Billeder på siden
PDF
ePub

Toutes ces diverfes fables & autres, ne font pas tout à fait fans fondement, & il y a cu des realitez qui ont fervi de fujet à ces fortes de dif

cours.

Nous pouvons donc fans crainte de furprise entrer dans la recherche des princi. pales caufes des effets extraor dinaires que les Stryges font en Ruffic, & examiner fi cette maladie qui eft particulicre au Pays, eft une poffeffion ou une obfeffion du Demon, ou une vexation de quelque autre Elprit, quel qu'il foit.

Les Medecins veulent at tribuer ces fortes de fouffrances à la melancolie feule, & pretendent traiter toutes les maladies qui ont des caufes cachées & extraordinaires, de la mefme methode & manic re que celles qui proviennent des fumées groffieres & malignes de la rate ou de quelque autre partie infectée de bile bruflée, ou de melancolie, ainsi que dans les Incubes & Succubes, les fuffocations de matrice, & autres maladies approchantes de celles dont leur Hipocrate

par

&

& leur Galien ont parlé, mais ils n'y ont pas réuffi exemple,dans certaines Religieufes poffedées ou obfcdées, qui n'ont receu aucun foulagement des remedes propres pour les maladies atrabilaires & melancoliques, qui n'ont cedé qu'aux exorcifmes & fecours fpirituels de l'Eglife; & partant vous conclurez avec moy que le remede que l'on a trouvé en Ruffie de couper la teste à un Cadavre, & de fe fervir de fon fang pour fe deffendre de la perfecution des Stryges

[ocr errors]

n'est pas une chofe qui foit de l'ordre des remedes naturels, & qu'il nous marque que c'est pluroft une obsesfion du Demon, ou de quelque autre Elprit malfaisant & reprouvé, que toute autre maladie.

De croire que ce foit une obfeffion du Demon, il n'y a guere d'apparence, puifqu'elle a toujours ceffe en coupant la tefte au Cadavre, duquel l'image eftoit reprefentée pendant le fommeil. Il reste donc de fçavoir de quelle autre forte d'Efprit

peut venir la caufe immediate de cette vexation. Comme j'ay cu recours à la Phyfique, pour vous expliquer les caufes du mouvement de la Baguette, je me fens obligé de fuivre cette route & de vous faire concevoir les proportions qu'il y a en general entre les chofes corporelles & fpirituelles creées, & par confequent, entre les facultez des fens exterieurs & interieurs dans l'homme, & dans les puiffances fuperieures à noftre imagination, comme auffi le

« ForrigeFortsæt »