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IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE.

Le Lophophore.

Le Lophophore est, dit-on, originaire des monts Himalaya; il faut plutôt dire qu'il vient de la province du Nepaul, où il est très-abondant et d'où il s'est répandu dans quelques autres provinces de l'Hindoustan; c'est encore de là que les chasseurs envoient les peaux préparées à Calcutta, où se fait principalement le commerce de cet oiseau.

Le Lophophore connu comme oiseau de collection seulement a été employé dans l'industrie des plumes pour la première fois il y a une quinzaine d'années.

L'oiseau valait à ce moment 80 à 100 francs, en peau et par petites quantités; la mode l'adoptant de suite, de nombreuses expéditions en furent faites, et en quelques années l'abondance des arrivages en fit baisser le prix jusqu'à 25 francs, où il resta stationnaire pendant quelque temps; puis la consommation augmentant toujours, on dut faire alors des élevages de ces oiseaux aux environs de Calcutta; le plumage est le même, les couleurs aussi luisantes, quelquefois cependant les oiseaux sont un peu plus petits et il y a une légère différence dans la manière dont l'oiseau est mis en peau un peu moins soigneusement.

En effet, aucun oiseau n'arrive plus parfaitement préparé et mis en peau que le Lophophore; soigneusement dépouillée de toute graisse ou fibre animale, elle est remplie de mousse bien sèche, bourrée abondamment, ce qui facilite beaucoup le travail du montage et n'altère en rien l'éclat des plumes, ce qui arrive souvent pour les oiseaux d'autres provenances qui sont séchés au four ou à la fumée, comme par exemple les Paradisiers.

Ce qui me fait supposer que l'élevage se fait sur une assez grande échelle aux environs de Calcutta, c'est que les dépouilles de l'oiseau ne portent pas à l'intérieur de traces de plombs ou de coups, à peine une marque de strangulation sur quelques-uns; puis aussi, selon la plus ou moins grande demande, les oiseaux sont expédiés avant d'être totalement adultes.

Les oiseaux expédiés de Calcutta viennent naturellement à Londres, qui est le seul marché connu ; l'industrie anglaise en emploie d'assez grandes quantités pour ces chapeaux ronds dont les femmes anglaises semblent avoir le monopole; la peau de l'oiseau, avec ou sans la tête, est coupée en deux ou trois lanières qui sont simplement appliquées autour du chapeau, et c'est là tout le travail.

Les oiseaux que nous recevons en France sont achetés tous les mois aux ventes publiques de Billiter-Street, et répandus dans toute l'industrie ils donnent lieu à une foule de fantaisies charmantes.

Ici, toutes les plumes du Lophophore sont utilisées: la tête seule ou divisée en deux parties égales, les plumes du cou, du dos et des ailes, les plumes blanches et grises du dessous des ailes, les plumes noires du corps, et même les plumes terreuses de la queue, tout est employé.

Les petites plumes, les plus estimées, sont les rouges du cou et les vertes de la naissance des ailes; l'aigrette, à laquelle l'animal doit son nom, est moins recherchée en quelque sorte. Toutes les plumes arrachées une à une sont en toile, et mélangées de mille façons produisent nos fantaisies.

collées sur des carcasses

Depuis deux années, le Lophophore est très-recherché et les prix s'en ressentent; successivement on a employé les beaux oiseaux, puis d'autres mal soignés, ct enfin les non adultes, et toujours le prix augmentant. Les oiseaux, rares en ce moment, valent 50 et 60 francs.

Il est difficile d'apprécier la quantité d'oiseaux expédiés de Calcutta, seuls les bulletins de ventes anglaises mensuelles donnent une moyenne de trois à dix caisses de cinquante à cent oiseaux. Cependant cela ne suffirait pas à la quantité demandée, et quelques caisses arrivent certainement dans d'autres docks, ou sont adressées directement à quelques acheteurs; moi-même, il y a quelques années, j'en ai reçu directement de Calcutta.

Rien de moins rare donc que le Lophophore, mais pourquoi cependant rester tributaires des marchés anglais pour cela encore et ne pas tâcher d'acclimater largement cet oiseau chez nous ? Sa force le ferait facilement résister à notre climat; comme oiseau de volière il est resplendissant, la chasse en serait peut-être intéressante et en tous cas la valeur de son plumage en ferait pendant longtemps encore un oiseau recherché. Ce serait une tâche digne de notre Société d'acclimatation qui a déjà si bien commencé sur quelques élèves, et je m'emploierais bien volontiers aussi à la réussite de ce projet.

G. MARIENVAL.

Plantes et animaux de l'Afrique centrale.

Nous empruntons les détails suivants au Voyage dans l'Afrique centrale, par le Dr Gustave Nachtigal, lu dernièrement à la Société de géographie.

