toire qui n'a pas non plus laissé passer sans s'y associer l'hommage ému rendu par l'orateur à M. Gaston Paris dont la science française venait d'enregistrer, trois jours auparavant, la perte irréparable.

M. Vander Haeghen a dit, au nom des érudits belges, en quelle estime ceux-ci tenaient le défenseur infatigable des richesses publiques, trop souvent dilapidées au siècle dernier. Pour obéir à une vieille coutume flamande il a, en terminant, remis à M. Delisle le beau hanap à son chiffre, dont j'ai parlé plus haut.

La tâche de M. Henry Martin était de beaucoup la plus difficile, car il avait à présenter à M. Delisle la liste des hommages venus de tous les points de l'Europe sous tant de formes différentes et il lui fallait éviter dans cette longue énumération la monotonie résultant de ces formules mêmes. M. Henry Martin s'en est très habilement tiré et a eu l'art de n'oublier ni de ne fatiguer personne.

M. Delisle a pris enfin la parole pour remercier les souscripteurs et leurs interprètes et, renvoyant à ses collaborateurs une bonne part des progrès accomplis à la Bibliothèque nationale sous son administration, il s'est surtout félicité que les inventaires, les catalogues et les répertoires mis au jour depuis cinquante ans aient pu favoriser des travaux bibliographiques considérables embrassant toutes les périodes de l'histoire de l'imprimerie puisque les incunables, comme les plus beaux livres du XIXe siècle, en ont été l'objet. A leur tour, chacune de ces allusions a été saisie par l'assistance et chaudement acclamée.

Après avoir défilé devant M. Delisle et admiré le contenu des vitrines où se trouvaient groupés les parchemins enrubannés, les adresses calligraphiées, les

dont le destinataire allait enfin prendre possession, les souscripteurs n'ont pas oublié le second héros de la fête qui, pour y avoir joué le rôle de personnage muet, ne s'en trouvait pas moins le véritable instigateur; tous se disaient et lui disaient que son nom était désormais inséparable de celui de M. Léopold Delisle et ceux qui connaissent M. Paul Lacombe savent qu'il n'a jamais ambitionné de plus haute, de plus flatteuse et de plus légitime récompense.

MAURICE TOURNEUX.

31 mars 1903.

REVUE

DE

PUBLICATIONS NOUVELLES

Catalogue de la Bibliothèque de la ville de Montpellier (dite du Musée Fabre), par L. GAUDIN, docteur en droit, bibliothécaire. Fonds de Languedoc. Montpellier, typographie Louis Grollier père, boulevard du Peyrou. 7, 1902, in-8, XV-798 pp. et 1 f. blanc.

La ville de Montpellier possède déjà de nombreux catalogues des livres conservés dans sa riche bibliothèque: un catalogue général et des catalogues de divers fonds particuliers, tels que ceux des livres légués par MM. l'abbé J.-B.-M. Flottes, le docteur C. A. Fages, S.-A. Regnaud, Ch. de Vallat, L. Vallet, le docteur C. Cavalier, parus de 1866 à 1898.

M. L. Gaudin, l'érudit bibliothécaire de la ville, vient de publier un nouveau catalogue qui s'ajoute à cette collection, le catalogue du fonds de Languedoc. Ce fonds aujourd'hui très important n'existait pour ainsi dire pas, lorsque M. Gaudin fut chargé de la direction de la bibliothèque de Montpellier; c'est à lui qu'on doit de l'avoir constitué. « Je me suis mis immédiatement à l'œuvre, écrit notre confrère, surveillant pendant des années toutes les occasions favorables d'acquérir les trop nombreux articles qui nous manquaient; prenant copie, dans les divers dépôt de Paris et des départements, des pièces manuscrites ou imprimées qu'il ne m'était pas possible d'avoir différemment sollicitant des écrivains locaux, des académies et autres sociétés savantes de notre région méridionale, l'octroi gracieux de leurs publications etc. etc. », Les recherches patientes et le dévouement de M. Gaudin ont été récompensés, car le fonds dont il a doté la bibliothèque de Montpellier a acquis une grande importance. On s'en rendra facilement compte en consultant l'excellent catalogue que le directeur de ce dépôt vient de rédiger. J'y relève 4760 articles. Dans la

préciable, tous les écrits anciens et modernes, publiés jusqu'à présent sur le Languedoc en général, sa topographie, son histoire naturelle, civile et religieuse; sur ses institutions politiques et administratives, sur sa suppression comme province, en 1790. La seconde partie est consacrée aux divers départements entre lesquels il fut alors morcelé. M. Gaudin a complété son travail par la nomenclature des études languedociennes éparses dans des collections ou dans des ouvrages, rangés, par suite du classement méthodique, dans d'autres parties du catalogue général et le dépouillement des recueils cités seulement par leur titre.

