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A la fin du quatrième chapitre (1), j'ai introduit un épisode qui remonte à 1829, époque où je me trouvais à Genève, pendant la campagne des Russes contre les Turcs. La date en est donc bien antérieure à celle des deux voyages que j'ai faits plus tard dans la même ville, en qualité d'observateur et de curieux. Mais c'est le seul épisode hors de temps que je me sois permis dans ma relation particulière.

Dévoué de cœur et d'âme à la religion catholique, apostolique et romaine, que j'ai le bonheur de professer, et pleinement convaincu de toutes les vérités qu'elle enseigne, j'ai dû, chaque fois qu'il s'est agi de controverses religieuses, tenir un laugage franchement catholique. Eh! pourquoi aurais-je eu la coupable faiblesse de déguiser des principes dont je dois me glorifier, loin d'en rougir? Parce que l'on appartient à la bonne cause, faut-il dissimuler sa croyance et ses opinions? Raison de plus, il me semble, pour s'exprimer ou

(1) Pag. 45 et suiv.

vertement. Et d'ailleurs, avec la sincérité qui a

constamment guidé ma plume, la crainte de blesser les miens ne pou

des sentimens qui ne seraient

pas

vait même pas se présenter à mon imagination. Mais, si en parlant des anciens chefs de la réforme, qui ont entraîné Genève et le Pays-deVaud dans l'erreur, j'ai fait connaître la vérité dans tout son jour, et par-là sous un aspect peu favorable au protestantisme; si, lorsque j'en suis venu à l'époque où nous vivons, j'ai signalé des faits et des doctrines qui déshonorent les sectes séparées de l'Église romaine, en racontant ce que j'avais vu ou ce que je savais d'une manière authentique ; ailleurs je n'ai point oublié cette justice que l'on doit naturellement à des frères égarés, à des hommes de mérite et de talent, à des citoyens recommandables par leurs vertus privées ou publiques, observant à leur égard la même justice et la même impartialité que s'ils eussent été dans la religion de leurs pères. C'était une chose due, j'en conviens, mais si j'eusse agi différemment, ce dont je suis incapable, on pu à bon droit me reprocher de la passion et

aurait

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de l'esprit de parti; or ce sont des reproches que je n'aurais point voulu mériter.

On trouvera peut-être que je me suis livré à des digressions trop nombreuses dans un ouvrage où il semble que j'aurais dû ne parler toujours que de la Suisse, de ses villes et de ses villages, de ses curiosités, de ses sites, de ses admirables points de vue, etc. Mais, outre que, suivant mon plan, je ne pouvais me borner à une simple description de lieux et de monumens, on voudra bien considérer encore que l'histoire religieuse et littéraire de la Suisse occidentale, et en particulier de Genève, embrasse une telle multitude de faits intéressans, qu'il me devenait impossible de passer sous silence les plus curieux sans manquer essentiellement à mon but, et sans priver le lecteur des tableaux les plus capables souvent de fixer son attention. Et pour ce qui regarde les digressions proprement dites que je me suis permises, celles, en un mot, qui, au premier coup-d'œil, sembleraient moins appropriées à mon sujet, je pourrais me justifier à cet égard par l'exemple de

nos grands écrivains, dont les ouvrages du même genre en renferment quelquefois de très-étranges, mais aussi pleines d'à-propos et de charme. J'ai donc saisi l'occasion de faire comme eux, à part le génie qui les distingue de mon médiocre talent.

Ennemi des détails fastidieux et inutiles, comme aussi de ces prologues sans fin où un auteur s'égare en mille détours au lieu d'aborder promptement son sujet, j'ai fait en sorte d'être clair et concis dans mes narrations, évitant avec précaution tout mot, toute phrase obscure; et, afin de captiver plus agréablement le lecteur, je n'ai rien négligé pour lui rendre la science légère et intéressante dans les morceaux qui touchent plus particulièrement à l'érudition. Loin de moi cependant la prétention d'avoir atteint ce but si honorable! Je désire seulement de ne m'en être pas trop éloigné.

Au reste, si je ne puis me flatter d'obtenir l'indulgence du public pour toutes les imperfections de mon ouvrage (et cette indulgence m'est surtout bien nécessaire pour les premiers chapitres, que j'ai rédigés avec moins d'expérience que les autres),

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compte

j'ose néanmoins conserver l'espoir qu'on me tiendra de l'entière fidélité de mes descriptions, de la vérité scrupuleuse des faits, de la mise au jour d'un grand nombre de choses peu connues ou entièrement inédites, comme aussi de l'exactitude rigoureuse que j'ai apportée dans toutes mes citations d'auteurs, dont je n'ai tiré aucun passage sans avoir leurs ouvrages manuscrits ou imprimés sous les yeux. Car, indépendamment des livres que j'ai consultés pour perfectionner mon travail, il m'a fallu recourir encore à bien des ouvrages et à bien des manuscrits pour pouvoir en donner une juste analyse et en faire la critique dans mes revues littéraires.

J'eusse voulu parfois être moins prodigue de citations (les plus longues, d'ailleurs, sont renvoyées à la fin de chaque volume); mais ces richesses étrangères, comme les appelle M. de Châteaubriand, dans son admirable Itinéraire, ne déplairont peutêtre pas à toutes les classes de lecteurs; beaucoup même d'entre eux les verront, je pense, avec plaisir, soit parce qu'elles offrent généralement de l'intérêt,

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