Le Bornou, État musulman de l'Afrique centrale, produit des céréales, le doukhn (Penicillaria), le doura, le blé, le riz sauvage, le maïs en quantité, l'arachide, le Sorghum, la voandjeia, les fèves, les cucurbitacées; les bamias ne manquent point; le tabac (Nicotiana tabacum) est également commun, et le coton entre pour beaucoup dans la culture du pays:

Les arbres sont représentés par une demi-douzaine d'acacias où prédominent le sayal, le sonnt et le talah; partout des tamarins, des hadji

lidjs, des sycomores et leurs congénères; les dattiers sont en nombre restreint; au midi vivent les palmiers deleb, des arbres à beurre (Butyrospermum), des bombax, des Parkia biglobosa, etc., etc.

Tout le pays abonde en antilopes, en buffles, en hyènes, etc. L'éléphant vit encore au Kànem, et l'autruche surtout dans le pays limitrophe du désert.

Le Somraï, autre État de l'Afrique centrale, est riche en chevaux, en chèvres et en poulets; les races bovine et ovine sont irrégulièrement représentées. Les chevaux et les chèvres sont de taille extrêmement petite. Le cheval ne dépasse pas nos poneys en hauteur; il a le chanfrein droit ou courbé en dedans, ne connaît ni bride ni selle et est très-familier. A la place de la selle on lui écorche la peau du dos, et le cavalier nu est retenu en place en partie par la sécrétion de l'écorchure. Ces poneys marchent rarement au pas, ne trottent jamais et vont d'ordinaire au galop de chasse.

Les chèvres sont extrêmement grasses. En dehors de ces animaux domestiques, les Somraï élèvent des chiens dont la chair forme une nourriture de luxe.

Le sol du Somraï est argileux, ce qui rend le pays, pendant la moitié de l'année, inaccessible à l'ennemi, car la saison des pluies se prolonge du mois d'avril jusqu'au mois d'octobre.

Je fus bien reçu par le sultan, qui est le plus puissant de ces petits rois idolâtres au midi du Baguirmi, et qui était momentanément dans les meilleurs termes avec le roi Aboù Sekin.

Je fus émerveillé du pays dont la nature est complétement différente de ceux dont j'ai précédemment parlé. Les acacias (talah, sayal, sonnt, hachab, haraza) ont entièrement disparu, et des arbres gigantesques et touffus forment des forêts majestueuses d'une beauté de formes et d'une richesse de couleurs difficiles à décrire. Le bombax, nommé par les Anglais Silk cotton tree, te tamarin, le palmier deleb (Borassicus Ethiopus), le Parkia biglobosa et différents figuiers et sycomores prédominent, et le bombax, nommé chez les Arabes du Soudan central roùm, est le roi de ces forêts.

Chez beaucoup de tribus de l'Afrique centrale on trouve, à côté de leurs villages ordinaires, des villages de guerre établis dans les arbres. C'est exclusivement le bombax qu'on choisit pour l'établissement des habitations de ce genre. Sa hauteur, ses étages réguliers, ses branches qui se détachent à angle droit du tronc, le rendent avant tout propre à cette destination. Les indigènes y construisent des huttes et de larges plates-formes pour le bétail; ils y travaillent la farine, ils y portent de l'eau. Pour renouveler les provisions, ils descendent dans la nuit où personne, dans ces pays-là, n'entreprend jamais rien. Pourvu qu'il n'ait pas de fusil ou qu'il ne sache pas s'en servir, l'ennemi est à court de ressources devant ces villages aériens. Mais avec des armes à feu il en vient vite à bout.

Le Pin laricio et le Cèdre.

DE L'UTILITÉ DE PAILLER LES SEMIS AVEC DES AIGUILLES DE PIN
OU DES BRINDILLES.

Nous extrayons d'une lettre de notre dévoué confrère, M. Félix de la Rochemacé, les indications suivantes :

Si les Pins maritimes et de Normandie (sapin argenté) se resèment promptement d'eux-mêmes, il n'en est pas ainsi du Pin laricio et du Cèdre, dont les premiers semis adventifs n'apparaissent guère avant quarante ans.

Jusqu'ici, l'on mettait cette infécondité sur le compte du sol, du climat ou de la graine: les deux premières raisons étant écartées, après une période de quarante années et la graine étant reconnue fertile avant que l'arbre ait atteint cet âge, il convient, je crois, d'en chercher ailleurs une autre plus logique et plus plausible.

Dans les semis en pépinières, en poquets ou à la volée, les insuccès ne proviendraient-ils pas de la méconnaissance de ces admirables précautions primordiales dont la prévoyante nature entoure les êtres vivants à leur naissance, depuis le brin d'herbe jusqu'au Cèdre?

