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ceux qui l'ont bien connu le souvenir d'un ami loyal et fidèle, et d'un esprit ingénieux. Il a écrit un livre qui est un modèle de patiente érudition. Il avait entrepris une tâche qui peut sembler impossible, celle de rechercher l'origine des phrases célèbres. Or, il se trouve que ces mots légendaires, que tout le monde connaît, se perdent, à leurs débuts, dans la nuit, et que leur genèse est d'autant plus obscure que leur notoriété est plus éclatante. Dans cette recherche, Roger Alexandre a montré une perspicacité singulière. Il cherchait dans les journaux, les revues, les bibliothèques, et il faisait des découvertes imprévues. Le Musée de la Conversation contient ces précieux documents, et ce n'est pas sans respect qu'il faut étudier et consulter ce curieux ouvrage; car parfois telle citation, qui tient en deux lignes, a coûté des jours et même des semaines de recherches bibliographiques.

« R. Alexandre mettait autant de soin à dissimuler la bonté de son cœur et la pénétration de son esprit, que d'autres à en faire parade. Cet investigateur des curiosités bibliographiques était un esprit profondément original. Il avait sur les choses et les hommes des idées personnelles ; ce n'est pas un mince éloge; tant d'hommes passent dans la vie sans avoir réfléchi, sans avoir compris. Et quant à son âme généreuse, je pourrais citer de lui maint trait d'héroïsme, si bien qu'il est juste de dire que son cœur était égal à son esprit. >>

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NOUVELLES

- JULES LEMAITRE (de l'Académie française). — Myrrha, vierge et martyre. Compositions de Louis-Édouard Fournier, gravures de Xavier Lesueur. Préface par l'auteur. Paris, librairie des amateurs, A. Ferroud, libraire-éditeur, 127, boulevard Saint-Germain, 127, 1903, in-8 de 2 ff., XVI-68 pp. et 1 f.

Myrrha, que vient de publier M. François Ferroud sous une forme tout à fait digne du maître qui a écrit ce récit d'une puissante émotion, paraît à son heure. Elle est presque d'actualité. Si, comme au temps de Néron, les chrétiens ne sont plus livrés aux bêtes dans l'arène du cirque, pour la plus grande joie du monstrueux empereur, du moins les puissants du jour jettent-ils en pâture à la fureur des ennemis du catholicisme des hommes qui commettent le crime, impardonnable à leurs yeux, de conserver fidèlement la religion de leurs pères, de l'honorer, de la pratiquer et de la défendre.

Mais ce n'est pas ici le lieu de faire de la politique, cette affreuse chose, et je veux croire que les bibliophiles ont l'âme trop douce pour s'exercer à ce genre de sport. Mieux vaut assurément oublier, momentanément, les tristesses du présent et ne penser qu'aux livres, ces fidèles amis et ces suprêmes consolateurs.

La nouvelle édition de Myrrha se présente dans les conditions les plus favorables. Le nom de Jules Lemaître est le garant de l'excellence du texte, sans compter que l'éminent académicien a écrit, spécialement pour cette luxueuse réimpression, une petite préface d'un fin ragoût littéraire; il y trace un magistral portrait de Néron, expose, en quelques lignes mais avec quel art, les turpitudes de ce << très méchant homme » et réfute avec finesse l'un des chapitres de l'Antechrist, de Renan, chapitre exquis, d'ailleurs, ajoute-t-il, intitulé « L'Esthétique de Néron ». « Oh! combien M. Renan le flatte!

ceux

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et combien cela me trouble et m'afflige! J'ai entendu dire à M. Renan (car ce grand homme était la sincérité et la simplicité même) qu'il y avait dans ses livres des pages qu'il regrettait d'avoir écrites. Je suis convaincu que la page sur « l'Esthétique de Néron » est de celles-là. Mais je suis bien content qu'il l'ait écrite tout de même .» L'artiste qui a illustré Myrrha, M. Louis-Édouard Fournier, est de et ils sont peu nombreux dont le talent a su conquérir la sympathie des bibliophiles. Rappelez-vous le succès que lui valurent les originales compositions qu'il a dessinées pour ce petit chefd'œuvre de Coppée, Le Passant, et, tout récemment, les exquis tableautins qui ornent la traduction de Pétrone par M. Jérôme Doucet. M. L.-E. Fournier était tout désigné pour peindre ces scènes de l'antiquité, et il les a peintes sans effort, avec autant de naturel que s'il en eût été le témoin, avec la conscience et la délicatesse qui lui sont propres. L'illustration de Myrrha comprend treize compositions, qui se répartissent ainsi : un en-tête, un cul-de-lampe, sept dans le texte, trois hors texte, et celle du titre, reproduite sur la couverture. M. Xavier Lesueur, dont le talent s'affirme de jour en jour, a traduit à l'eau-forte, avec une heureuse fidélité, les dessins du peintre, et il n'est que juste d'associer ce consciencieux graveur au succès qui a accueilli l'œuvre de Jules Lemaître, et dont M. François Ferroud, l'habile metteur en scène, doit aussi prendre légitimement sa part,

GEORGES Vicaire.

Les Filigranes des papiers contenus dans les archives de la ville de Strasbourg, par Paul HEITZ. Strasbourg, J. H. Ed. Heitz (Heitz et Mündel), 1902, in-4° de 8 pp. et 40 planches. Les Filigranes des papiers contenus dans les incunables strasbourgeois de la Bibliothèque impériale de Strasbourg, par Paul HEITZ. Ibid., id., 1903, in-4o de 34 pp., 1 f. et 50 planches.

