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dront-ils involontairement d'avoir cherché à dépouiller la fable des prestiges rians qui l'embellissent; eh! dans le cours de la vie, quel est l'homme sensible qui n'a pas besoin souvent de recourir à des illusions pour se distraire de la réalité des maux qui l'environnent! »

« Au reste, dans le moment même où Bailly entreprend de désenchanter la fable, il la peint encore des plus riantes couleurs; quelle aménité! quelle fraîcheur de coloris ! quelle douceur de style! on croirait lire Fénélon; ce n'est pas sa manière pourtant, mais elle n'a pas moins d'attrait. >>

«La fable est une immortelle dont la voix » mensongère nous flatte et nous amuse; » c'est une enchanteresse qui nous entoure » de prestiges, et qui cependant, soumise » à l'histoire et à la philosophie, ne nous » trompant jamais que pour mieux nous » éclairer, couvre de son enveloppe sédui»sante et les leçons de l'une et les vérités » de l'autre. »

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Son sceptre enchanteur ne fait des que >> miracles et ne produit que des métamorphoses; elle nous transporte d'un monde » où nous sommes toujours mal, dans un >> autre monde qui, créé par l'imagination, >> a tout ce qu'il faut pour nous plaire.

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« Elle se joue autour de la vérité pour ne » la laisser voir qu'à la dérobée, et, soit qu'elle ait voulu ou nous agrandir ou nous » Consoler, elle prend son exemple dans des espèces privilégiées, dans une race divine » qu'elle élève exprès au-dessus de la faible

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» humanité, tantôt nous conduisant à la » vertu par ces exemples illustres, tantôt ca>> ressant notre faiblesse, orgueilleuse de re» trouver nos passions et nos fautes dans la perfection même. » (Tome 1.er,—page 2). Que je plaindrais l'homme assez mal organisé pour ne pas sentir le charme d'élocution répandu dans ces lignes ! »

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La plume de Bailly sait se plier à tous les genres de style, et, malgré que la délicatesse et la grâce forment son principal apanage, par fois aussi elle s'élève aux mouvemens sublimes de l'éloquence.

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« Je vais le citer encore : c'est la meilleure manière de le louer. »

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Il parle des Champs-Elysées et du Tartare, destinés, suivant les anciens, les uns à la récompense méritée de la vertu, l'autre à la juste punition du crime. »

« Comme cette invention fut heureuse ! Quelle force elle prête à la morale! De quel attrait puissant elle entoure la pratique des vertus ! »>

« O vous, hommes mal avisés et trop imprévoyans, qui pouvez penser qu'après la mort il ne reste rien de l'homme, et que l'âme elle-même est à jamais plongée dans le néant! veuillez par politique, par raison, par esprit de philanthropie et de charité, veuillez du moins ne pas manifester cette doctrine désolante, qui n'offre en tout sens que des chances tout-à-fait désavantageuses aux intérêts bien entendus de l'espèce humaine! Ecoutez l'estimable

et judicieux Bailly dont la plume, prenant un autre caractère, sait ici se revêtir d'énergie et de vigueur ! »

«S'il est une fable utile aux hommes » c'est celle des Enfers; on ne peut contenir >> le méchant sur la terre que par la loi, et » la loi ne peut rien sans la force. »

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« Lorsque le méchant a la force en main, » la justice abandonne la terre; elle se réfugie au ciel, et l'innocence lève les mains » vers elle, en implorant la mort qui fait » rentrer l'oppresseur et l'opprimé dans la » même poussière.

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« C'est alors que le ciel s'ouvre, et que » la sagesse y lit le dogme d'une autre vie, » où, devenus tous égaux, nous serons » tous jugés avec équité, et où sont dis» tribués le châtiment et la récompense.

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« Le méchant, fort et puissant, serait » trop heureux, s'il n'y avait pas de Dieu, » si la mort pouvait frapper son âme comme » son corps, et l'engloutir tout entier : le » spectacle des hommes frémissans d'eux» mêmes est une leçon vivante pour l'hu»manité.» (Tome 2.- page 40.)

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Citoyens, plus je multiplierais les citations, plus sans doute je ferais valoir l'ouvrage; plus aussi je me plairais dans ce genre instructif de démonstration; mais je dois sacrifier mon plaisir au devoir de respecter vos momens : je termine donc cette annonce, en demandant qu'il soit fait mention au procès-verbal de l'hommage que je fais de l'Essai sur les Fables, et que cet ouvrage

ouvrage soit déposé à la bibliothèque du Corps législatif. »

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J'avoue que j'ai trouvé une véritable jouissance à prononcer l'éloge de Bailly, et sur tout la dernière citation, en face de certains auditeurs.

Ces idées de méchans, d'enfer, de punitions futures, étaient comme un présage menaçant que j'aimais à émettre devant eux; jamais je ne cherchai à prendre un maintien plus sévère, à donner à ma voix un organe plus imposant et plus grave; j'ai été satisfait de leur docilité à m'entendre ; mais combien je le serais plus encore, si les phrases sublimes de Bailly pouvaient leur inspirer de salutaires remords!

Quoi qu'il en soit, je viens de faire passer quelques exemplaires de mon discours à la veuve Bailly, qui me les avait fait demander d'une manière fort obligeante: j'ai joint à cet envoi la lettre suivante;

MADAME,

C'est moi qui dois vous remercier de l'occasion que vous m'avez fournie de pouvoir manifester hautement des sentimens toujours chers à mon cœur: je n'ai point ou blié la bienveillance affectueuse dont le vertueux Bailly daigna honorer ma jeunesse, lors des beaux jours de l'Assemblée

constituante; ainsi, en payant mon tribut d'hommages à sa mémoire, j'étais animé par le double motif d'acquitter ma portion de la dette dont tous les amis de la patrie et des arts lui sont également redevables, et de satisfaire à un devoir particulier d'éternelle reconnaissance.

N.° 71.

26 FLOREA L.

OPINIONS

Relatives aux opérations des Assemblées Electorales.

» I known no party, but record truth. » MURRAY. History of war in America.

Dedication.

Il n'a pas été difficile de s'apercevoir que le parti montagnard aurait voulu tourner toutes les élections à son avantage, c'est-à-dire faire approuver indistinctement celles qui furent dominées par ses créatures, et casser les autres.

Rien n'eût favorisé davantage cette intention que les rapports faits au commencement des séances, parce qu'alors les hommes de parti, avertis par leurs coryphées, arrivent en foule, et ne trouvent que des oppositions isolées et sans effet:

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