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qu'on découvrit alors, eurent l'influence la plus forte et la plus durable sur tout le genre humain. Tous les souverains, à cette époque brillante, faisaient consister leur gloire dans la protection qu'ils accordaient aux lettres, souvent dans l'éducation classique qu'ils avaient reçue eux-mêmes, et dans leur profonde connaissance des langues grecque et latine. Les papes, qui dans les temps précédens avaient souvent tourné toute la puissance de la superstition contre les études, furent au contraire, dans le quinzième siècle, les zélés protecteurs, les rémunérateurs magnifiques des gens de lettres. Deux d'entre eux étaient eux-mêmes des savans d'une haute distinction; Thomas de Sarzane, depuis Nicolas v (1447 à 1455), et Æneas Sylvius, depuis Pie 11 (1458 à 1464), qui, après s'être fait un grand nom dans le monde littéraire par leur immense érudition, furent élevés, à cause de ce mérite même, sur la chaire de Saint-Pierre. Les ducs de Milan, ces mêmes hommes que l'histoire politique nous représente comme les pertur bateurs et les tyrans de la Lombardie, Philippe-Marie, le dernier des Visconti, et François Sforza, le fondateur d'une monarchie tout guerrière, s'entourèrent dans leur capitale des savans les plus distingués, auxquels ils accordaient de généreuses récompenses et des emplois de confiance. La découverte d'un manuscrit classique était pour eux, comme pour leurs sujets, une occasion de réjouissances, et ils s'intéressaient aux questions d'antiquité, et aux que relles philologiques comme aux affaires d'Etat.

"Deux familles souveraines moins puissantes, les marquis de Gonzague à Mantoue, et les marquis d'Este à Ferrare, s'efforçaient de suppléer à ce qui leur manquait de grandeur, par le zèle plus actif, la protection plus constante qu'elles accordaient aux lettres; elles cherchaient, elles appelaient les savans d'un bout à l'autre de l'Italie; elles se les disputaient comme à l'enchère par de plus riches récompenses ou des distinctions plus flatteuses; elles les chargeaient exclusivement de l'éducation de leurs enfans, et l'on cher cherait vainement peut-être, dans nos plus doctes académies, dea hommes qui écrivissent des vers grecs avec autant d'élégance et de pureté que plusieurs des princes de Mantoue et de Ferrare. A Florence, un riche négociant, Cosme de Médicis, qui ébranlait la constitution de l'État, et dont les enfans devaient bientôt substituer, dans leur patrie, le pouvoir d'un seul à celui du peuple; au milieu des vastes projets de sa politique et de son ambition, maître de tout le crédit monétaire de l'Europe, et l'égal des rois avec lesquels il traitait, accordait dans sa maison un asyle à tous les savans, à tous les artistes, changeait ses jardins en académie, et produisait une révolution dans la philosophie, en faisant substituer l'autorité de Platon à celle d'Aristote. En même temps ses comptoirs, répandus d'un bout à l'autre de l'Europe et des Etats musulmans, étaient consacrés aux lettres autant qu'au commerce; ses commis recueillaient des manuscrits et vendaient des épiceries; les vais seaux qui arrivaient pour son compte de Constantinople, d'Alex andrie, de Smyrne, à tous les ports de l'Italie, apportaient dé riches

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VOL. V. FEB. 1816.