M. Huillard-Bréolles, alors chef de section aux Archives nationales, appelait, il y a une trentaine d'années, l'attention des travailleurs sur l'utilité qu'il y aurait à écrire une histoire des filigranes suivant une classification méthodique de ces marques de fabrique pouvant servir à faire reconnaître la provenance des papiers. MM. Midoux et Matton, bien auparavant, avaient déjà publié une

nord de la France. M. Ch. Schmidt, depuis, s'est occupé des filigranes des papiers employés à Strasbourg, de 1343 à 1525. M. Lucien Wiener, conservateur du Musée historique lorrain, a publié une étude sur les filigranes des papiers lorrains. En 1830, M. Giuseppe Antonelli, dans ses Ricerche bibliographiche sulle edizioni ferraresi del secolo XV a donné la reproduction d'un certain nombre de filigranes. On doit également à M. Briquet, de Genève, d'intéressants travaux sur cette matière.

Aujourd'hui, M. Paul Heitz apporte à l'histoire des filigranes une très importante contribution. Reprenant le travail de feu M. Ch. Schmidt, publié en 1876 dans le Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, cet érudit a complété et singulièrement amélioré l'œuvre de son devancier qui lui avait abandonné sa collection de papiers originaux; beaucoup d'additions proviennent, du reste, des notes et des calques de M. Ch. Schmidt.

L'ouvrage de M. Heitz' doit comporter trois fascicules, dont deux ont actuellement paru. Le premier fascicule, qui a vu le jour en 1902, traite spécialement des filigranes des papiers contenus dans les archives de la ville de Strasbourg; les quarante planches qui l'accompagnent donnent la reproduction de 386 filigranes (l'étude de Schmidt n'en offrait que 40). Balance, cloche, chien, tête de bœuf, croissant, tête de cerf, fleur de lis, dragon, main, croix, arbalète, écu, arbre, couronne, gant, cornet, etc, etc, toutes ces marques, diverses et variées, sont reproduites avec un très grand soin. M. Heitz a tenu compte, dans une même marque, des moindres différences de dessin et il les signale minutieusement. Une table explicative des planches indique dans quelles archives il a rencontré chacun des filigranes: archives de la ville, auxquelles ont été versées celles du Chapître de Saint-Thomas et des Hospices, archives du département, de l'Euvre Notre-Dame, manuscrits jadis Bibliothèque de la ville.

Le second fascicule, paru en 1903, a trait aux filigranes des papiers contenus dans les incunables strasbourgeois de la Bibliothèque impériale de Strasbourg; il est de beaucoup plus d'importance que le premier. Orné de 50 planches, il reproduit exactement en facsimilé 1330 filigranes. « L'étude des filigranes dans les incunables, écrit M. Paul Heitz, n'est pas encore suffisamment approfondie pour que l'on puisse émettre des jugements catégoriques de quelque nature que ce soit. Dans la plupart des cas, il est impossible jusqu'à l'heure actuelle d'attribuer avec sûreté chaque filigrane à sa fabrique; bien plus, il faut déjà s'estimer heureux lorsqu'on arrive à désigner une région quelconque comme leur pays d'origine. Quoiqu'il en soit, nos recherches ne seront pas dépourvues d'intérêt si elles nous font connaître quelle espèce de papier fut employée par

et combien cela me trouble et m'afflige! J'ai entendu dire à M. Renan (car ce grand homme était la sincérité et la simplicité même) qu'il y avait dans ses livres des pages qu'il regrettait d'avoir écrites. Je suis convaincu que la page sur « l'Esthétique de Néron » est de celles-là. Mais je suis bien content qu'il l'ait écrite tout de même .» L'artiste qui a illustré Myrrha, M. Louis-Édouard Fournier, est de ceux et ils sont peu nombreux dont le talent a su conquérir la sympathie des bibliophiles. Rappelez-vous le succès que lui valurent les originales compositions qu'il a dessinées pour ce petit chefd'œuvre de Coppée, Le Passant, et, tout récemment, les exquis tableautins qui ornent la traduction de Pétrone par M. Jérôme Doucet. M. L.-E. Fournier était tout désigné pour peindre ces scènes de l'antiquité, et il les a peintes sans effort, avec autant de naturel que s'il en eût été le témoin, avec la conscience et la délicatesse qui lui sont propres. L'illustration de Myrrha comprend treize compositions, qui se répartissent ainsi : un en-tête, un cul-de-lampe, sept dans le texte, trois hors texte, et celle du titre, reproduite sur la couverture. M. Xavier Lesueur, dont le talent s'affirme de jour en jour, a traduit à l'eau-forte, avec une heureuse fidélité, les dessins du peintre, et il n'est que juste d'associer ce consciencieux graveur au succès qui a accueilli l'œuvre de Jules Lemaître, et dont M. François Ferroud, l'habile metteur en scène, doit aussi prendre légitimement sa part.

GEORGES VICAIRE.

Les Filigranes des papiers contenus dans les archives de la ville de Strasbourg, par Paul HEITZ. Strasbourg, J. H. Ed. Heitz (Heitz et Mündel), 1902, in-4° de 8 pp. et 40 planches. Les Filigranes des papiers contenus dans les incunables strasbourgeois de la Bibliothèque impériale de Strasbourg, par Paul HEITZ. Ibid., id., 1903, in-4o de 34 pp., 1 f. et 50 planches.

M. Huillard-Bréolles, alors chef de section aux Archives nationales, appelait, il y a une trentaine d'années, l'attention des travailleurs sur l'utilité qu'il y aurait à écrire une histoire des filigranes suivant une classification méthodique de ces marques de fabrique pouvant servir à faire reconnaître la provenance des papiers. MM. Midoux et Matton, bien auparavant, avaient déjà publié une

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