LE CARILLONNEUR.
Mon système est d'aimer le bon vin; ou de la Contredanse du Diable-à-quatre.
Digue, digue, dig, din, dig, din, don, Ah! que j'aime
A sonner un baptême!
Aux maris j'en demande pardon. Dig, din, don, din, digue, digue, don.
Les décès m'ont assez fait connaître, Préludons sur un ton plus heureux. D'un vieillard l'héritier vient de naître. Sonnons fort: c'est un fait scandaleux. Digue, digue, etc.
La maman est gaillarde et jolie ; Mais l'époux est triste et catarrheux : Sur son compte il sait ce qu'on publie. Sonnons fort: il n'est pas généreux. Digue, digue, etc.
De l'enfant quel peut être le père? N'est-ce pas mon voisin le banquier? Les cadeaux mènent vite une affaire. Sonnons fort: il est gros marguillier. Digue, digue, etc.
Si j'osais, je dirais que le maire S'est créé ce petit échevin :
Je l'ai vu chiffonner la commère. Sonnons fort je boirai de son vin. Digue, digue, etc.
Je crois bien que notre grand-vicaire Aura mis le doigt au bénitier. Depuis peu ma fille a su lui plaire.
Sonnons fort, pour l'honneur du métier. Digue, digue, etc.
Notre gouverneur a, je le pense,
Prélevé des droits sur ce terrain ; Dans l'église il vient donner quittance. Sonnons fort: monseigneur est parrain. Digue, digue, etc.
Plus facile à nommer que ton père, Cher enfant, quel bonheur infini! Je suis sûr de te voir plus d'un frère. Sonnons fort et que Dieu soit béni! Digue, digue, etc.
AIR de la Pipe de tabac.
Nous verrons le temps qui nous presse Semer les rides sur nos fronts; Quoi qu'il nous reste de jeunesse, Oui, mes amis, nous vieillirons. Mais, à chaque pas, voir renaître Plus de fleurs qu'on n'en peut cueillir, Faire un doux emploi de son être, Mes amis, ce n'est pas vieillir.
En vain nous égayons la vie Par le Champagne et les chansons; A table, où le cœur nous convie, On nous dit que nous vieillissons. Mais jusqu'à sa dernière aurore En buvant frais s'épanouir,
Même en tremblant chanter encore,
Mes amis, ce n'est
Brûlons-nous pour une coquette Un encens d'abord accueilli, Bientôt peut-être elle répète Que nous n'avons que trop vieilli. Mais vivre en tout d'économie, Moins prodiguer et mieux jouir; D'une amante faire une amie, Mes amis, ce n'est pas vieillir. Si long-temps que l'on entretienne Le cours heureux des passions, Puisqu'il faut qu'enfin l'âge vienne, Qu'ensemble au moins nous vieillissions! Chasser du coin qui nous rassemble Les maux prêts à nous assaillir, Arriver au but tous ensemble,
AIR: C'est un lanla, landerirette.
Notre allégresse est trop vive; Amis, pendant nos ébats, Sachez qu'un joli convive Sent approcher son trépas. Faut-il qu'à la fleur de l'âge Il ait ce pressentiment! Tous nos billets de mariage Sont des billets d'enterrement.
Il sait que l'Amour le guette Pour se venger aujourd'hui,
D'une querelle secrète Qu'il eut vingt fois avec lui; Rien que d'y penser, je gage Qu'il meurt presque en ce moment. Tous nos billets de mariage Sont des billets d'enterrement.
Bientôt il prendra la fuite, En tremblant se cachera; Mais l'Amour, à sa poursuite, Dans son réduit l'atteindra.
L'un pousse un trait plein de rage, L'autre un long gémissement. Tous nos billets de mariage Sont des billets d'enterrement. Par pitié l'Amour hésite; Mais enfin, moins généreux, Du trait, que l'obstacle irrite, Il lui porte un coup affreux. Dans son sang le pauvret nage; Adieu donc, défunt charmant! Tous nos billets de mariage Sont des billets d'enterrement. On versera quelques larmes Que le plaisir essuîra;
pour l'honneur de ses armes Le vainqueur en parlera. Car, mes amis, dans notre âge,
En dépit du sacrement, Peu de billets de mariage Sont des billets d'enterrement.
LA DOUBLE CHASSE.
AIR: Tonton, tontaine, tonton.
Allons, chasseur, vite en campagne; Du cor n'entends-tu pas le son? Tonton, tonton, tontaine, tonton. Pars, et qu'auprès de ta compagne L'Amour chasse dans ta maison. Tonton, tontaine, tonton. Avec nombreuse compagnie, Chasseur, tu parcours le canton. Tonton, tonton, tontaine, tonton. Auprès de ta femme jolie
Combien de braconniers voit-on! Tonton, tontaine, tonton.
Du cerf prêt à forcer l'enceinte, Chasseur, tu fais le fanfaron. Tonton, tonton, tontaine, tonton. Auprès de ta femme, sans crainte, Se glisse un chasseur franc luron. Tonton, tontaine, tonton. Chasseur, par ta meute surprise La bête pleure, on lui répond: Tonton, tonton, tontaine, tonton. Ta femine, aux abois déjà mise, Sourit aux efforts du fripon.
Tonton, tontaine, tonton. Chasseur, un seul coup de ton arme Met bas le cerf sur le gazon.
Tonton, tonton, tontaine, tonton. L'amant, pour ta moitié qu'il charme,
Use de la poudre à foison.
Tonton, tontaine, tonton.
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