riches récoltes de manuscrits grecs, syriaques, chaldéens, et Cosine de Médicis ouvrait en même temps des bibliothèques publiques à Venise et à Florence. Dans le midi de l'Italie, un roi aragonais Alphonse v, le disputait en amour pour les sciences aux souverains du Nord et aux princes de race italienne; ses secrétaires, ses amis, ses conseillers, étaient des hommes dont le nom, est demeuré à jamais illustre dans le republique des lettres, et son règne est lié à l'histoire littéraire de toute l'Italie. Les universités, qui deux siècles auparavant avaient paru si brillantes, demeuraient, il est vrai, engourdies par leur obstination à suivre d'anciennes méthodes, d'anciennes erreurs, et une ancienne philosophie scolastique qui éblouissait l'esprit et faussait l'entendement; mais tous les hommes qui avaient acquis un nom dans les lettres, ouvraient une école: c'était pour eux la carrière de la gloire, celle de la førtune, et même celle des emplois ; car les souverains choisissaient souvent pour leur ambassadeur ou pour leur chancelier, le même homme qui dirigeait l'éducation de la jeunesse, qui commentait les anciens, et que ses fonctions publiques n'écartaient jamais que momentanément des fonctions non moins nobles de l'enseignement. La passion pour obtenir des livres, pour fonder des bibliothèques, le prix prodigieux qu'on attachait à une bonne copie d'un manuscrit, éveillèrent l'esprit d'invention pour les multiplier. L'imprimerie naquit au moment où elle fut nécessaire, justement parce qu'elle était nécessaire. Dans aucun autre siècle, même dans celui de la plus grande prospérité de la Grèce et de Rome, on n'avait senti un besoin si urgent, si universel, de multiplier les copies des livres; jamais on n'avait possédé un nombre aussi considérable de manuscrits qu'on découvrait en même temps, et qu'on voulait sauver de la destruction dont ils avaient paru menacés ; dans aucun temps l'invention de l'imprimerie n'aurait pu être plus magnifiquement récompensée et plus rapidement propagée. Jean Guttemberg de Mayence, qui employa le premier les caractères mobiles, de 1450 à 1455, voulut, il est vrai, faire un secret de sa découverte pour en retirer plus de profit; mais en 1465 elle fut introduite en Italie, en 1469 à Paris, et en peu de temps, ces livres précieux, auxquels on ne pouvait atteindre qu'avec tant de travail et de peine, furent multipliés par milliers, et mis à la portée da tout le public. Tom. II. p. 23.

This is all very true, and the analysis which M. Sismondi gives of the different writers who flourished during this period from Boccaccio to Lorenzo de' Medici, that is, from the year 1360 to the year 1492, adds a fresh weight to the truth of the

statement.

Not less philosophical nor less true is the account of the rigin of the pastoral drama, and with pleasure we lay it before our readers since it has been a matter of dispute among the Italians.

"Le

* Le même Politien renouvela sur les théâtres modernes la tra gédie des anciens, ou plutôt il créa le genre nouveau de la tragédie pastorale, que le Tasse n'a pas dédaigné. La fable d'Orphée favola di Orfeo), de Politien, fut jouée à la cour de Mantoue en 1483, à l'occasion du retour du cardinal de Gonzague; elle avait été écrite en deux jours. Quels regrets ne doit pas exciter le beau génie de Politien: avant dix-neuf ans il fut capable de s'élever sans modèle et sans devanciers, à l'épopée et à la tragédie, et il mérita notre admiration par des fragmens à peine ébauchés. Où serait-il parvenu, s'il n'avait pas alors même abandonné les muses italiennes pour n'écrire que des vers latins, ou des ouvrages de philosophie qu'on ne lit plus aujourd'hui ?

