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dignitaires qui ont rempli ces fonctions depuis 1198 jusqu'en

1216.

Venaient ensuite les notaires qui aidaient le chancelier ou vicechancelier dans la rédaction des actes et la surveillance des employés subalternes. La plupart des notaires devaient avoir une grande expérience des affaires. C'était parmi eux qu'Innocent III choisissait d'ordinaire ses vice-chanceliers'. Souvent aussi c'était aux notaires qu'il confiait les missions à remplir dans les différents états du monde chrétien telles sont les légations de Philippe, en Allemagne (janvier 1202) *, de Mile, en France (1208) 3 et de Maxime, à Constantinople (août 1212) *.

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Sous les ordres du chancelier et des notaires étaient placés quatre bureaux, s'il est permis d'employer ce mot, savoir : le bureau des minutes, le bureau des grosses, le bureau du registre et le bureau de la bulle.

Au bureau des minutes, on rédigeait, sous forme très-abrégée, la minute des actes écrits au nom du pape. Ces minutes sont qualifiées par Innocent III de litteræ notatæ. On trouve avec le même sens nota et charta nolata, dans un poëme du treizième siècle que Mabillon a tiré d'un manuscrit d'Einsidlen. Les clercs chargés de la rédaction des minutes avaient le titre de abreviatores.

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Au bureau des grosses s'écrivaient les actes mêmes, c'est-àdire les expéditions originales, ou, si l'on veut, les exemplaires qui devaient être remis aux destinataires ou aux parties intéressées. On les écrivait après que la minute avait été approuvée par le pape, le vice-chancelier ou un notaire. Quelquefois aussi le pape se faisait lire la grosse. Les expéditions originales sont ce qu'Innocent III désigne par les mots litteræ redactæ in grossam litteram. Le poëme trouvé par Mabillon à Einsidlen contient les

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1. Voy. plus bas, p. 44 et 45.

2. Reg. de neg. imp., 30.

3. Reg., XIV, 95.

4. Reg., XV, 153, 154.

5. Reg., 1, 262.

6. Analecta, fol., p. 370 et 371.

7. Voy. les Constitutions de Jean XXII (Bibl. imp., ms. lat. 4114, f. 10, et ms,

lat. 4169, f. 89 et suiv.), et les textes cités par Du Cange, au mot Abbreviator.

8. Reg., I, 262.

9. Ibid.

expressions charta grossa et grossare'. De là le terme grossator pour désigner les scribes qui préparaient les expéditions originales. Ces mêmes scribes sont appelés scriptores litterarum dans les constitutions de Jean XXII. Il n'est guère probable que les scriptores dont parle l'auteur des Gestes d'Innocent III, et dont plusieurs nous sont connus, aient été exclusivement occupés à écrire les grosses.

Au bureau du registre, des clercs appelés registratores, ou scriptores regestri, tenaient les registres dans lesquels on gardait pour les archives pontificales la copie de certains actes du pape. Nous reviendrons sur ces registres dans le chapitre sui

vant.

Au bureau de la bulle, les actes étaient revêtus de la bulle du pape. Les clercs à qui cette opération était confiée sont les bullarii, dont il est question dans les Gestes d'Innocent III.

Quelques autres fonctionnaires étaient encore attachés à la chancellerie d'Innocent III. Je mentionnerai les correcteurs des lettres du pape et l'archiviste de l'église de Rome.

Le titre de correcteur indique assez clairement les attributions du fonctionnaire qui le portait. Le 11 septembre 1212, Innocent III autorisa Simon de Montfort à mettre à la tète de sa chancellerie maitre Pierre Marc, correcteur des lettres du pape".

L'archiviste de l'église de Rome (scriniarius) prêtait son concours quand il s'agissait d'examiner d'anciens documents. Comme exemple du soin qu'il apportait à cet examen, on peut citer la conduite de l'archiviste Henri, en 1213, quand il s'agit de faire confirmer par Innocent III plusieurs bulles, dont les originaux, écrits sur papyrus, étaient fort endommagés. L'archiviste Henri

1. Analecta, fol., p. 370 et 371.

2. Voy. Du Cange, au mot Grossa, 2.

3. Bibl. imp., ms. lat. 4114, fol. 10, et ms. lat. 4169, fol. 89 et suiv.

4. Ed. Du Theil, p. 46.

5. P., scriptor. » Reg., VI, 221

dus, scriptor.» Reg., XVI, 163.

