo? Sic tibi, cùm fluctus subterlabêre Sicanos, Doris amara suam non intermisceat undam! Incipe: sollicitos Galli dicamus amores, Dùm tenera attondent simæ virgulta capellæ. Non canimus surdis; respondent omnia silvæ

Quæ nemora, aut qui vos saltus habuêre, puellæ Naïades, indigno cùm Gallus amore periret? Nam neque Parnassi vobis juga, nam neque Pindi Ulla moram fecêre, neque Aonia Aganippe. Illum etiam lauri, illum etiam flevêre myricæ; (2)

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ECLOGA DECIMA.

GALLUS.

VIENS, préside, Aréthuse, à mes derniers concerts!

En faveur de Gallus accorde-moi des vers;
Des vers tels que le cœur, l'amitié les inspire,
Et tels que Lycoris et les lise, et soupire;
Dicte-les peu nombreux, mais dignes de Gallus.
Gallus un nom si cher doit-il craindre un refus?
Ainsi puissent tes flots, sous les mers de Sicile,
Obtenir, toujours purs, un cours libre et facile,
Et braver, au milieu de cent fleuves surpris,
L'onde amère, et les vents de l'antique Doris !
Vers ces jeunes bourgeons quand mon troupeau s'empresse,
De Gallus amoureux déplorons la tristesse !
Commence : à nos accents rien n'est sourd dans les bois;
Ici tout est sensible et répond à ma voix.

Quel antre ténébreux, quelle forêt secrète,
Jeunes vierges des eaux, vous servit de retraite,
Quand d'un aveugle amour indignement charmé,
Gallus, de ses tourments périssait consumé ?
Non, non, d'Aganippé la source enchanteresse,
Les torrents d'Hippocrène, ou les flots du Permesse,
Les vallons d'Aonie et ses monts radieux,

N'arrêtaient point vos pas, n'attiraient point vos yeux :

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