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NOTE

SUR

LA REPRODUCTION DU FAISAN DE SEMMERING

OU FAISAN CUIVRÉ DU JAPON (YAMATORI)

Par M. Gustave ANDELLE

En janvier 1874, M. Goudchaux, attaché au service des postes de l'Indo-Chine, voulut bien me rapporter, de son dixhuitième voyage au Japon, une paire de faisans de Sommering. Ces oiseaux supportèrent très-bien la traversée, qui fut cependant allongée de quinze jours par suite d'une relâche forcée à Pointe-de-Galles. Un accident dans la machine du paquebot mit dans l'obligation d'attendre le passage du bateau suivant. Lâchés dès leur arrivée dans un vaste parquet, ils ont parfaitement passé la fin de l'hiver.

Bien que complétement en couleur, ils n'ont pas pondu en 1874, tandis qu'une femelle de faisan versicolore, du même envoi, donnait naissance à une nombreuse famille, qui, depuis, n'a pas cessé de se reproduire chaque année.

En 1875, nous avons cru bien faire en mettant avec la femelle Sommering deux femelles de faisan ordinaire. Elles furent accouplées, mais ensuite tuées par le mâle avant la ponte.

Nous ne fûmes pas plus heureux avec la femelle japonaise qui pondit quatorze œufs qui furent tous clairs.

En 1876, nous nous sommes bien gardé de remettre des femelles étrangères; et, après des tentatives toujours assez bruyantes pour être remarquées, un accouplement eut lieu le 4 avril. La femelle fut tellement maltraitée par le mâle, qu'elle put être ramassée à la main, sans la moindre résistance. On la croyait morte, mais elle se remit au bout de quelques instants. C'est le seul accouplement remarqué, et on peut presque affirmer qu'il n'y en a pas eu d'autre. La ponte com3° SÉRIE, T. III. Décembre 1876.

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mença le 14 avril et fut, comme la précédente, de quatorze œufs.

Le premier et le deuxième étaient clairs; dans le troisième le petit était mort.

Les quatrième, cinquième, sixième et septième ont donné naissance à quatre petits.

Le huitième était clair.

Le neuvième et le dixième ont produit deux jeunes; les autres n'étaient pas bons.

En résumé:

Sept œufs fécondés, dont six naissances; sept œufs clairs. Les jeunes paraissent s'élever très-facilement : nous n'en avons perdu qu'un seul à l'âge de deux mois; les cinq autres sont aussi brillants que les adultes; malheureusement il y a quatre mâles et une seule femelle. Je garderai la jeune pour la reproduction, et je céderais volontiers trois mâles, qui feront d'excellents croisements.

Nous avons la preuve que ces oiseaux sont extrêmement robustes; nos importés ont passé l'hiver, exceptionnellement long et froid, de 1875-1876, dans une vaste volière, sans autre abri qu'un paillasson derrière lequel ils allaient rarement. Ils passaient leur journée dans la neige, qu'ils grattaient pour manger de l'herbe, qu'ils préfèrent au grain et au pain. La nuit, ils couchaient en plein air sur le perchoir le plus élevé. Ce sera un excellent oiseau de chasse, d'une grande vigilance jour et nuit.

Cependant nos élèves sont d'une familiarité qui contraste avec la sauvagerie des faisans vénérés, à côté desquels ils ont été élevés.

La tendance du måle à tuer les femelles ne doit être attribuée qu'à la captivité, car les faisans de Sommering sont trèsnombreux au Japon. Nos mineurs, qui sont allés travailler aux mines de cuivre de Ycouno, nous disent qu'ils en tuaient beaucoup autour de leur exploitation. Plusieurs ont rapporté des plumes qui ne peuvent laisser aucun doute sur leur véracité. Je les avais priés de me rapporter l'oiseau vivant, mais ils ont sans doute pensé comme ce Thibétain auquel le R. P. Carreau

avait demandé pour moi des faisans nouveaux, et qui les lui apportait morts, disant qu'ils étaient ainsi plus faciles à transporter. Heureusement tous n'ont pas fait de même, et j'ai reçu une paire de Tragopans de Temminck, qui m'a donné une belle famille, élevée par la femelle même. Je ne doute pas que l'année prochaine je ne puisse obtenir plusieurs couvées de ces sujets, que leur excessive familiarité permettra bientôt de mettre en basse-cour comme les poulets. C'est une espèce qui me paraît acquise désormais pour notre pays.

Je pense qu'il en sera de même, comme gibier du moins, du Pucrasia xanthospila (Tataki), dont j'ai enfin reçu une fernelle; le mâle, que j'avais depuis deux ans, a parfaitement passé l'hiver dehors, sans souffrir du froid et de la neige.

