Elle se noie au sang qui coule d'elle, LE 14 JUILLET 1829*. AIR A soixante ans il ne faut pas remettre. Enfant, vieillard, riche ou pauvre, on s'embrasse: *** Cette chanson fut faite pendant le séjour de l'auteur dans la prison de la Force, et a été imprimée dans un des numéros du Globe, en septembre 1829. ** Le 14 juillet 1789, il fit un temps magnifique. Le 14 juillet 1829 fut également beau, quoique la saison ait été très-pluvieuse. *** Un garde-français. La plus grande partie de cette milice s'échappa des casernes où elle était consignée, et préta secours aux Parisiens pour prendre la vieille forteresse féodale. * Est applaudi des mains et de la voix. Qu'au premier choc le vieux château s'écroule. » Un beau soleil a fèté ce grand jour. » La liberté, rebelle antique et sainte, L'Égalité qui redescend des cieux. >> De ces deux sœurs la foudre gronde et brille : » C'est Mirabeau tonnant contre la cour, >> Sa voix nous crie: Encore une Bastille! >> Un beau soleil a fêté ce grand jour. >> Où nous semons chaque peuple moissonne; Déjà vingt rois, au bruit de nos débats, Portent, tremblans, la main à leur couronne, » