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n'eût que deux ans; il falloit le tuer d'une certaine façon; il falloit qu'après l'avoir criblé de coups la peau ne fût pas seulement entamée. Si vous aviez omis une seule de ces conditions, et que l'expérience ne réussît pas, ce n'étoit pas le prodige qui manquoit, mais c'étoit vous qui manquiez au prodige. Observez encore que ce merveilleux secret venoit d'Égypte, c'est-à-dire d'un pays livré aux superstitions les plus grossières, et où la crédulité des peuples n'étoit égalée que par l'imposture des prêtres.

(47) Près d'elle en ce moment les nymphes de sa cour...

Il y a dans ce morceau plusieurs vers remplis de noms propres. J'ai pris la liberté, à l'exemple de Dryden, d'ajouter quelque épithète ou quelque dénomination à chaque nom de nymphe.

(48) Contemple le berceau de cent fleuves naissants.

Platon, dont Virgile avoit saivi le système dans ses vers, pose que toutes les rivières prennent leur source dans une vaste caverne que les poëtes appellent barathrum. Le Phase et le Lycus sont deux fleuves fameux de l'Arménie, qui vont se rendre dans la mer Noire. L'Énipée est une rivière de

Thessalie. Le Tibre est assez connu. L'Anio est une rivière d'Italie. L'Hypanis arrose la Scythie. Le Caïque prend sa source dans la Mysie. L'Eridan, autrement le Pó, est un grand fleuve d'Italie. Virgile, selon l'usage des poëtes lorsqu'ils parlent des fleuves, lui donne des cornes.

(49) Invoquons l'Océan, le vieux père du monde.

Ici Virgile suit le système de Thalès, qui attribuoit à l'élément de l'eau la formation de l'univers.

(5o) Protée, ô mon cher fils, peut seul finir tes maux.

Toute cette fable de Protée est une imitation d'un morceau de l'Odyssée.

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(51) Pallène est sa patrie.

Pallène est une péninsule de la Macédoine.

(52) Un jour tu poursuivois sa fidéle Eurydice.

On peut comparer ce morceau avec celui d'Ovide sur le même sujet; on sera surpris de la différence énorme qu'il y a entre l'un et l'autre. Ovide, qui traite si bien, en général, la partie du sentiment, n'est dans ce morceau qu'un bel esprit versificateur. Le discours qu'il fait tenir à Orphée est plein de mauvais goût; toute la narration est longue et lâche. Dans tout le morceau de Virgile, il n'y a pas un mot qui ne tende à l'effet; et j'avoue que c'est de toutes les Géorgiques l'endroit qui m'a le plus coûté à traduire.

(53) Telle, sur un rameau, durant la nuit obscure...

J'ai déja fait remarquer que les comparaisons des anciens n'étoient ni aussi ingénieuses, ni aussi brillantes, ni aussi justes que les nôtres; mais qu'elles étoient plus poétiques, plus sensibles, plus pittoresques. Celle-ci en est une nouvelle preuve. Il n'y a pas grand esprit à comparer Orphée pleurant sa femme au rossignol pleurant ses petits; la comparaison n'a pas même beaucoup de justesse. Qu'est-ce donc qui en fait le charme? c'est que le fond en est touchant; c'est que les idées accessoires sont charmantes; c'est que l'harmonie des vers est enchanteresse. Pour me conformer au génie de notre langue, qui n'aime point les comparaisons à longue queue, j'ai transporté au commencement ce qui est à la fin, et j'ai terminé la comparaison par l'idée touchante que renferme le mot implumes.

(54) Lorsque César, l'amour et l'effroi de la terre,

Faisoit trembler l'Euphrate au bruit de son tonnerre.

Ces vers prouvent que Virgile retoucha ses Géorgiques. toute sa vie. L'époque dont il s'agit ne précède sa mort que

d'un an. Auguste commandoit alors ses armées en personne sur les bords de l'Euphrate, et forçoit Phraate de rendre les aigles romaines que les Parthes avoient arrachées à Crassus.

FIN DES NOTES.

VARIANTES

DU LIVRE PREMIER.

PAGE 3, VERS 1.

Je chante les moissons, les fertiles vergers, Et l'art du vigneron, et les soins des bergers, Et le nectar brillant que l'abeille nous donne: C'est l'ami de César, c'est le mien qui l'ordonne. Astres majestueux qui mesurez les ans; Cérès, qui fis à l'homme abandonner les glands, etc.

IBID., VERS 5.

Astres majestueux, qui, dans votre carrière,
Nous dispensez les ans, nous versez la lumière;
Cérès qui fis à l'homme abandonner les glands
Pour ces épis dorés qui couronnent nos champs;
Bacchus, dont le nectar teint les eaux des fontaines;
Faunes, Nymphes des bois et des monts et des plaines;
Venez, inspirez-moi: je chante vos bienfaits.
Pallas, qui nous donnas l'olive de la paix;
Neptune, qui d'un coup du trident redoutable,
Fis sortir de la terre un coursier indomptable;
Vous, jeune dieu de Cée, ami des sombres bois,
Dont vingt troupeaux choisis reconnoissent les lois;
Pan, qui sur le Lycée....

PAGE 5, VERS 28.

Et prélude par eux au bonheur des humains.

IBID., VERS 29.

Quand l'aimable printemps chasse l'hiver affreux,

Et lorsque, amolissant les humides campagnes,
Les zéphyrs font couler la neige des montagnes;
Qu'à travers les guérets le taureau gémissant,
lent et tardif traîne le soc luisant.

D'un pas
Avide laboureur, veux-tu voir l'abondance
Couvrir tes champs féconds d'une moisson immense?
Laisse-les, deux hivers, deux étés, en repos;

Tes greniers crouleront sous leurs riches fardeaux.

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Le sage laboureur, pour la rendre fertile,
Souvent sur sa surface allume un feu brillant,
Qui dévore aussitôt le chaume petillant;
Soit qu'elle en tire un sel et des forces cachées;
Soit qu'à son sein brûlant les flammes attachées
D'un terrain vicieux corrigent les humeurs,
En faisant transpirer les malignes vapeurs ;
Soit plutôt que du feu les ardeurs pénétrantes
Ouvrent mille conduits, qui, dans les jeunes plantes,
De leur sol nourricier portent le suc heureux;
Soit qu'enfin, resserrant un fond gras et poreux,
Aux froides eaux du ciel, au souffle de Borée,
Au soleil dévorant il en ferme l'entrée.

PAGE 13, VERS 7.

L'impure exhalaison infecte au loin les airs.

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