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ces efpeces, s'en retournent chargez de ces efpeces dans leurs puiffances & organes, ce qui eft la route de la defcente de l'ame vers les fujets corporels; mais lors que l'ame ne fait pas cette operation, & qu'elle attend les progrés des puiffances qui luy font infericures, les fens exterieurs enlevent, comme on a dit, les efpeces & images des corps, les prefentent à l'imagination, & celle cy à la puiflance dif curfive, qui en forme les connoiffances effentielles tout à

fait dépouillées des efpeces

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corporelles, defquelles effen. ces connues, l'entendement forme enfuite fes idées & fcs connoiffances abstraites & fpirituelles dont elle fe fert, fans avoir befoin de recourir davantage pour cela, aux puiffances corporelles, ny aux fens, ny aux cfpeces des corpsi. pour connoiftre leurs effences, & en former des idées fpirituelles. Ainfi l'ame, foit en montant, foit en defcendant, eft toujours accompagnée, & comme reveftue de tous les efprits de fes puiffances fupericures & inferieures, de forte

neanmoins qu'ils obeiffent & fe joignent à ceux de la puif fance, dont l'ame a befoin alors, pour fentir & imaginer, ou pour raifonner des effences des chofes, ou pour les cònnoiftre fans raifonner, ny avoir befoin des efpeces corporelles forties des objets corporels. Ces efpeces ne font pas des fictions, elles font réelles, & fortent du fond de l'interieur des corps. Elles s'arreftent à la verité fur la furface, l'exterieur dépendant de l'interieur; & quoy qu'elles foient tres- fubtiles, &

comme immortelles, elles fe rendent quelquefois fenfibles dans l'air, entre l'objet & la puiffance, ou organe. J'en ay fait l'experience par le moyen d'un miroir concave, qui ramaffe les rayons de la lumiere, qui eft le vehicule des efpeces de la couleur & de la figure; car me prefentant devant ce miroir, je vois ma figure & fa couleur representées dans le corps de l'air, à un pied & demy ou deux en deçà du miroir, plus ou moins, felon la grandeur & concavité du miroir. Cela nous fait donc

connoistre que ces efpeces,

avant que

d'eftre receues dans

la puiffance & organe, paffent & voltigent dans l'air fans y eftre naturellement apperçûës, quoy qu'elles y foient réelle ment, & abondamment ré. pandues & fournies par les corps qui s'y rencontrent, & 'elles font tellement fubtiles qu'elles paffent au travers des corps tranfparens,& les penetrent fans les briser ny ouvrir. Ce grand nombre & prefque infiny d'efpeces ainfi confondues dans l'air, quoy qu'elles foient corporelles, ne le fonr

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