Billeder på siden
PDF
ePub

Incipe, parve puer : cui non risêre parentes,

Nec deus hunc mensâ, dea nec dignata cubili est.

Ce vers, incipe, parve puer, etc., est plein d'une douce mollesse; il a quelque chose des caresses de l'enfance; on peut le comparer avec ces vers charmants de Catulle :

Torquatus, volo, parvulus

Matris è gremio suæ
Porrigens teneras manus

Dulce rideat ad patrem
Semihiante labello.

On s'est étonné que Virgile ait fait porter un enfant dans le sein de sa mère jusqu'au dixième mois; tous les commentateurs ont cherché à l'expliquer; la tâche était difficile, et leurs explications n'ont point détruit la difficulté. Le dernier vers présente aussi quelque obscurité, et a été expliqué diversement. Nous croyons que les mots deus et dea doivent s'entendre des personnages qui composaient la famille d'Auguste.

Les noms de dieu et de déesse sont facilement prodigués par les poëtes. A la cour des empereurs romains, la louange avait aussi son merveilleux, et ceux qui flattaient alors les maîtres du monde, n'avaient aucune peine à se faire entendre.

Nous pourrions rappeler ici quelques-unes des églogues latines qui ont été faites sur la naissance de Jésus-Christ, et les comparer avec cette quatrième églogue de Virgile; mais le parallèle nous entraînerait beaucoup trop loin. Le chantre de Marcellus conserve partout la supériorité; nous dirons cependant qu'un homme de génie aurait pu l'égaler, et même le surpasser dans un si beau sujet.

Il est fâcheux qu'à la renaissance des lettres, les poëtes n'aient pas donné à l'églogue l'esprit et les couleurs de la religion chrétienne. La Bible aurait offert une foule de sujets à la Muse champêtre. Les bergeries des anciens n'ont rien de plus simple et de plus touchant que le mariage de Jacob, la pauvreté de Ruth, l'histoire de Joseph, Moïse sauvé des

eaux, etc. Quelques-uns de ces sujets ont été, dans notre siècle, traités avec quelque talent, et toujours avec un grand succès; on trouve dans le Paradis perdu plusieurs morceaux que le genre bucolique pourrait réclamer, et les amours d'Adam et d'Ève ont été regardés, avec quelque raison, comme une pastorale sublime.

La majesté des Écritures a quelque chose de simple qui s'allie très-bien à l'esprit de la Muse champêtre; la religion chrétienne est née, pour ainsi dire, au milieu des bergers, et elle a conservé dans son langage beaucoup d'expressions tirées de la langue des bergeries. Le bercail sert à désigner le sein de l'église; les brebis désignent souvent les fidèles ; les chefs de l'église sont appelés des pasteurs.

Il nous semble donc qu'on pourrait encore faire des églogues régulières. Quel sujet plus intéressant et plus fécond, pour les poëtes bucoliques, que le retour du pasteur dans sa paroisse? Que d'images douces et attendrissantes s'offriraient au pinceau du poëte! Les longs malheurs du rustique Fénélon, le génie de la persécution vaincu, les autels relevés; tous ces tableaux appartiennent à la Muse pastorale; ils sont dans nos mœurs; ils plairaient à tous les gens de goût; il ne nous manque qu'un grand poëte pour les traiter.

ECLOGA QUINTA.

MENALCAS, MOPSUS.

MENALCAS.

CUR non, Mopse, boni quoniam convenimus ambo,
Tu calamos inflare leves, ego dicere versus,
Hic corylis mixtas inter considimus ulmos?

MOPSUS.

:

Tu major tibi me est æquum parere, Menalca;
Sive sub incertas zephyris motantibus umbras, (1)
Sive antro potiùs succedimus: adspice ut antrum
Silvestris raris sparsit labrusca racemis.

MENALCAS.

Montibus in nostris solus tibi certet Amyntas.

MOPSUS.

Quid, si idem certet Phoebum superare canendo?

MENALCAS.

Incipe, Mopse, prior; si quos aut Phyllidis ignes,
Aut Alconis habes laudes, aut jurgia Codri.
Incipe pascentes servabit Tityrus hædos.

[graphic]
« ForrigeFortsæt »