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N. gỗ.

21 BRUMAIRE.

Evénemens du 19 brumaire.

» We may now approach the altar of liberty whith confidence and hope. »

MISS WILLIAMS.

page 210.

Je ne

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placerai point encore dans ces feuilles les détails des grands événemens qui viennent d'avoir lieu; mais je vais m'occuper à réunir aux faits, dont j'ai été moi-même témoin, tous les autres renseignemens que je pourrai recueillir, et peut-être un jour je me servirai de cette collection curieuse pour en faire un morceau séparé d'histoire.

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Les moyens qui ont été employés sont extrêmes sans doute, dangereux même, et pouvaient entrainer d'horribles résultats; mais ils étaient nécessaires; car nos maux 1918, étaient extrêmes aussi, et nous en étions venus au point de nous yoir réduits à tout hasarder ou à succomber tout-à-fait avec la patrie la gangrene était au corps politique; il fallait donc trancher dans le vif.

Tout le monde paraît dans l'enchantement; tous se réjouisssent; tous espèrent; on a comme repris un nouvel être; on se croit rétrogradé aux beaux jours qui suivirent le neuf thermidor.

Pour moi, j'unis bien franchement ma joie à l'alégresse publique, et je suis extrêmement satisfait de ne plus voir le gouvernail de l'Etat entre les mains avilies d'un Directoire aussi incapable que mal affermi, et d'un Corps-législatif qui était devenu comme l'étable d'Augias: ma manière de voir à cet égard doit paraître d'autant moins douteuse, qu'elle est bâsée à-la-fois sur les intérêts de la patrie et sur mon intérêt particulier; en effet, d'après le discours que je prononçai le 17, il est bien évident que, si les choses eussent pris une autre tournure le 19, je n'aurais pas été l'un des derniers proscrits.

Au reste, les injustices fréquentes que j'ai éprouvées de la part des hommes aujourd'hui abattus, et la perspective du sort qu'ils m'eussent infailliblement réservé, s'ils fussent devenus les plus forts, ne m'empêcheront pas de reconnaître qu'il y avait parmi eux de vrais républicains, trop ardens, trop exaltés sans doute, trop accessibles à l'erreur et à la prévention, mais probes, austères, bien intentionnés au fond, réellement dignes d'estime jusque dans leur effervescence irréfléchie, et qui auraient pu servir utilement la chose publique, si leurs têtes eussent été mieux organisées, et sur-tout, s'ils n'eussent pas reçu dans leurs rangs des individus, exécrés dès long-temps, perdus dans l'opinion publique, entachés d'excés et de torts antérieurs et sans cesse intéressés à tout brouiller pour jouer, dans le

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désordre, un rôle principal qui autrement leur eût été interdit à jamais.

Heureusement pour la France, cette secte impie n'est plus en possession du pouvoir qui est passé dans des mains mieux faites pour l'exercer.

Qu'elle va être douce à remplir la mission des nouveaux Consuls! que de bien à faire! quelles sources inépuisables des plus douces jouissances! quelle tâche heureuse que d'avoir à adoucir les longues infortunes d'un grand peuple, à cicatriser les larges plaies dont la patrie est couverte de toutes parts, à réparer les crimes et les folies de tant de gouvernans barbares ou ineptes, enfin, à conquérir les bénédictions et l'amour des Français.

Tout porte à croire qu'il y aura bientôt une nouvelle constitution; en vérité, je ne regrette aucunement celle de l'an trois; ses vices ont été démontrés par une couteuse expérience; mais néanmoins ils sont moins prouvés encore que l'impéritie et l'immoralité de la plupart de ceux qui ont été chargés de faire aller ses rouages.

Quoi qu'il en soit, d'après tant de revers et d'épreuves désastreuses, j'ai acquis l'intime persuasion que les conceptions constitutionnelles ne sont qu'un vain rêve par elles mêmes, et que, jusqu'à ce qu'elles soient consolidées par la pratique d'un ou' de plusieurs siècles, elles tirent leur force unique des mains qui les font mouvoir.

J'admettrai, si l'on veut, la possibilité

d'une constitution parfaite, et pour cela, je la supposerai inventée par les dieux; hé bien! si elle est confiée à des mains impures ou inhabiles, je garantis, qu'au bout de peu d'années et peut-être même de peu de mois, elle n'existera plus, tandis qu'une constitution, même la plus défectueuse, sera ponctuellement exécutée et rendra les peuples heureux, si sa principale direction est confiée à des hommes qui soient à-la-fois probes et éclairés, et sur-tout, s'ils sont soutenus par la confiance entière des administrés, sans laquelle il n'existera jamais de constitution durable.

Or, il est bien démontré, aux yeux des moins clairvoyans, que, jusqu'au 18 brumaire, les gouvernemens transitoires, qui se sont rapidement succédés sous nos diverses constitutions, ont pu chacun être appuyés par les brigues opposées de tel ou tel esprit de parti, mais qu'ils n'ont jamais su se concilier le véritable assentiment de la nation et la confiance de tous.

Il semble enfin que nous sommes arrivés à l'époque où cette confiance si désirable va devenir le partage de nos gouvernans : ici je me sens pressé, en quelque sorte, par le besoin de devenir l'interprète des hommages publics, mais je suis retenu par l'exemple du passé ; trop d'exemples mémorables m'ont appris à ne pas précipiter mes jugemens, pour que je me hasarde d'avance à préjuger les résultats des grands événemens qui viennent d'avoir lieu.

Avant de distribuer ma portion d'éloges je veux qu'ils soient justifiés par les faits: j'attendrai donc qu'il soit prouvé évidemment, dans les jours qui vont s'écouler, que tout a été dirigé pour l'intérêt général, et non pas pour l'intérêt privé d'un ou de plusieurs individus; mais, si les droits de la vérité, ainsi que les règles de convenance adoptées par les cœurs bien faits, m'interdissent encore des épanchemens que je me plairais tant à manifester, j'imagine qu'il doit m'être permis de m'écrier avec une douce émotion de contentement, de reconnaissance et d'espoir :

Ah! combien, à la suite de dix années d'agitations et d'infortunes, lorsque l'amour de la patrie est presque étouffé dans les cœurs; lorsque les factions encore vivaces rugissent sourdement de toutes parts; lorsqu'il reste tout à faire, pour parvenir enfin à régénérer efficacement la chose publique, combien il est heureux pour l'Etat, que le soin principal de ses destinées soit confié désormais à un héros, échappé, comme par miracle, à la périlleuse traversée des mers, à cet homme étonnant que l'implacable esprit de parti est lui-même contraint à respecter; qui s'accoutuma, dès long-temps, à sacrifier toutes ses jouissances privées au désir généreux d'une illustre renommée; qui, si jeune encore, a fait déjà de si grandes choses; qui est accablé, pour ainsi dire, sous le faix des lauriers de Mars, et pour qui il n'existe plus un accroissement possible de gloire

que

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