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soit parce que, étant le fruit de longues et pénibles recherches, il faudrait, pour la plupart, les aller chercher dans des livres peu communs, ou dans de grandes collections qui ne sont pas entre les mains de tout le monde. Mais un motif plus grave fera apprécier le mérite de ces extraits détachés (et tous les gens honnêtes seront de mon avis), c'est que plusieurs sont tirés d'ouvrages auxquels il eût été dangereux de renvoyer certains lecteurs, à cause des idées philosophiques ou irréligieuses, et, quelquefois même, des licencieux détails qu'ils renferment.

Malgré la longue étendue de cet ouvrage, où il n'est pourtant question que de deux cantons de la Suisse (ceux de Genève et de Vaud), les notes que j'ai recueillies sur la rive gauche du Léman n'en font pas partie. Dans mon dernier voyage j'explorai encore le côté de la Savoie, pays non moins curieux, sous certains rapports, que le côté de la Suisse. Là je vis avec un extrême plaisir Thonon, Ripaille, Evian, Bonneville, puis la superbe vallée de Chamouny, et, de retour à Genève, j'allai m'ins

taller pendant deux journées consécutives à Ferney, pour y voir en détail le château et les appartemens de Voltaire. Or, avec mes notes sur ces lieux célèbres, et en donnant à cette suite la forme historique et littéraire que j'ai adoptée pour mon ouvrage actuel, j'aurais de quoi publier facilement un troisième volume. Mais je n'ai point la pensée de le faire, mon expérience m'ayant appris combien il fallait de temps, de soins et de persévérance à un écrivain consciencieux, et encore doué d'assez de talent, pour rendre ses manuscrits vraiment dignes de voir le jour! Moi donc, avec l'incertitude où je me trouve sur le sort réservé à mon début, je ne me sens ni assez de capacité ni assez de courage pour

tenter un nouvel essai.

Je déclare même, sans une fausse humilité, que j'aurais abandonné mon premier travail, dont l'exécution me paraissait au-dessus de mes forces, et bien qu'il fût déjà très-avancé, si l'on ne m'eût pas vivement engagé à le poursuivre, en me disant des choses bien capables de m'exciter, malgré ma juste défiance de moi-même. En effet, après avoir com

que

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muniqué mes manuscrits à des hommes pleins de savoir et de lumières, à des hommes dont les études spéciales devaient me faire respecter leur opinion, quelle qu'elle fût, j'ai reçu d'eux des encouragemens si flatteurs (je n'ose dire des éloges), que tout autre à ma place n'aurait pu y résister. Que l'on s'en prenne donc à leur indulgence excessive si je m'en suis trop rapporté à leur favorable jugement! Inconnu dans la littérature, me sentant plus capable de vivre dans l'obscurité de faire quelque peu de bruit dans le monde, j'eusse pour jamais renoncé à la noble mais dangereuse profession d'auteur si ces juges, beaucoup plus éclairés que moi, et dont j'avais réclamé d'ailleurs une entière franchise, ne m'avaient sérieusement pressé de donner au public le fruit de mon travail. Pour me prouver même jusqu'à quel point ils s'intéressaient au succès de l'ouvrage, ils se sont condamnés, par obligeance, à en revoir les épreuves avec moi, au fur et à mesure de la composition des feuilles. Aussi, dans l'occasion, ma docile obéissance ne leur a pas fait défaut : ils savent avec quel scrupule j'ai suivi leurs

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conseils, dictés par l'expérience et le bon goût. Puissent leurs efforts et les miens ne pas être en pure perte! Le public en décidera.

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PITTORESQUE,

HISTORIQUE ET LITTÉRAIRE

A GENÈVE

ET DANS LE CANTON DE VAUD.

CHAPITRE PREMIER

Ville de Saint Claude et son ancienne abbaye, où vint mourir saint Claude, évêque de Besançon. Reliques du même saint. Incendie affreux arrivé en 1799-L'avocat Christin (note). - État actuel de

la ville reconstruite.

JE partis de Lyon, où j'avais fixé mon séjour avant de venir habiter Paris. Après avoir parcouru quelques départemens limitrophes de la Suisse, je me dirigeai du côté de Genève, que je me proposais de visiter dans le plus grand détail,

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