n'étoient pas rimés, tels que celui par lequel l'historien, connu sous le nom d'Anonyme de Salerne, termine sa chronique. Scriptor rerum Italicur. tom. 2, part. 2, pag. 285. Les vers sont des iambiques tétramètres défectueux au premier pied. Le second vers annonce que la pièce est en l'honneur de Landulf; mais parmi tant de princes de Capoue et de Bénevent qui se sont appelés Landulf, Muratori ne sait duquel l'auteur, qui florissoit vers l'an 980, veut célébrer les louanges. Il pense pourtant que ce pourroit être Landulf, fils aîné et collègue de Pandulf Téte-de-fer, prince de Capoue et de Bénevent, Mais nous croyons qu'il y a faute de copiste dans le second vers, et qu'au lieu de Landulfi, l'on doit y lire Pandulfi. Notre opinion est fondée sur ce que par l'histoire d'Italie on ne connoit point de Landulf à qui puissent convenir les louanges que ces vers contiennent, au lieu qu'elles caractérisent assez bien Pandulf Tete-de-for luimême, qui, dans le tems où l'auteur put achever sa chronique, étoit prince de Salerne, conjointement avec Pandulf son second fils. Un des plus illustres savans de ce neuvième siècle fut Notker le Bègue, moine de Saint-Gal, lequel mourut en 912. Le père Pez, savant bénédictin, en a fait imprimer, Thesaur, anecdot, tom. 1, part 1, un livre de séquences, ou de proses, ainsi qu'on les appelle communément dans les missels. Ces séquences, que nous aimons mieux appeler hymnes, sont composées de rhythmes de différente mesure, rimés deux à deux, avec quelques-uns d'entremêlés qui n'ont point de rime. Telle est l'hymne ou séquence pour la fête de Saint Benoît De natali Sancti Benedicti Abbatis. Elle est composée de rhythmes de différente longueur. Le manuscrit de Saint Emmeran de Ratisbonne sur lequel le père Pez a fait imprimer les rhythmes de Notker, et dont il ne spécifie point l'âge, est plein de fautes, et sur-tout de transpositions de motset de membres de phrase. C'est à quoi nous tâcherons de remédier, en rapportant tout entier ce morceau, qui, destiné pour le chant, n'est point divisé par strophes, et dont les rhythmes inégaux sont depuis trois syllabes jusqu'à quinze, et paroissent entremêlées au hasard. On peut conjecturer que ce sont des morceaux de ce genre qui ont servi de modèles pour nos pièces de poésie françoise en vers libres, et c'est le motif qui nous engage à donner celui-ci en entier. Vaga mentis monachum reparat ; Ejus jussu de laci abdito ferrum enatat; Discipulus super aquas siccis pedibus currit, Jam delusos Ignibus oculos Fratrum revocat. Per membra tritum, Redonat animæ. Culpam prodit præsumpti cibi, Post decem annos per Spiritum Qui clericum Hoste pervasum liberat, Et cautelam demandat. Qui secretam superbi mentem increpat, Atque famem mitigat. Verbo ligat ambas Carne jam solutas; Sed absolvit pane mystico. Cautes absque periculo Servant vas vitreum. Ipse pressum Plangit æmulum. Solo intuitu enodat Rusticum Et oramine jam extinctum Ipse nos pio Conciliet Christo, Poscens veniam delictorum, Et partem in quietis sedibus Triumphat gloriosus. Nous n'examinerons point en détail à quel genre de vers métriques ces différens rhythmes peuvent se rapporter; mais nous ajouterons qu'on voit dans la vie (1) de leur pieux auteur, écrite dans le tems par Ekkelard, et publiée par Goldast, qu'il envoya le recueil de ses séquences au pape Nicolas premier et à Liutward, évêque de Verceil, et chancelier de l'empereur Charles-le-Gras, et que le pape approuva tout ce que Notker avoit fait, hymnes, séquences, litanies, chansons, (cantilenas) tant en rhythmes qu'en mètres et en prose. Les chansons (cantilenæ,) que Notker avoit faites en prose, sont ce qu'on appelle à l'église antiennes et répons, lesquels, du moins les antiennes, étoient toujours en (1) Cap. 16. Sequentias quas idem Pater sanctus fecerat, destinavit per Bajulum urbis Roma papæ Nicolao, et Liutwardo Vercellensi episcopo, tunc tempore Caroli Magni Imperatoris (c'est Charles-le-Gras dont il est ici question), qui venerandus apostolicæ sedis pontifex, omnia quæ beatus vir Notkerus dictaverat, canonisavit, videlicet hymnos, sequentias, tropos, letanias, omnesque cantilenas rhythmicè metricè vel prosaicè quas fecerat, etc. |