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65.- Eh! ne te pavane pas tant de ton crédit, de tes festins, de tes chars brillans, de tes meubles splendides! pour avoir tout cela, il ne faut, comme toi, qu'être un scélérat heureux.

66. - Damon, ton masque est tombé, épargne-toi la peine de te contrefaire; sois méchant à découvert.

ailleurs que

67. On ne trouve nulle part ailleurs

de

dans la révolution tant d'actes de barbarie et de générosité, de lâcheté et de courage, de cupidité et de désintéressement bassesse et d'héroïsme; elle forme l'ensemble de tous les contrastes..

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68. Que de gens se disent libres, qui emploient la moitié de leur vie dans les antichambres! ils se disent libres et le sont moins que les derniers esclaves.

69-Il n'est point de mots qui, en apparence, offrent plus d'opposition que ceux-ci, liberté et servitude, et quelquefois il n'en est pas qui, dans la réalité, soient plus

synonymes.

70.-L'homme sage doit craindre l'ha

bitude du pouvoir; elle enivre les meilleures

têtes.

71. Sauf quelques exceptions bien rares, il n'est rien de plus évidemment démontré par l'expérience de tous les jours, que l'éternelle vérité, contenue dans ce vieil adage, les honneurs changent les mœurs.

72. Tu me conseilles en vain, à cause de quelques différences d'opinions politiques, de rompre des liaisons cimentées par la sympathie, l'habitude et le temps que trouverais-je en dédommagement de ce qu'il me faudrait perdre ?

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73.-Alcippe se plaint de ce qu'on dit de lui qu'il est un scélérat: qu'il acquière du crédit on ne tardera pas à célébrer ses louanges.

74.-Es-tu plus puissant que Damis? tu seras un dieu pour lui; il t'ira voir souvent: le devient-il autant que toi? tu le verras moins le devient-il davantage? tu ne le verras plus; à peine te regardera-t-il comme un homme.

75. De deux méchans, l'un hypocrite et l'autre effronté, celui-ci fait plus de bruit, et celui-là beaucoup plus de mal.

76. Je redoute moins les caractères les plus emportés, que ces hommes soucieux, dissimulés, modérés en apparence et réellement susceptibles de hainès froides et réfléchies; qui, avides de pouvoir, orgueilleux de leurs idées, jaloux des talens qu'ils n'ont pas, veulent tout dominer, s'offensent de la moindre contrariété et se courroucent cóntre le mérite; pour qui une différence d'opinion est un crime irrémissible, et qui ne surent jamais pardonner à un ennemi.

77.

-Eûmes-nous la liberté ? — non: l'aurons-nous?

l'avons-nous ?

je crains que non,

non:

78. Que d'abus, de désordres et de scandales se sont accumulés sur la chose publi que depuis dix ans ! jamais les étables d'Augias ne furent plus remplies d'ordures, et, pour nettoyer celles du jour, il faudrait le bras d'un nouvel Hercule.

79.- Qu'espérer d'un Etat, où l'intrigue mène tout; où les méchans dominent tout; où l'ignorance décide tout; où la vertu et le talent sont plutôt un objet de haine que de faveur !

So. D'après le cours ordinaire de toutes les probabilités humaines, la patrie ne peut pas échapper à sa ruine; chaque jour l'en

traîne vers l'abyme, et désormais il n'est plus qu'un prodige qui puisse la sauver...

N. 88. 28 VENDÉMIAIRE.

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Retour du général Bonaparte.

» In summo imperatore quatuor hæ virtutes » inesse debent, scientia rei militaris, virtus, » autoritas, felicitas. >>

CICERO. Pro lege manil.

BONAPARTE, arrivé d'Egypte à Fréjus le 17, est de retour à Paris depuis quatre jours: il est accoutumé à faire des miracles; c'en est un que sa traversée au milieu des vaisseaux anglais qui couvrent les mers.

Je n'entreprendrai point de décrire les émotions diverses que ce retour, tout-à-fait inattendu, a jettées dans les esprits; les uns, et je suis de ce nombre, en sont enchantés; d'autres en enragent; je sais de très-bonne part que tous les membres du Directoire n'ont pas été d'avis de le recevoir, et déjà j'ai entendu plusieurs voix s'écrier, celles-ci, c'est un traitre, celles-là, ce n'est qu'un. illustre déserteur.

Tandis que l'envie et la médisance, qui sont toujours acharnées à poursuivre les grands hommes, distillent ainsi leurs venins impies sur Bonaparte, je regarde le retour de ce héros comme un bienfait signalé de

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la providence ; je ne vois qu'en lui cette réu nion de qualités éminentes, qui sont indispensables pour en imposer à tous les partis et pour ramener l'ordre dans ma déplorable patrie: je sens revivre en mon âme quelques idées agréables de joie et d'espérance qui ne m'avaient pas approché depuis long-temps; je ne peux pas m'empêcher de croire qu'un pareil homme est destiné à sauver la France du joug ignoble qui l'asservit; c'est dans cette persuasion que, rempli de confiance dans sa loyauté, je viens de lui porter, à l'instant même, la lettre suivante que je n'ai pas craint de revêtir de ma signature.

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Je me suis réjoui de votre heureux retour qui a ranimé tous les cœurs vraiment dévoués au bien de la patrie; tous les regards sont fixés sur vous; on attend tout de votre génie: ne tardez pas à réaliser les douces espérances que votre présence commence à faire renaître ; il faut que les Français tiennent de vous la paix, et qu'ensuite vous parveniez à faire, pour leur bonheur domestique, ce que tant de fois vous avez fait pour leur gloire; dès-lors rien ne manquera à votre renommée.

Permettez-moi de vous rappeler quelques expressions, contenues dans une lettre que je vous adressai, il y a vingt-deux mois, à Votre retour de l'armée d'Italie je vous disais alors ce que je vous répète aujourd'hui;

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