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Il n'est pas possible de fixer un juste milieu sur la consommation des autres classes, dont la valeur doit du plus petit marchand jusqu'au plus riche particulier toujours aller en augmentant: mais quand même nous la supposerions égale à la première, cela seul nous donnerait toujours une valeur totale de 600 millions, auxquels il faut encore ajouter la valeur de tous les autres articles que les différentes facultés des particuliers et les opérations du commerce rendent susceptibles d'être échangées par des signes ; et c'est avec 62 millions qu'il nous faut représenter tout cela.

S. X.

De la circulation.

Il serait illusoire de penser que la rapidité de la circulation du numéraire pût suppléer à son défaut de quantité. Premièrement il est prouvé par le fait qu'elle n'y supplée pas, puisque les dix-neuf vingtièmes des contrats se font à crédit; que les marchandises ne vont jamais chercher l'argent qu'avec.

perte; que l'usure augmente tous les jours et qu'enfin, dans toutes les occasions où la nation est obligée de faire des avances, le change hausse considérablement. D'ailleurs, comment la rapidité de la circulation du numéraire pourrait-elle suppléer à son défaut de quantité, lorsqu'il est prouvé que cette même circulation est toujours en raison composée de l'abondance des choses commerçables et de celle des signes qui les représentent? En effet si l'on veut attacher une idée nette au mot de circulation, on ne pourra jamais la définir autrement que le cours naturel et facile des échanges. Or la facilité de ces échanges est absolument dépendante d'une quantité de signes proportionnée à celle des choses, qui peuvent être mises en commerce. Mais la valeur représentée par notre numéraire n'étant pas même à la valeur des choses nécessaires à notre consommation et à celle des objets commerçables comme un est à vingt, il s'ensuit que la seule vingtième partie des choses peut à-la-fois être mise en mouvement par les signes; et dans ce sens cette prétendue rapidité de circulation est absolument nulle. Que si l'on entend par

rapidité de circulation le mouvement forcé que doit faire journellement notre numéraire pour se représenter vingt fois, il est clairque dans ce cas elle est décidément ruineuse; car, dans l'état actuel de toutes les natious policées les signes étant d'un usage indispensable, pour forcer ce mouvement qui doit suppléer à leur défaut de quantité il faudra nécessairement que les choses se disputent, pour ainsi dire, toujours entr'elles le droit de préférence; qu'elles se pressent à l'envi d'être échangées; et pour lors aucune d'elles ne peut plus obtenir une valeur équivalente à la sieune, ni acquérir ce degré de bonté et de perfection qui ajouteraient encore à sa valeur naturelle.

S'agit-il, par exemple, du commerce des bestiaux? on est pressé de vendre le jeune veau de cent livres, faute de pouvoir attendre qu'il en pèse trois cents; on vend la jeune genisse à la boucherie, parce que le besoin de signes ne permet pas d'attendre qu'elle devienne mère. D'où il s'ensuit encore que cet objet, celui qui contribue peutêtre le plus par son abondance à l'amélioration de l'agriculture, devient tous les jours

plus rare. On peut en dire autant des brebis, conséquemment des laines et des cuirs. Si le bois devient aussi plus précieux, si les manufactures qui en consomment une grande quantité ont beaucoup de peine à se soutenir, c'est qu'on vend continuellement les jeunes plantes. On vend à vil prix jusqu'à l'herbe de nos pacages à des pâtres étrangers, faute de pouvoir entretenir une quantité de bétail suffisante pour la consommer; et c'est toujours la disette des valeurs circulantes qui produit tout ces maux, car du côté des valeurs stables peu de nations sont aussi bien partagées que la nôtre.

A l'égard des préjudices qu'en souffre journellement le commerce, il suffira de dire que la seule disette de numéraire nous fait faire avec perte le commerce de productions, et nous empêchera toujours d'établir celui de manufactures.

Si nous trouvons que rien ne porte autant le caractère de fini que les ouvrages qui nous viennent de France et d'Angleterre, c'est que le copieux numéraire de ces deux nations leur fournit les moyens de le leur imprimer. Et, à l'égard de cette dernière, il faut ob

server que son numéraire, fort considérable d'ailleurs, est encore augmenté de six septièmes par du papier; papier, selon moi, fort défectueux à la verité, mais qui n'en a pas moins la vertu de développer toutes les forces de cette nation.

S. XI.

Continuation du même sujet.

J'entends tous les jours tant de ces esprits profondément superficiels, qui n'ayant étudié les différentes branches de l'agriculture, du commerce et des manufactures que dans les cercles brillans de la capitale, aux fêtes, aux bals, aux spectacles, avancent cependant d'un ton orgueilleusement modeste des absurdités si dangereuses sur des objets d'où dépend le bonheur ou le malheur de la nation, que je tremble quand je pense à la funeste influence que leur ton tranchant et prétentieux peut avoir sur l'opinion du public, souvent la dupe de ses charlatans, auxquels le langage affirmatif coûte d'autant moins que les bornes de leur esprit ne leur permettent pas

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