Le Catalogue du fonds de Languedoc termine l'impression du Catalogue général de la Bibliothèque Montpelliéraine. J'ajoute qu'il se termine par une table des auteurs et des ouvrages anonymes qui facilite aux travailleurs la consultation de cet ouvrage.

Il faut savoir gré à M. Gaudin de son érudite activité et il est à souhaiter que les derniers catalogues qui restent à paraître, ne tardent pas à voir le jour; il s'agit du catalogue des livres légués par Paul Lacroix et de celui des livres dont a fait don à la ville de Montpellier Mile Marie Pellechet.

G. V.

Histoire du XVIe arrondissement de Paris, par A. DONIOL, ancien conseiller d'État, inspecteur général des ponts et chaussées en retraite, membre du Conseil de l'ordre de la Légion d'Honneur et de la Commission municipale du Vieux Paris, président de la Société historique d'Auteuil et de Passy. Paris, librairie Hachette et Cie, 79, boulevard Saint-Germain, 1903, gr. in-8, 2 ff. 537 pp. et 1 f.

Quoique j'habite Passy depuis un nombre respectable d'années, j'avoue, à ma honte, que je ne suis pas très familiarisé avec son histoire; j'éprouve donc quelque embarras à rendre compte, comme il conviendrait et avec la sincérité nécessaire, de l'ouvrage que M. A. Doniol vient d'éditer an profit de l'Union d'assistance du XVI arrondissement. Mon érudit eollaborateur et ami, M. Antoine Guillois, l'auteur d'ouvrages historiques fort appréciés et dont j'ai eu, plusieurs fois déjà, l'occasion de parler ici-même, a écrit sur le livre de M. Doniol une petite notice; je ne saurais mieux faire que de la

<< En écrivant l'Histoire du XVIe arrondissement de Paris, M. Doniol a entrepris de rappeler les évolutions successives de quartiers qui sont aujourd'hui comme l'avant-garde de l'extension parisienne.

<< Après avoir étudié, dans une première partie, le passé d'Auteuil, de Chaillot et de Passy, puis l'histoire de toutes les rues du XVIe arrondissement; après avoir montré comment ces voies ont été construites, comment elles sont classées, régies, éclairées par les soins de l'Administration municipale, M. Doniol a traité tout ce qui concerne l'avenir social de cette région qui, toute jeune qu'elle est, peut avec ses institutions de charité, de prévoyance, d'hygiène et d'éducation, être considérée comme le type de la cité moderne.

« Ce serait une erreur de croire que l'auteur ait borné là son ambition; dans une deuxième partie, qui n'est pas la moins importante et qui touche à l'histoire littéraire de la France entière, il a évoqué, en réimprimant avec l'autorisation des auteurs, plusieurs articles écrits par des membres de la Société historique d'Auteuil et de Passy, le passé glorieux de ces villages charmants qui formaient autrefois comme une riante ceinture à la grande ville. Il a fait ainsi, en quelque sorte, comme la synthèse du Bulletin de cette Société.

<< Des plaus donnent la situation du XVIe arrondissement en 1731, en 1859 (c'est-à-dire immédiatement avant l'annexion), et en 1902; des vues anciennes font revivre des paysages disparus; des portraits rappellent des célébrités d'autrefois. C'est l'évocation dans le milieu où ils ont vécu, des hommes illustres du passé, d'abord Molière, Racine et Boileau, ensuite d'Aguesseau, Franklin et Condorcet, puis La Tour-d'Auvergne, Balzac, Béranger, Jules Janin et Rossini; enfin, Victor Hugo et Lamartine, qui ont attaché pour toujours leurs noms à ceux d'Auteuil et de Passy.

<< Ainsi l'auteur, dans un cadre solide et grâcieux, a su réunir la vie du grand siècle à celle d'aujourd'hui, un passé éclatant à un avenir plein de promesses. >>

L'ouvrage de M. Doniol est orné de cent vingt-cinq gravures; il contient, à la fin, diverses tables: un index alphabétique des rues, boulevards, avenues,. monuments et principaux établissements existant dans le XVIe arrondissement de Paris en 1902, un index alphabétique des personnes nommées dans l'ouvrage, une table des illustrations et une table des matières. G. V.