Un échafaud dressé pour moi. Adieu, etc.
France, du milieu des alarmes, La noble fille des Stuarts,
Comme en ce jour qui voit ses larmes, Vers toi tournera ses regards. Mais, Dieu! le vaisseau trop rapide Déjà vogue sous d'autres cieux, Et la nuit, dans son voile humide, Dérobe tes bords à mes yeux! Adieu, etc.
LES PARQUES.
AIR: Elle aime à rire, elle aime à boire.
Sages et fous, gueux et monarques, Apprenez un fait tout nouveau : Bacchus a vidé son caveau
Pour remplir la coupe des Parques. C'est afin de plaire aux Amours, Qui chantaient d'une voix sonore : « Que tout mortel ajoute encore
>> Des jours heureux à ses beaux jours! » Du monde éternelle ennemie,
Atropos, au fatal ciseau,
Buvant à longs traits et sans eau, Sur la table tombe endormie ;
Mais ses deux sœurs filent toujours, Souriant à qui les implore. Que tout mortel, etc.
Lachésis, remplissant sa tasse, S'écrie: Atropos dort enfin ! Mais trop sec, hélas! et trop fin,
Je crains que mon fil ne se casse. Pour le tremper, ayons recours A ce nectar qui me restaure. Que tout mortel, etc.
Garnissant sa quenouille immense, Clotho lui dit : Oui, travaillons; De vin arrosons les sillons
Où de mon lin croît la semence : Cette rosée aura toujours
Le pouvoir de la faire éclore. Que tout mortel, etc.
Quand ces Parques, vidant bouteille, Filent nos jours sans nul souci, Nous, qui buvons gaîment ici, Craignons qu'Atropos ne s'éveille. Qu'elle dorme au gré des Amours, Et répétons à chaque aurore : Que tout mortel, etc.
CHANSON QUI N'EST POINT A L'USAGE DES GENS INTOLERANS.
AIR: Un chanoine de l'Auxerrois.
Le curé de notre hameau
S'empresse à vider son tonneau, Pour quand viendra l'automne. Bénissant Dieu de ses présens, A sa nièce, enfant de seize ans, Il dit parfois : Mignonne, Cache-moi bien ce qu'on fera: Le diable aura ce qu'il pourra. Eh! zon, zon, zon 9
Baise-moi, Suzon,
Et ne damnons
pour chasser les loups gloutons, Dois-je essayer sur les moutons
Si ma houlette est bonne ? Non, mais à mon troupeau je dis : La paix est un vrai paradis Qu'ici-bas l'on se donne.
Surtout j'ai soin, tant qu'il se peut, De ne prêcher que lorsqu'il pleut. Eh! zon, etc.
Les dimanches, point ne défends La joie à ces pauvres enfans; J'aime alors qu'on s'en donne. Du choeur, où seul je suis souvent, Je les entends rire en buvant Chez la mère Simonne;
Ou j'y cours même, s'il le faut, Les prier de chanter moins haut. Eh! zon, etc.
Sans jamais en rien publier, Je vois s'enfler le tablier
De plus d'une friponne... S'épouse-t-on six mois trop tard, Faut-il baptiser un bâtard, C'est le ciel qui l'ordonne.
Les plaintes fort peu me siéraient; Le ciel et Suzon en riraient. Eh! zon, etc.
Notre maire, un peu mécréant, A maint sermon répond : Néant. Mais que Dieu lui pardonne ! Depuis qu'à sa table il m'admet, J'ai su qu'à deux mains il semait, Sans bruit faisant l'aumône.
Or, la grace ne peut faillir; Puisqu'il sème il doit recueillir. Eh! zon, etc.
Je préside à tous les banquets; A ma fête j'ai des bouquets, Et l'on remplit ma tonne. Mon évêque, triste et bigot, Prétend que je sens le fagot;
Mais, pour qu'un jour, Mignonne, J'aille où les anges font leurs nids Revoir tous ceux que j'ai bénis, Eh! zon, etc.
LA BOUTEILLE VOLÉE.
AIR: La fête des bonnes gens.
Sans bruit, dans ma retraite, Hier l'Amour pénétra,
Courut à ma cachette,
Et de mon vin s'empara. Depuis lors ma voix sommeille; Adieu tous mes joyeux sons. Amour, rends-moi ma bouteille, Ma bouteille et mes chansons.
Iris, dame et coquette,
A ce larcin l'a poussé.
Je n'ai plus la recette Qui soulage un cœur blessé. C'est pour gémir que je veille, En proie aux jaloux soupçons. Amour, rends-moi ma bouteille, Ma bouteille et mes chansons.
Épicurien aimable,
A verser frais m'invitant,
Un vieil ami de table
Me tend son verre en chantant; Un autre vient à l'oreille
Me demander des leçons. Amour, rends-moi ma bouteille, Ma bouteille et mes chansons.
Tant qu'Iris eut contre elle Ce bon vin si regretté, Grisette folle et belle Tenait mon cœur en gaîté. Suzon n'a point sa pareille Pour vivre avec des garçons. Amour, rends-moi ma bouteille, Ma bouteille et mes chansons.
Mais le filou se livre; Joyeux, il vient à ma voix; De mon vin il est ivre, Et n'en a bu que deux doigts. Qu'Iris soit une merveille, Je me ris de ses façons:
Amour me rend ma bouteille, Ma bouteille et mes chansons.
A UNE DAME AGÉE DE 70 ANS, LE JOUR
DE SAINTE-MARGUERITE.
Laissons la musique nouvelle ; Notre amie est du bon vieux temps. Sur un air aussi simple qu'elle, Chantons des couplets bien chantans. L'esprit du jour a son mérite,
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