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6. Constitution de Jean XXII, dans le ms. lat. 4169, f. 89 et suiv. Conf. Du Cange, au mot Abbreviator.

7. Constitution de Jean XXII, dans le ms. lat. 4114, f. 10.

8. Ed. Du Theil, p. 46.

9. a Magister Petrus Marcus, subdiaconus noster, corrector litterarum nostrarum »> Reg. XV, 167 et suiv.

les fit copier en rétablissant dans la copie certains passages que le temps avait presque entièrement détruits; mais il prit la précaution de distinguer les passages ainsi restitués par des caractères d'une forme insolite '.

D'après les détails qu'on vient de lire sur la constitution de la chancellerie pontificale, on voit que les lettres d'Innocent III pouvaient passer à la postérité de trois manières par les minutes, par les expéditions et par les registres. Les minutes et les registres ne devaient pas sortir des archives pontificales: les premières ne subsistent plus depuis longtemps, et il n'est pas même certain qu'elles aient jamais été conservées; quant aux seconds, ils ont été dispersés et en partie perdus, comme on le verra dans le chapitre suivant. Les expéditions ont été disséminées dans toutes les archives de la chrétienté; quoique le temps en ait détruit le plus grand nombre, beaucoup nous sont parvenues, soit en original, soit, en copie.

REGISTRES D'INNOCENT III.

L'usage de conserver dans des registres une partie des actes émanés des papes remonte à une haute antiquité. Malheureusement les plus anciens registres ont disparu. Les fragments antérieurs à l'année 1198,qui sont échappés du naufrage, permettent d'apprécier la valeur du trésor dont nous déplorons la perte.

L'avénement d'Innocent III fut une ère nouvelle pour la chancellerie pontificale à partir de l'année 1198, la série des registres ne présente, pour ainsi dire, pas de lacunes.

Innocent III, qui occupa la chaire de saint Pierre pendant dix-huit ans et demi, voulut qu'à chacune des années de son pontificat correspondit un livre ou registre contenant les actes de cette année.

Ont été conservés jusqu'aux temps modernes :

1° Un volume de 158 feuillets environ, contenant les livres I et If. Il doit être au Vatican. La Bibliothèque impériale en possède une table écrite au quinzième siècle 2.

1. Supplendo quædam quæ secundum litteræ circumstantias in integris præsumebantur originalibus fuisse descripta, quæ causa discretionis mandavimus in hac chart a tonsis litteris exarari. » Reg., XVI, 61.

2. Ms. lat. 4118, f. 3-28 vo.

2o Un volume contenant les livres III (fort incomplet), V et VI. Il doit être au Vatican.

3o Un volume contenant les livres VIII et IX. Il doit être au Vatican.

4° Un volume contenant les livres X, XI et XII. Dans le livre XI, à la suite de la lettre 261, on lisait : « Willelmus Scofer, Constantiensis diocesis, scribit undecimum librum. »—Il semble qu'au dix-septième siècle ce volume ait appartenu à François Bosquet, évêque de Montpellier.

5° Un volume contenant les livres XIII, XIV, XV et XVI. Au dix-septième siècle il était dans la bibliothèque du collége de Foix à Toulouse. On conserve à la Bibliothèque impériale' la table d'un volume de 169 feuillets, ou environ, qui contenait les livres XIII-XVI, et appartenait aux archives pontificales. C'était peut-être le même que le ms. du collège de Foix.

6o Un volume contenant une collection de lettres d'Innocent III sur les affaires de l'Empire (Registrum super negotio Romani imperii). Il doit être au Vatican.

Ces manuscrits sont-ils les registres originaux? Ne sont-ils qu'une copie ou un extrait de ces registres? C'est là un point sur lequel il serait utile d'être fixé, mais que je ne saurais éclaircir. Pour résoudre le problème, il faudrait examiner les manuscrits et vérifier si dans ces manuscrits certaines pièces sont bien à la place indiquée soit par des notes de renvoi que fournit le texte même des registres 2, soit par des marques inscrites au dos des expéditions et dont il sera question plus loin 3.

