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organisation. C'est là-dessus que se fondent l'art d'instruire, d'élever, de guérir et de gouverner les hommes (ou l'éducation, la morale, la médecine, la législation et l'économie politique); c'est-à-dire, l'ensemble des moyens propres à nous rendre aussi heureux ou aussi peu malheureux qu'il est possible. Il faut insister là-dessus, car l'ignorance ou le mépris de cette vérité fondamentale ont fait et pourroient faire encore le malheur du genre humain; et il me semble qu'au lieu d'injures, on devroit quelque reconnoissance et des encouragemens aux esprits bien faits et aux cœurs honnêtes livrés au soin de la mettre dans tout son jour.

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La première partie de mon ouvrage étoit destinée à montrer la génération de nos idées et de nos facultés intellectuelles; elle offre de plus une démonstration assez étendue de l'influence des signes sur la formation des idées, ou les fondemens d'une grammaire philosophique et les principes généraux de l'art de raisonner. La seconde

présente le développement des desirs, des besoins, des passions, des affections et des habitudes morales (dont l'ensemble s'exprime communément par ce terme abstrait volonté), avec quelques vues générales sur l'éducation, l'opinion, la religion, la législation et le gouvernement; sur les forces, dont l'ensemble produit le caractère, súr la toute-puissance de l'habitude, enfin sur la liberté et le bonheur; ce qui achève de completter le tableau de la faculté pensante: et comme ce tableau est le tronc sur lequel il faut enter l'arbre encyclopédique des sciences, il me conduit tout naturellement à présenter dans une troisième et dernière partie une nouvelle division de nos connois→ sances, que je crois plus philosophique que celles qui ont eu lieu jusqu'à ce jour, et qui d'ailleurs étoit devenue nécessaire par le progrès des lumières; car un pareil tableau n'est point invariable, et la marche de l'esprit humain exige qu'il y soit fait, de tems en tems, des changemens (séculaires ou semi-séculaires) subordonnés à ceux de

siècles passés n'ayant pu si bien moissonner le champ du génie qu'il n'y reste encore beaucoup d'épis à glaner.

Tandis que je m'occupois de l'impression de cet ouvrage, commencée il y a près de trois ans, et toujours retardée par le manque de fonds, de santé, de loisir, etc., il a paru plusieurs ouvrages intéressans, et dont les principaux sont ceux des CC. Cabanis, Thracy, Degerando et Maine Birhan (1). J'ai éprouvé un grand plaisir à la lecture de ces vrais philosophes, j'ai été ravi de la grande conformité de mes idées avec les leurs, et elle m'a de plus en plus convaincu que la science de l'entendement marchoit rapidement vers sa perfection, puisque tous les bons esprits convergeoient heureuse→ ment vers un même point. Enfin la seconde

(1) Je ne puis parler ici des ouvrages anatomiques et physiologiques des CC. Cuvier, Dumas, Bichat, Richerand, etc., que je regrette de n'avoir pu lire encore, mais dont je me promets bien de faire par la suite mon profit.

classe de l'Institut national qui, depuis cinq à six ans, a déja si fort contribué aux progrès de l'esprit humain, tant par les ouvrages qu'elle a produits que par ceux auxquels ses questions ont donné naissance, semble avoir voulu mettre la dernière main à son ouvrage par le problême qu'elle vient de proposer. Pour le résoudre on n'aura guère qu'à puiser dans les excellentes sources qui sont maintenant entre les mains du public, et la récapitulation de toutes les idées saines qu'elles renferment, fixera irrévocablement l'état de la science idéologique; science qui, malgré le rire des insensés, les sarcasmes de l'ignorance, et le mépris apparent de gens qui ne sont pas de bonne foi, n'en est pas moins la plus belle et la plus utile portion de l'histoire naturelle de l'homme.

Il faudroit être bien sot ou bien vil pour rougir d'un titre dont s'honoroient Bacon, chancelier d'Angleterre; le grand Frédéric, roi de Prusse; Catherine II, impératrice

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Suède, etc. et qu'honorent depuis près de deux siècles les Descartes, les Newton, les Léibnitz, les Franklin, les Euler, les d'Alembert, les Voltaire, etc., etc.

Quoi qu'il en soit, pour ne pas perdre à l'avenir dans des discussions polémiques un tems que je crois pouvoir mieux employer, je déclare ici, une fois pour toutes, que prenant pour devise de tous mes ouvrages à la vérité et au perfectionnement de la raison humaine, je marcherai d'un pas ferme et invariable vers ce but, dont rien ne pourra m'écarter : que préférant à tout, 1°. l'indépendance et le repos; 2°. l'estime et l'amitié de mes confrères (les philosophes et les gens de lettres), je serai toujours content de la portion de gloire ou de réputation qu'ils voudront me laisser, si petite qu'ils veuillent la faire (car je sens dans mon cœur l'heureux besoin d'aimer tout le monde, de n'envier personne, et de n'abhorrer que les forfaits); et que toujours prêt à prendre la plume quand l'amour du vrai, de l'hon

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