A quarante ans, un Pin ou un Cèdre a l'élément foliacé assez amplement développé pour feutrer le sol autour de lui d'une couche de feuilles ou d'aiguilles de 18 à 20 millimètres d'épaisseur. Ces aiguilles entrecroisées forment comme des mailles de plus en plus étroites dans leur profondeur, et dans lesquelles la graine trouve 1° les conditions de germination d'un terrain paillé; 2o une sorte d'échafaudage servant de béquilles à leur frèle tige qui se fait aisément jour parmi elles à l'aide de son casque à pointe.

Quand celui-ci se déchire, que les feuilles s'épanouissent, l'effort des racines soulève le jeune plant: les pépiniéristes l'affermissent à la main et le buttent, faute de quoi il verse et périt. Si le feutrage du sol met le plant naissant à l'abri des oscillations, le résultat est le même et il en ressort cette démonstration que ce genre d'arbres doit être planté audessus et non au-dessous du sol pour retrouver ses conditions normales.

Pailler les couches de semis avec des aiguilles de Pin est chose facile : il suffit de balayer une allée: mettre sur les poquets soit une poignée d'aiguilles de Pin, soit quelques brindilles de genêt, la chose est encore faisable; enfin, si l'observation est juste, l'on pourrait semer directement dans les sapinières les graines de Laricio et de Cèdre avec des chances favorables.

Notre confrère livre son idée à l'examen de ses collègues. Il serait heureux d'apprendre leur succès; mais il les prie de vouloir bien constater la part qui sera due à son initiative, et il ajoute qu'il pourrait fournir des graines à la Société, ses arbres ayant cinquante-deux ans de plantation.

Une nouvelle plante ornementale.

Extrait d'une lettre adressée à M. le Secrétaire général,
par M. Gensollen, d'Hyères (Var).

Je vous envoie ci-joint deux photographies du....., pour le moment nous l'appellerons du nom sous lequel j'ai reçu les graines: Dasylirion longifolium, l'une est prise avant, l'autre au moment de sa plus complète floraison. Je crois que c'est la première fois que cette magnifique liliacée fleurit en Europe. J'ai, par l'intermédiaire de la Société Huber et C, d'Hyères, envoyé à M. Naudin la photographie et une boîte de fleurs épanouies de cette plante afin qu'il pût la classer dans le genre qui doit lui appartenir. C'est une Liliacée Asparaginée. Mais est-ce un Dasylirion, un Xanthorrea ou appartient-il encore à un autre genre. C'est sans contredit une superbe plante d'ornement et très-rustique. Celle qui n'a pas fleuri a 1",50 de haut sur 1,20 de large; ses feuilles longues de 1,30 à 1,40 ont à la base 0,60 de large, elles sont spinescentes; ses dents très-petites, très-rapprochées, font qu'elles sont tranchantes comme un couteau bien effilé, elles retombent gracieusement de tous côtés, formant au sommet une large coupe très-évasée. Leur extré. mité n'a ni pointe comme le Bonarpartia juncea, ni pinceau de fibres comme les Dasylirion gracilis ou autres; leur couleur est verte.

Celui qui a fleuri est moins haut et moins fort que le premier, ils sont tous les deux cependant du même semis. Un troisième qui a aussi fleuri, ayant la même origine, est absolument semblable à celui que je vais décrire; ils étaient tous deux hauts de 1 mètre avec la hampe florale, ils atteignent 2,20; la panicule large, très-rameuse et compacte, a par conséquent 1,20 de haut, en sortant du cœur de la plante, elle était entourée de feuilles bractéiformes rose foncé, à extrémité jaune. Ces feuilles ont accompagné la panicule et semblaient devoir être placées à la naissance de chaque rameau, elles ont séché promptement et sont tombées.

Les fleurs petites, blanches, étaient généralement unisexuées, mâles ; quelques-unes cependant, mais très-rares, avaient le pistil, les stigmates et l'ovaire bien développés, néanmoins point de graine. Les temps humides et froids qui ont régné depuis le commencement d'avril, époque de l'émission de sa hampe florale, ont fait rapidement pourrir les ramifications de son inflorescence.

Cette plante devenue rare, je l'avais eue de graines reçues, comme j'ai eu l'honneur de vous le dire plus haut, de la maison Haage et Schmidt, à Erfurt, en 1868. Cette année-là et l'année suivante les graines qu'ils envoyèrent sous ce nom donnèrent bien la plante dont vous avez la photographie, mais depuis les graines qu'ils ont expédiées sous ce nom, assez semblables aux premières pour pouvoir s'y tromper, donnent une plante

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