pour leur propre espèce: car, selon les expériences de Fontana, la vipère ne périt pas de sa morsure empoisonnée; et le polype ne digère point ses bras, s'il les avale. Tel poison qui n'a pas tué l'animal n'est pas toujours décomposé par ses sucs digestifs ; il passe au travers de son économie, encore sans altération, et reste capable d'agir par ses qualités vénéneuses: c'est ainsi que le lait d'une chèvre frictionnée de mercure ou nourrie d'herbes purgatives conserve des propriétés de ces substances, et que l'urine des Tartares, qui s'enivrent avec l'Agaricus muscarius, devient encore une boisson enivrante pour leurs domestiques koriaques. Ne serait-ce pas d'après les spécificités des virus ou des germes de maladies contagieuses appropriés à chaque organisme, que la syphilis, la variole, la vaccine, inoculées à plusieurs espèces de mammifères, ne se sont développées que chez quelques-unes et jamais en d'autres? que la rage, transmissible à des ruminans par inoculation, ne passe point de ceux-ci aux carnivores, chez lesquels elle prend naissance communément? que les affections épizootiques de l'espèce bovine n'atteignent pas les espèces équine ou porcine, habitant la même étable, et réciproquement les contagions qui font périr les chiens et les chats n'attaquent ni les herbivores, ni les oiseaux de basse-cour, etc.? D'autres fois, des maladies pestilentielles gagnent de l'homme aux brutes sans que la réciprocité ait lieu pour l'ordinaire. animal. (Meckel, Archiv. fuer physiolog, juillet-septembre 1829, pag. 271.) Toutefois, Fontana et M. Wagner soutiennent que les vipères n'ont pas de morsure délétère pour elles-mêmes. (Fontana, sur la Vipera Redi, dit cependant qu'elle ne se mord pas spontanément.) Tout manifeste donc la nécessité des aptitudes et de semblables susceptibilités, ou des mêmes conditions de l'organisme, pour recevoir des impressions correspondantes ou pareilles du même genre de venin. C'est ainsi que des cantharides n'agissent pas sur le cuir épais d'un maniaque insensible à la rigueur de l'hiver, tandis que la peau délicate d'une femme en est d'abord excoriée. Enfin, c'est au degré plus ou moins vif de l'attention ou de la sensibilité des organes pour les poisons qu'on doit rapportersité des impressions qu'ils déter minent. Ainsi, l'état de l'appareil nerveux, non moins que la structure des parties, peut neutraliser ou modifier singulièrement l'action la plus énergique des poisons. Par cette même cause, l'homme étant doué d'une sensibilité plus profonde que les autres animaux, il est en proie à un plus grand nombre de substances malfaisantes ou plus dominé par l'énergie pernicieuse des poisons, comme par la violence de plusieurs médicamens; aussi les Hottentots, les hommes robustes des pays froids dont le système nerveux est engourdi, subissent moins fortement leur action. Il n'y a néanmoins des spécificités pour notre race qui n'éprouve pas les mêmes accidens de toute substance que d'autres espèces d'animaux. Article deuxième. Avant de poursuivre les développemens de ce travail, il importe d'éclaircir la proposition fondamentale qui est devenue l'objet d'une discussion; en effet, c'est sur elle que reposent toutes les conclusions de mon mémoire. Il s'agit de détruire les objections qu'on m'a opposées, en niant que les poisons minéraux agissent toujours en qualité de désorganisateurs des tissus vivans. Et d'abord, les faits démontrent que, si plusieurs sub COLOMBAT, docteur en médecine. GOURAUD, médecin à Tours. HERVEZ DE CHEGOIN, membre adjoint de l'Académie royale de Médecine. LARREY, chirurgien en chef de l'hôpital du Gros- LISFRANC, chirurgien en chef de la Pitié. TAVERNIER, secrétaire-général de l'Athénée de PATHOLOGIE INTERNE. ALLONNEAU, médecin de l'hôpital de Thouars. AUDOUARD, médecin des hôpitaux militaires de Paris. BEAUDE, Inspecteur des Établissemens d'Eaux minérales de Paris. COLLINEAU, membre adjoint de l'Académie royale de Médecine. COUTANCEAU, médecin du Val-de-Grâce GODELLE, médecin de l'Hôtel-Dieu de Soissons. ITARD, médecin de l'hospice des Sourds-Muets. FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE, Journal de Clinique DE L'HOTEL-DIEU, DE LA CHARITÉ, ET DES GRANDS HOPITAUX DE PARIS; ET Nouvelle Bibliothéque médicale; PAR MM. BAYLE, CAYOL, MARTINET, RÉCAMIER. 1831. TOME TROISIÈME. A PARIS, LIBRAIRIE GABON, A MONTPELLIER, MÊME LIBRAIRIE. |