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Dès maintenant, l'on peut regarder comme très-douteux que le deuxième livre, tel que nous l'avons, soit un des registres originaux. Car on y cherche inutilement deux lettres que, par le témoignage d'Innocent III lui-même, nous savons avoir fait partie du deuxième livre des Registres : l'une commence par les mots: Cum secundum evangelicam veritatem ; l'autre, par les mots Inter cætera in quibus 5.

1. Ms. lat. 4118, f. 29-52.

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2. « Ut in caterno penultimo regesti undecimi anni. » Reg., XII, 66. — « Ut in alia littera quæ scripta est in ultimo quaterno regesti duodecimi anni. Reg., XIII, 86.—— «Sicut continetur in penultimo quaterno regesti duodecimi anni de data Viterbii. >> Reg., XIII,& ,87.- -" Require supra in littera scripta eodem quaterno. » Reg., XIII, 94. 3. Page 33.

4. « Cum secundum evangelicam veritatem, etc., ut in secundo libro Regestorum, usque inter quos piæ memoriæ. » Reg., VI, 62.

5. «< Tua nobis devotio supplicavit ut quarumdam litterarum transcriptum quæ in

Jusqu'à présent il n'a pas été question des livres IV, XVII, XVIII et XIX. Ils ne paraissent pas être arrivés jusqu'aux temps modernes, mais ils ont certainement existé. Le livre XVIII se conservait en 1283 dans les archives de la chambre du pape, comme l'atteste un certificat du 20 juin de cette année '. De plus, La Porte Du Theil a fait connaître un fragment de table, qui, suivant ce savant, se rapporte au registre de la dix-huitième et peut-être de la dix-neuvième année du pontificat d'Innocent III.

Je m'arrêterai un instant sur ce fragment, pour montrer que les pièces y sont rangées à peu près dans l'ordre chronologique, et que ces pièces appartiennent à la dix-huitième et à la dix-neuvième année du pontificat d'Innocent.

Le fragment, tel que La Porte Du Theil l'a publié, indique 46 lettres. Je passerai en revue celles de ces lettres dont j'ai découvert le texte, et par conséquent la date.

N. 14. Encyclique relative à la condamnation du comte de Toulouse. 14 décembre 1215; dans Bouquet, XIX, 598.

N. 18. Lettre à l'évêque de Nîmes et à deux archidiacres, pour le comte de Foix. 21 décembre 1215; dans Bouquet, XIX, 600.

N. 21. Lettre relative aux reliques de saint Denys.

dans Doublet, Hist. de S. Denys, 544.

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N. 22. Lettre à l'archevêque de Narbonne, touchant les dépendances du comté de Melgueil. 16 janvier 1216; fera partie du Nouveau recueil de

lettres d'Innocent III.

N. 23. Lettre aux vassaux du comté de Melgueil, pour prêter serment de fidélité à l'évêque de Maguelone. 16 janvier 1216; fera partie du Nouveau recueil de lettres d'Innocent III.

N. 24. Lettre à l'archevêque de Reims, touchant l'excommunication de Baudouin d'Avesnes. 19 janvier 1216; dans Baluze, II, 591.

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N. 25. Lettre à l'abbé de Cluni, touchant l'élection du prieur de la Charité. 3 février 1216; dans Du Theil, 1156.

nostro contine[n]tur regesto tibi sub bulla nostra transmittere dignaremur... De verbo ad verbum fecimus ex regesto nostro anni secundi transcribi quod tibi de litteris ipsis necessarium fore videtur, illudque presenti pagina jussimus subnotari, cujus utique tenor est talis Inter cetera in quibus, etc. » Lettre du 31 oct. 1214, qui sera publiée dans le Nouv. rec. de lettres d'Innocent III.

1. « In regesto predicti domini Innocentii pape III, pontificatus ejus anni 18, inter alia hec specialiter continentur. » Acte du 20 juin 1283, qui sera publié, à la date du mois de novembre 1215, dans le Nouveau rec. de lettres d'Innocent III.

2. P. 1103 et 1104.

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