་ Fortunate puer, tu nunc eris alter ab illo. Nos tamen hæc quocumque modo tibi nostra vicissim Dicemus, Daphninque tuum tollemus ad astra ; Daphnin ad astra feremus : amavit nos quoque Daphnis. MOPSUS. An quidquam nobis tali sit munere majus? MENALCAS. Candidus insuetum miratur limen Olympi, (5) Ulla dolum meditantur : amat bonus otia Daphnis. Intonsi montes; ipsæ jam carmina rupes, Sis bonus ô felixque tuis! en quatuor aras; Et multo in primis hilarans convivia Baccho, (7) Mopsus au premier rang suivra de près son maître : MOPSUS. Quelle offre en cet instant me plairait davantage? " Daphnis, brillant de gloire, est admis dans les cieux; Déjà roule à ses pieds le torrent des nuages: » Le dieu Pan, les forêts, leurs dryades sauvages, Applaudissent ensemble à ses destins nouveaux. Daphnis aime la paix, et la donne aux troupeaux : › Loin des loups dévorants, loin d'un piége perfide, » Le cerfest rassuré, la brebis moins timide. » Des jours de l'âge d'or il nous rend la candeur : >> Oui, les bois et les monts proclament son bonheur. » Il semble de ces mots que l'écho retentisse : » C'est un dieu ! c'EST UN DIEU! que ce dieu soit propice! >> Tu vois ces quatre autels; deux te sont réservés, Daphnis, et pour Phébus deux autres élevés. Là, d'une huile onctueuse et d'un nouveau laitage, »Tu recevras l'offrande, et, devant ton image, » L'été sous un berceau, l'hiver près d'un foyer, » L'ivresse des festins viendra se déployer. Hæc tibi semper erunt, et cùm solennia vota Quæ tibi, quæ MOPSUS. tali reddam pro carmine dona? Nam neque me tantùm venientis sibilus austri, Nec percussa juvant fluctu tam littora, nec quæ Saxosas inter decurrunt flumina valles. MENALCAS. Hâc te nos fragili donabimus antè cicutâ ; MOPSUS. At tu sume pedum, quod, me cùm sæpè rogaret, >> Ils renaîtront pour toi, ces concerts et ces fêtes, Lorsqu'alentour des champs conjurant les tempêtes, » Nos hymnes solennels invoqueront Palès, » Et lorsque l'eau sacrée arrosant nos guérets, >> Tant que l'ours dans nos bois cherchera les hauteurs, » Et nos vœux exaucés commander nos tributs. » MOPSUS. Du charme que j'éprouve, oh! quel sera le gage! MÉNALQUE. Accepte, le premier, cette flûte champêtre ; MOPSUS. Le présent d'un berger doit être sa houlette; Mais tes vers ont des droits que n'a point la beauté. REMARQUES SUR L'ÉGLOGUE CINQUIÈME. CETTE églogue, dit M. l'abbé Batteux, est toute dramatique; elle commence par un dialogue de deux bergers, qui ensuite font chacun leur récit; le style est partout vraiment pastoral Cependant on peut y distinguer trois espèces de nuances : la première dans le dialogue ou entretien familier de deux acteurs qui ne se montrent que comme bergers, c'est le ton de la comédie pastorale; les deux autres nuances sont dans les récits où les bergers se montrent non-seulement comme bergers, mais comme bergers poëtes, et par conséquent inspirés. Ils ont un ton plus élevé que dans ce qui précède; le premier récit a le ton de l'élégie, le second tient du lyrique. (1) PAGE 146, VERS 5. Sive sub incertas zephyris motantibus umbras. Ce vers descriptif est charmant; on y voit le zéphyr qui balance les feuilles, et l'ombre incertaine qui s'éloigne ou s'avance au gré du zéphyr. Segrais a cherché à rendre l'image de Virgile : Un zéphyre plus lent agite les roseaux. mais on ne trouve ici ni l'épithète incertas, ni l'expression. pittoresque motantibus, qui donnent tant de vie et de mouvement à ce petit tableau. (2) PAGE 148, VERS 7. Exstinctum nymphæ crudeli funere Daphnia |