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Il est d'autres héros qu'il te faudrait chanter: Pour la France et Louis tu monterais ta lyre; Et, rangés près de toi, sans pouvoir imiter Ton aimable et docte délire,

Nous pourrions au moins t'écouter.

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NOTES

SUR L'ÉPITRE AUX MANES. DE VOLTAIRE.

Page 66, vérs 4.

J'ai voulu rappeler la Melpomène antique;
Et, dans les premiers jours de notre liberté,
J'attachai sur son front, avec quelque, fierté,
La cocarde patriotique.

Non pas en composant la tragédie de Charles IX, qui était faite depuis long-temps; mais en ajoutant au rôle du chancelier de l'Hôpital seize vers, où il prédit la révolution.

Page 66, vers 8.

J'ai servi les beaux-arts, j'ai vengé mes rivaux;

Avant la révolution du mois de juillet, dans mon écrit sur la liberté du théâtre; depuis cette révolution, dans plusieurs ouvrages, où j'ai attaqué avec énergie toute espèce de censure; mais surtout dans ma tragédie de Charles IX, qui a brisé pour jamais les chaînes dont on ayait chargé, en France, le génie des poètes dramatiques.

Page 66, vers 17.

Des Carmes-déchaussés la mâle république,

Avant d'en connaître un seul vers,

S'avisait de juger mon ouvrage pervers.

Quelques citoyens du district des Carmes eurent la bonhomie, car il faut être poli, de dénoncer à leur district la tragédie de Charles IX, dont ils ne connaissaient que le nom. Ce district eut aussi la bonhomie, car il faut toujours être polį, de députer vers les comédiens français et la commune de Paris pour faire suspendre la représentation de la pièce; mais cette démarche n'eut point de suite.

Page 66, vers 21.

Et devant la commune, en très-mauvais français, Poujaut, la veille du succès,

Me dénonçait comme hérétique.

C'est le 3 novembre, veille de la première représentation de Charles IX, que Cicéron Poujaut jugea à propos de dénoncer cette tragédie. Il n'en connaissait pas un mot, non plus que le district des Carmes. L'accusation d'hérésie n'est pas avérée, comme il est facile de le croire; mais la dénonciation est très-réelle. A l'objet du discours de l'orateur, et à son discours même, une partie de l'assemblée crut qu'il était subitement devenu fou; mais il est constant, malgré l'apparence, qu'en dénonçant Charles IX Cicéron Poujaut avait bien sa tête à lui, et qu'il n'était pas plus fou qu'à son ordinaire.

Page 66, vers 28.

Et qu'un citoyen véridique,

Dans l'élan d'une âme énergique,
Proclamait l'École des Rois..

A la première représentation de Charles IX, au quatrième

acte, un citoyen dit assez haut pour être entendu de ses voisins: « Cette pièce devrait s'appeler l'École des Rois.» J'ai adopté le second titre. Le citoyen dont je parle est M. Maumené, négociant à Paris. Les gens curieux d'anecdotes sauraient quelque gré à un auteur de leur avoir conservé le nom du vieillard qui, à la représentation des Précieuses ridicules, s'écria du fond du parterre : « Courage, Molière ! voilà la bonne comédie. »

Page 67, vers 3.

Le soir, le lendemain, vingt lettres anonymes
M'annonçaient un assassinat;

Le jour même de la première représentation, on m'avertit que la pièce ne serait pas seulement commencée; que je serais

sifflé, hué, et, qui pis est, égorgé. Beaucoup de gens au parterre avaient des pistolets dans leur poche. Un quart d'heure avant le lever du rideau un homme eut la bêtise ou la méchanceté d'aller dire à madame Vestris qu'on tirerait sur elle et sur le Cardinal aussitôt qu'ils paraîtraient; mais le public imposa silence à la cabale imbécille qui se flattait d'écraser cette tragédie patriotique: elle fut écoutée avec une attention parfaite; et le silence ne fut troublé que par des applaudissemens universels. La pièce fut bien jouée; et dans les représentations suivantes le jeu des acteurs s'est encore perfectionné. MM. Vanhove, Naudet, Saint-Prix et Saint-Fal, rendent avec beaucoup de vérité les rôles de l'Hôpital, de Coligni, du cardinal de Lorraine et du roi de Navarre. Catherine de Médicis et son fils Charles IX sont représentés supérieurement par madame Vestris et M. Talma, qui, très-jeune encore, a déployé dans cette pièce un talent fort rare. Plusieurs personnes ont déposé dans le procès de l'insensé marquis de Favras qu'il avait voulu faire tomber Charles IX, à la troisième représentation, moyennant 18 ou 20,000 livres.

Page 67, vers 9.

Des Gautiers, des Charnois disciple infortuné.

M. Gautier, qui n'est pas même Gautier Garguille, est un écrivain des Charniers, auteur d'une misérable feuille intitulée: Journal général de la cour et de la ville. Les gens qui lisent tout m'assurent que je suis souvent attaqué dans ce journal. Si M. Gautier peut gagner un écu de plus en me dénigrant, il fait son métier de folliculaire; et je l'exhorte à continuer.

M. de Charnois, écrivain très-inférieur à la classe médiocre, est pourtant supérieur à M. Gautier. Il a, comme Perrin Dandin, la fureur de juger; mais il se borne à vouloir juger de littérature, et surtout de littérature dramatique. Il est d'ailleurs fort ignorant. Il fait aussi un journal intitulé: le Spectateur national. Il s'y est permis plusieurs mensonges sur la tragédie de Charles IX; je ne compte pas les absurdités. M. de Charnois a déja été traîné dans la boue par M. de La Harpe, M. Palissot et plusieurs autres écrivains distingués. Vouloir augmenter son ridicule serait une entreprise impossible. C'est un de ces gens auxquels on ne saurait dire pis que leur nom.

Page 67, vers 21 et 22.

Faut-il

que la race nouvelle

Apprenne et l'existence et le nom d'un Suard?

M. Suard était ci-devant censeur du théâtre; il est de plus membre de l'Académie Française. On a tort de lui contester ses titres littéraires; il n'a tenu qu'à lui d'avoir une grande réputation: il lui suffisait de signer les lettres qu'il adressait au Journal de Paris. Des gens dignes de foi m'ont assuré qu'il

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