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Necte tribus nodis ternos, Amarylli, colores;

Necte, Amarylli, modò; et, Veneris, dic, vincula necto. Ducite ab urbe domum, mea carmina, ducite Daphnin.

Limus ut hic durescit, et hæc ut cera liquescit Uno eodemque igni; sic nostro Daphnis amore. Sparge molam, et fragiles incende bitumine lauros. Daphnis me malus urit; ego hanc in Daphnide laurum. Ducite ab urbe domum, mea carmina, ducite Daphnin.

Talis amor Daphnin, qualis cùm fessa juvencum Per nemora atque altos quærendo bucula lucos, Propter aquæ rivum viridi procumbit in ulvâ Perdita, nec seræ meminit decedere nocti ; Talis amor teneat, nec sit mihi cura mederi. Ducite ab urbe domum, mea carmina, ducite Daphnin.

Has olim exuvias mihi perfidus ille reliquit, Pignora cara suî, quæ nunc ego limine in ipso, Terra, tibi mando: debent hæc pignora Daphnin. Ducite ab urbe domum, mea carmina, ducite Daphnin.

Has herbas, atque hæc Ponto mihi lecta venena,
Ipse dedit Moeris : nascuntur plurima Ponto.
His ego sæpè lupum fieri ac se condere silvis
Morim, sæpè animas imis excire sepulcris,

>> Que chacun des rubans sous trois nœuds se resserre; >> Mais, en formant ces nœuds, répète, à ma prière : >> Doux liens de Vénus, ainsi je vous unis! »

» Charmes de mes accents, guidez vers moi Daphnis ! » Sous le vent des soufflets le même feu docile

>> Fait bouillonner la cire et fait durcir l'argile :

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Ainsi, grâce à l'Amour, que ton cœur sous ma loi, >> Pour tout autre endurci, s'attendrisse pour moi! >> Mais couvrons ces lauriers de flamme et de bitume; >> Oui, tel que ces lauriers, que son cœur se consume, >> Et qu'il sente une fois les feux dont je péris! » Charmes de mes accents, guidez vers moi Daphnis ! >> Lasse enfin d'appeler, dans sa vaine poursuite, » Le taureau vagabond qui l'entraîne à sa suite, >> La génisse amoureuse, errante aux bords des eaux, >> Succombe, et sans espoir elle fuit le repos; >> C'est en vain que la nuit sous nos toits la rappelle. » Puisse un même tourment poursuivre l'infidèle ! >> Et puissé-je à mon tour lui rendre ses mépris! >> Charmes de mes accents, guidez vers moi Daphnis ! >> Quoi! je vous garde encor, dépouilles d'un perfide! >> O terre! dans ton sein que ce gage réside;

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› C'est par lui qu'à mon cœur son retour est promis. » Charmes de mes accents, guidez vers moi Daphnis ! » Il me résiste en vain : Moeris m'a fait connaître » Les végétaux puissants que le Pont seul voit naître ; >> J'ai vu, par leur secours, Moris plus d'une fois, >> Sous la forme d'un loup s'enfoncer dans les bois; >> Je l'ai vu des tombeaux réveiller la poussière, » Et d'un mot, enlevant une moisson entière,

Atque satas aliò vidi traducere messes.

Ducite ab urbe domum, mea carmina, ducite Daphnin.

Fer cineres, Amarylli, foras; rivoque fluenti Transque caput jace; ne respexeris. His ego Daphnin Aggrediar: nihil ille deos, nil carmina, curat.

Ducite ab urbe domum, mea carmina, ducite Daphnin.

Adspice: corripuit tremulis altaria flammis Sponte suâ, dùm ferre moror, cinis ipse : bonum sit ! Nescio quid certè est ; et Hylax in limine latrat. Credimus? an qui amant, ipsi sibi somnia fingunt? Parcite, ab urbe venit, jam parcite, carmina, Daphnis.

> Enrichir d'autres champs de ses flottants épis.

» Charmes de mes accents, guidez vers moi Daphnis !

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Emporte, Amaryllis, jette, mais en arrière,

>> Ces lauriers consumés, cette cendre légère,

» N'arrête point sur elle un profane regard;

» Va, plus haut que ton front qu'elle vole au hasard; Que l'onde la reçoive et qu'un torrent l'entraîne : >> Par un charme nouveau j'attaque ainsi ta haine, Ingrat! je crois te voir m'insulter par des ris! » N'importe: mes accents, guidez vers moi Daphnis! >> Demeure; se peut-il que mon art le rappelle? » De quels feux rayonnants cette cendre étincelle! » De lui-même enflammé l'autel brille!... O bonheur ! » Quel bruit inattendu fait palpiter mon cœur!

» A ma porte arrêté, j'entends son chien fidèle;

>> Je tremble: oh! de l'Amour est-ce une erreur nouvelle? » Des songes tant de fois trompent les cœurs épris! » Mais non; charmes puissants, cessez; je vois Daphnis! »

REMARQUES

SUR L'ÉGLOGUE HUITIÈME.

CETTE huitième églogue est divisée en deux parties. La première contient les plaintes d'un berger qui gémit sur l'infidélité de Nise; dans la seconde, le poëte décrit des cérémonies magiques employées par une femme pour rappeler son amant.

Les anciens ne pensaient pas que l'amour fût nécessaire à l'églogue, mais il ne l'en avaient point banni: l'amour sied bien à la vie tranquille et oisive des bergers; le goût exigeait cependant que l'amour dans les bergeries fût une passion et un sentiment vrai, comme on le voit dans cette huitième églogue. C'est une vérité que n'avaient point sentie les modernes. A l'imitation de Sannazar, ils avaient introduit la galanterie dans la pastorale; ils n'avaient pas songé que la galanterie n'est point l'amour, et qu'elle ne s'allie point aux mœurs simples des bergers.

Ils ne s'en tinrent point là; ils prêtèrent à la galanterie le jargon d'une métaphysique ridicule. La Diane de Montemajor, la Diane de Sidney, le Pastor fido du Guarini, achevèrent de corrompre les esprits et de faire tourner toutes les têtes. La contagion s'étendit à la littérature française qui n'avait point encore de modèles, et l'Astrée vint à son tour peupler nos forêts de personnages imaginaires. Tous les vrais sentiments furent dès-lors comme exilés des bergeries, et l'on ne trouva plus rien de naturel dans le genre qui semblait le plus se rapprocher de la nature. Ces travers littéraires étaient sur le point de passer dans les mœurs; la mode était presque venue de se faire berger, comme on se faisait chevalier. Le mar

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