Il serait intéressant de savoir si la quesion d'altitude de notre localité (344 mètres) n'a pas une influence heureuse sur la santé de ces oiseaux de montagne, qui vivent si bien ici; c'est ce que les communications d'autres amateurs permettraient d'apprécier.

SUR

LA REPRODUCTION EN LIBERTÉ

DES TALÉGALLES D'AUSTRALIE (1)

Lettre adressée à Monsieur le Directeur du Jardin zoologique d'Acclimatation

Par M. le marqus d'HERVEY de SAINT-DENYS

Château du Bréau, le 1er décembre 1876.

Monsieur le Directeur,

Il y a longtemps déjà que je vous ai entretenu de mon cheptel de Talégalles; mais cela tient à ce que j'ai passé par une première série de résultats si peu satisfaisants qu'il était vraiment pénible de les décrire. Aujourd'hui que j'ai de meilleures nouvelles à vous donner, je m'empresse de vous les transmettre, en vous rappelant d'abord succinctement les mésaventures et tribulations du début.

Vous savez que les deux premiers oiseaux qui me furent envoyés se trouvèrent ètre deux coqs, de telle sorte que j'eus. de très-beaux nids, en nombre d'autant plus considérable que mes deux oiseaux n'avaient rien pour les distraire de ce travail. L'ouverture des nids, qui ne contenaient aucun œuf, et d'autres observations m'ayant fait reconnaître la situation, je vous restituai un de mes coqs et vous voulûtes bien me confier en retour deux poules, qui provenaient du parc de M. Cornély et qui furent lâchées dans le parc du Bréau, au milieu de l'été de 1875. Il n'était pas trop tard pour la ponte, mais peut-être il était trop tard pour que l'éclosion des œufs se fit heureusement, car en ouvrant les nids, au commencement de l'hiver, on y recueillit une douzaine d'œufs environ, tous fécondés, sans que les petits en fussent sortis. Plusieurs des petits enfermés dans les œufs avaient déjà toutes leurs plumes;

(1) Voyez J.-M. Cornély, Reproduction et acclimatation du Talégalle d'Australie (Bulletin, 2a série, t. VIII, 1871, p. 528).

mais ils étaient morts dans la coquille avant de pouvoir la briser.

Les froids de l'hiver furent fatals à mes deux poules. L'une fut trouvée morte sur la neige, à demi dévorée par un oiseau de proie. L'autre disparut sans qu'il ait été possible d'en trouver trace. En cette situation, ne pouvant vraiment pas vous demander de nouvelles recrues, je cherchai moi-même tous les moyens pour m'en procurer. M. Cornély n'en avait pas ; à Londres on n'avait à m'offrir que des coqs, mais M. le baron Alphonse de Rothschild eut l'extrême bonté, en mai dernier, de m'envoyer deux poules du parc de Ferrières. Ces deux poules, très-farouches, s'accoutumèrent très-bien au parc du Bréau, sans essayer d'en sortir. Elles formèrent immédiatement deux couples avec les deux Talégalles mâles, déjà parfaitement acclimatés, et c'est ici que nous entrons dans la période beaucoup plus satisfaisante dont je viens vous entretenir, après une exploration des nids qui ne laisse aucun doute sur les bons résultats acquis.

Au temps où je n'avais que deux coqs, chacun de ces oiseaux avait construit à lui seul quatre ou cinq nids. Cet été, chaque couple s'est contenté de deux nids, soit quatre en tout. Trois sont élevés à lisière d'allée, sous les grands arbres des cordons. Un seul est en plein bois. Partout l'oiseau a choisi des ventes contenant des bois de dix à quatorze ans, trèstouffus, et non pas de jeunes taillis découverts. Cette observation s'applique également à tous les nids des années précédentes. L'exposition des nids construits à lisière d'allée n'est point uniforme. L'un se trouve au levant et deux sont au couchant, par rapport au parcours de l'allée. L'un d'entre eux est appuyé contre un gros arbre, qui le traverse au tiers de sa circonférence. Le plus petit des quatre nids a 95 centimètres de haut sur 8 mètres et demi de tour. Le plus grand atteint une hauteur de 1,20, avec une circonférence de 12 mètres au moins. La forme est celle d'un cône, un peu aplati au sommet. Tous ces nids sont construits très-loin les uns des autres, deux cents pas au moins entre les deux plus rapprochés. Les éléments de leur construction sont les mêmes à l'intérieur ou à

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