"L'admiration universelle pour Virgile eut une influence décisive sur le nouvel art dramatique; les érudits étaient persuadés que ce poète chéri réunissait tous les genres de perfection; et comme ils créaient l'art dramatique avant d'avoir un théâtre, ils se figurérent que le dialogue, et non l'action, était l'essence du drame. Les Bucoliques leur parurent des espèces de comédies ou de tragédies, moins animées il est vrai, mais plus poétiques que celles de Térence et Sénèque, ou peut-être des Grecs. Ils s'effor cèrent cependant de réunir les deux genres, d'animer par une action la douce rêverie des bergers, et de conserver le charme pastoral aux émotions plus violentes de la vie. L'Orphée, quoique divisé en cinq actes, quoique mêlé de chœurs, quoique terminé par une catastrophe tragique, est beaucoup plutôt une églogue qu'un drame. L'amour d'Aristée pour Eurydice, la fuite et la mort de celle-ci, qui est pleurée par les Driades, les lamentations d'Orphée, sa descente aux enfers et son supplice par les mains des Bacchantes, forment le sujet des cinq actes, ou plutôt de cinq petits tableaux enchaînés légèrement l'un à l'autre. Chaque acte n'est composé que de cinquante à cent vers; un court dialogue expose les événemens survenus d'un acte à l'autre, et il amène ainsi une ode, un chant, ou une lamentation, un morceau lyrique enfin, qui paraît avoir été le but principal de l'auteur et l'essence de sa poésie. Des mètres variés, la rima terza, l'octave, et même les couplets plus compliqués des canzoni, servent pour le dialogue, et les morceaux lyriques sont presque toujours relevés par un refrain. Rien ne ressemble moins, sans doute, à notre tragédie actuelle ou à celle de l'antiquité. Cependant L'Orphée de Politien fit une révolution dans la poésie; le charme des décorations uni à celui des vers, la musique soutenant la parole, la curiosité excitée en même temps que l'esprit était satisfait, toutes ces jouissances nouvelles enseignèrent à désirer la plus sublime de celles que la poésie peut procurer, et l'art dramatique commença à renaître. Dans le même temps, l'imitation scrupuleuse de l'antiquité préparait par une autre voie la renaissance du théâtre. Après l'an née 1470, l'académie des littérateurs et des poètes de Rome entreprit, pour faire mieux revivre les anciens, de représenter èn latin quelques comédies de Plaute: cet exemple et celui de Poli

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tien furent bientôt suivis. Le goût du théâtre se renouvela avec d'autant plus de vivacité, qu'on le regardait comme une partie essentielle de l'antiquité classique; on n'avait point encore pensé à le soutenir par les rétributions des spectateurs; il était, comme à Rome et dans la Grèce, une partie des fêtes publiques, souvent des fêtes religieuses. Les souverains, qui à cette époque mettaient toute leur gloire à protéger les lettres et les arts, s'efforçaient de se surpasser les uns les autres, en élevant, pour quelqu'occasion solennelle, un théâtre qui ne devait servir que pour une seule représentation; les gens de lettres et les grands de la cour se disputaient les rôles dans la pièce qu'on devait représenter, et qui tantôt était traduite du grec ou du latin, tantôt était composée par quelque poète moderne à l'imitation des anciens maîtres. L'Italie était glorieuse, quand dans une seule année elle avait eu deux représentations théâtrales, l'une à Ferrare ou à Milan, l'autre à Rome ou à Naples. Tous les princes voisins y accouraient avec leur cour, de plusieurs journées à la ronde; la magnificence du spectacle, la dépense énorme qu'il occasionnait, et la reconnaissance pour un plaisir gratuit, empêchaient le public de se montrer sévère dans ses jugemens. Les chroniques de chaque ville, en nous conservant la mémoire de ces représentations, ne parlent jamais que de l'admiration universelle. Aussi ce n'était point le public que les poètes avaient en vue dans leurs compositions, mais l'antiquité; ils s'efforçaient de la copier le plus fidèlement possible, et l'imitation de Sénèque étant classique tout comme celle de Sophocle, plusieurs des premiers essais des poètes du quinzième siècle retracèrent tous les défauts du tragique latin : ce furent souvent des déclamations ampoulées qu'aucune action n'animait." Tom. II. p. 48.

To this we cordially assent, and we cannot help lamenting that M. Sismondi has not written always so. For this reason the strictures and the reflexions he makes on the Orlando Furioso, are extremely good, since they belong to the poem and to the poet, and not to the origin and nature of this species of poetry. In the whole of his account M. Sismondi has followed M. Ginguéné, and we congratulate him on the good use he has made of his guide.

