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AVERTISSEMENT.

JE joins aux Dissertations précédentes, comme un point d'antiquité concernant la poésie, le morceau suivant : Pourquoi les Poètes ne jouirent-ils à Rome d'aucune immunité? J'avois permis au nouvel éditeur du Mercure, d'insérer cet opuscule dans son Journal; mais quoiqu'il eût été plus commode pour le lecteur de n'être point obligé d'aller chercher la suite dans une autre feuille, l'éditeur du Mercure a jugé à propos d'imprimer mon opuscule en deux feuilles séparées, N.99 4 et 5. C'est pourquoi je redonne ici ce morceau de littérature, qui, d'ailleurs, est placé plus

convenablement dans un volume où

l'on ne s'occupe que d'Antiquités poé

tiques.

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Pourquoi les Poètes ne jouirent-ils

à Rome d'aucune immunité ?

Les ténèbres de l'ignorance qui couvrirent les premiers siècles de la république romaine, furent à peine dissipées, que la poésie acquit à Rome une haute faveur et qu'on rendit aux poètes des honneurs éclatans. C'est une vérité qu'attestent tous les monumens de l'histoire. Telle fut l'heureuse issue des guerres entre les Grecs et les Romains, que les belles-lettres, et avec elles le goût de la poésie, passèrent de la Grèce à Rome. Horace (1), pour marquer que la Grèce, en recevant le joug, porta les arts en Italie encore agreste, a donc eu raison de dire:

1

Græcia capta ferum victorem cepit et artes
Intulit agresti Latio.

Vers le tems de la seconde guerre punique, les études commencèrent à fleurir à Rome de plus en plus, et on se mit à

cultiver la poésie, qui, à cette époque (1), eut un très-grand nombre d'amateurs. On peut juger des honneurs rendus aux poètes, et de la vénération qu'on eut pour eux, par l'exemple d'Ennius (2). Ce poète jouit à Rome d'une si haute considération, que, même après sa mort, on lui érigea une statue. C'est de l'orateur (3) romain et de Tite-Live (4) que nous tenons cette circonstance; et même dans les derniers tems de la république, de nouveaux honneurs furent prodigués aux poètes: on les couronnoit (5) de lierre. Nous ne parlons point de la haute faveur dont jouirent auprès d'Auguste, Virgile, Horace, et d'autres poètes.

Mais les empereurs s'en tinrent-ils, à

(1) Voyez Aulugelle, lib. 7, cap. 21, qui nous a conservé ces deux vers de Portius Licinius.

Punico bello secundo Musa pennato gradu

Intulit sese bellicosam in Romuli gentem feram.

(2) Cornelius Nepos, in Vitá Catonis. (3) Pro Archia, cap. 9.

(4) Lib. 38, cap. 56.

(5) Horace, Odar. lib. 1, od. 1', vers. 29, et lib. 1, epist. 3, vers. 24 et 25. Virgile, eglog. 7,

vers. 25.

l'égard

l'égard des poètes, à de stériles honneurs ? se contentèrent-ils de les admettre dans leur familiarité ? Nous voyons que ces princes, persuadés, d'un côté, que les sciences et les arts contribuent à la splendeur d'un État, et d'un autre côté, qu'on ne doit pas attendre de ceux qui luttent sans cesse contre l'indigence, qu'ils fassent dans la carrière des sciences et des arts, de généreux efforts; nous voyons, dis-je, que les princes accordèrent aux maîtres de philosophie, aux grammairiens, aux rhéteurs et aux médecins, des priviléges et des (1) immunités. Parmi ceux qui comblèrent les savans de bienfaits, Constantin (2) mérite d'être distingué. Les empereurs, Honorius (3) et Théodose, suivirent son exemple. Les choses étant ainsi, qui n'est tenté de croire que les princes furent également favorables aux poètes, à ces hommes qu'un dieu, dit Ovide (4), agite et inspire,

(1) Institut. tit. de excusation. tutor. p. 7, loi 6, pag. 1, Digest. de excusation.

(2) Loi 6, Cod. de Professor. et Medic. (3) Loi 11, Cod. ibid.

(4) Fastor. lib. 1 vers. 5 et 6.

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