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la parole divine, prêchoient au peuple avec tant de ferveur d'enthousiasme, que com

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me nostre ame eft toujours prefente, du moins par fa vertu, aux corps qu'elle anime, & qu'elle irradic au delà de fon corps groffier, qui la circonfcrit en apparence, il fembloit que leur ame fuft attachée aux Efprits de leurs puiffances difcurfive & imaginative qui accompagnoient leurs paroles jufques dans l'organe de l'ouye de leurs Auditeurs, de forte que ces Efprits ne pouvant cftre que lumineux, &

plus fubtils mefme que la lu

miere du Soleil, parce qu'ils partent d'une fubftance plus fubtile, formoient autour de leur vifage & de leur tefte des corpufcules lumineux, & fen, fibles à la veuë. C'est ce qui a donné lieu à ceux qui ont reprefenté l'effigie de ces faints Perfonnages de faire paroiftre un cercle de lumic re autour de leur tefte. Ignitum eloquium tuum. En effet, la parole de l'homme eft une image vivante & fenfible de fes notions, idées & pensées les plus fecretes & fpirituel

les, imprimée par la volonté de l'ame, dans les efprits corporels de la puiffance dif curfive, pouffée au dehors par le canal de la voix.

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Il arrive quelquefois pref que la mefme chofe à ceux qui parlent publiquement ayec ferveur, ou vehemence; car de leur bouche, de leurs yeux & de leur vifage, l'on voit comme des étincelles & des flammes d'un feu tresfubtil, qui en fortent & femblent éclairer l'air immediat d'autour de leur tefte, & qui fe trouve meflé avec les cf

prits du feu de leur imagination, & de leur puiffance difcurfive & intellectuelle ; car la parole eft un corpsanimé des efprits de l'une de ces trois puiffances, ou de toutes les trois ensemble, fans quoy elle demeureroit fans aucun mouvement, effet, ny vertu à mefme proportion que le corps privé de fon ame; & au contraire la parole eftant remplie de la vie de ces Efprits, elle fe communique toute entiere à chacun des Auditeurs, felon leur capacité, fans fe divifer, pourveu

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qu'ils foient à une distance proportionnée, & qu'il n'y ait point d'obstacle dans le milieu, de mefme que l'ame dans le corps, influant à tes les parties de ce corps en mefme temps, leur donne de la vic & du mouvement fclon leur capacité & leur dif pofition; car toutes fortes d'a gens naturels agiffent neceffairement & non volontairement. Ils agiffent ou reçoivent tout autant qu'ils peuvent, & quoy que l'ame agif fe en l'homme fur une matiere eftenduë, elle agit pour

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