Preferring, however, Tasso to Ariosto, our author is desirous of justifying his partiallity, and the description he gives of the Gerusalemme is luminous in the extreme. In his exami> nation M. Sismondi has collected the materials from all quarters, and he has not even forgotten to give to Tasso the credit which M. Chateaubriand has so well established in his Itinéraire, of having been historically true in the whole of his locality, and almost in all his episodes. This still more convinces us of the truth of our assertion; that though M. Sismondi may be occasionally striking when he talks of literature, it is only on his Favourite topic on history that he is sublime. The account of the persecution

persecution which literature suffered in Italy about the middle of the sixteenth century is drawn in a masterly style.

"La ville de Rome avait voulu, à l'exemple des autres capitales, fonder une académie consacrée aux lettres et à l'étude de l'antiquité. Les pontifes savans, qui avaient été élevés dans le quinzième siècle, sur la chaire de Saint-Pierre, avaient vu avec plaisir ce zèle littéraire, et l'avaient encouragé. Un jeune homme, enfant illégitime de l'illustre maison San Severino, mais qui, au lieu d'en prendre le nom, se fit appeler, comme un Romain, Julius Pomponius Lætus, après avoir achevé ses études sous Laurent Valla, lui succèda, en 1457, dans la chaire d'éloquence latine. Il rassembla autour de lui tous ceux qui, à Rome, avaient ce goût passionné pour la littérature et la philosophie antiques, auquel le siècle devait son caractère: presque tous étaient jeunes, et dans leur enthousiasme pour l'antiquité, ils se donnèrent des noms grecs et latins, comme avait fait leur chef. Dans leurs assemblées ils osèrent, à ce qu'on assure, annoncer leur prédilection pour les mœurs, la législation, la philosophie, la religion même de l'antiquité, par opposition à celles de leur siècle. Le pape Paul II, qui régnoit alors, ne s'était point élevé par les lettres à sa haute dignité, comme plusieurs de ses prédécesseurs; soupçonneux, jaloux et cruel, il s'était défié de bonné heure de l'esprit de recherche et d'examen qui caractérisait les nouveaux philosophes; il avait senti combien le progrès rapide des lumières devait nuire à l'autorité de son église, et il avait considéré le zèle des savans pour l'antiquité comme une conjuration contre l'Etat et contre la foi en même temps. L'Académie, dont Pomponio Leto était le chef, lui parut mériter particulièrement ses rigueurs. Au milieu du carnaval de 1468, pendant que tout le peuple de Rome était dans les fêtes, il fit arrêter tous les membres de l'Académie qui se trouvaient alors dans la capitale. Pomponio Leto seul lui manquait; il s'était retiré à Venise l'année après l'exaltation de Paul II au pontificat, et il y vivait depuis trois ans; mais comme il correspondait de là avec les savans de Rome, le pape le regardait comme chef de la conjuration; il trouva moyen de se le faire livrer par le sénat de Venise. Tous les académiciens incarcé rés furent soumis à d'horribles tortures; l'un d'eux, Agostino Campano, jeune homme de grand espérance, mourut des tourmens de la question; les autres, parmi lesquels était Pomponio lui-même, et Platina, l'historien des papes, souffrirent tous ces supplices sans qu'on pût tirer d'eux l'aveu d'aucun crime qui les motivât. Le pape, irrité de leur obstination, se rendit lui-même au château SaintAnge, et fit recommencer sous ses yeux les interrogatoires, non plus sur la conjuration prétendue, mais sur des questions de foi, afin de surprendre les académiciens dans quelque hérésie; il ne put point y réussir. Il déclara cependant que quiconque prononcerait ou sérieusement, ou même en plaisantant, le nom d'Académie, serait désormais tenu pour hérétique; il retint les malheureux captifs encore une année en prison; et lorsqu'il les relâcha ensuite, ce fut sans reconnaître leur innocence. La mort de Paul II mit un

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