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« Le lendemain, vers l'heure où naissent les ténèbres, « J'aperçus un cercueil et des flambeaux funèbres; « A pas lents vers l'église on portait ses débris: << Sa tombe est près de nous; regarde, approche, et lis: >>

ÉPITAPHE.

Sous ce froid monument sont les jeunes reliques
D'un homme à la fortune, à la gloire inconnu;
La tristesse voilait ses traits mélancoliques;
Il eut peu de savoir, mais un cœur ingénu.

Les pauvres ont béni sa pieuse jeunesse,
Dont la bonté du ciel a daigné prendre soin;
Il sut donner des pleurs, son unique richesse;
Il obtint un ami, son unique besoin.

Ne mets point ses vertus, ses défauts en balance, Homme! tu n'es plus juge en ce funèbre lieu. Dans un espoir tremblant, il repose en silence Entre les bras d'un père et sous la loi d'un Dieu.

OEuvres anciennes. III.

14

LA RETRAITE.

ÉLÉGIE.

1809.

UN

N roi, je dirai plus, un sage, Écrit que tout est vanité,

Tout, y compris la majesté,

Même l'amour, et c'est dommage.
Nombre de gens ont souhaité
D'éterniser dans la mémoire
Un nom d'âge en âge escorté
Par les fanfares de la gloire.

Ce rêve est sans doute fort beau;

Mais, lorsque de nos jours plus sombres
Pâlit et s'éteint le flambeau,

Le bruit qu'on fait sur un tombeau
Ne va point réjouir les ombres.
Heureux qui, du monde oublié,
Cultive sans inquiétude

Et les beaux-arts et l'amitié!

Heureux qui dans la solitude,

De la vérité seule épris,

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Le plaisir, et non plus l'étude! Dans la jeunesse, où l'avenir Nous découvre une mer immense, L'homme entend la voix du zéphir, Et s'embarque avec l'espérance; Mais bientôt l'imprudent nocher Est froissé par un long orage; Contre les pointes d'un rocher Son vaisseau heurte et fait naufrage. Lui-même il se sauve à la nage; Il vient sécher ses vêtemens; Les dieux reçoivent ses sermens De ne plus quitter le rivage. Vainement le zéphir trompeur Lui renouvelle ses caresses: Il fuit la mer et ses promesses; Les fleuves même lui font peur. Il n'ira pas au sein des villes, Portant des yeux désenchantés, Abjurer ses plaisirs tranquilles Pour de bruyantes voluptés; Moins passionné, plus sensible, Il ne veut que l'ombre et le frais, Que le silence des forêts, Que le bruit d'un ruisseau paisible. Là, quand de ses derniers rayons

Le soleil a rougi les monts,
Sous les saules de la prairie
Il voit les danses du hameau;
Les sons lointains du chalumeau
Bercent sa douce rêverie;

Et, comme l'onde du ruisseau,
Il regarde couler sa vie.

RÉPONSE A CHÉNIER,

CONTRE L'AMOUR DE LA RETRAITE;

PAR M. NEPOMUCÈNE L. LEMERCIER.

1809.

LAISSE aux rimeurs vanter la solitude;
Moi, trop pensif, je la crains et la fuis:
Son calme ajoute à mon inquiétude;
Et la retraite irrite mes ennuis.

Vous qui toujours vous plaignez des vains bruits,
Vous qui toujours chantez l'ombre des nuits,
La paix des bois et des sombres réduits,
De votre muse est-ce vieille habitude?

Qui voit-on seuls? des amants dépités;
Des courtisans que la cour a quittés;
D'altiers pédans que le public repousse;
Des fats honteux de n'être plus cités,
Et dont l'orgueil, maudissant les cités,
Exhale aux champs l'humeur qui les courrouce
Contre des ris qui les ont attristés?
Souvent, hélas! les demeures lointaines

Sont les abris des disgrâces mondaines,

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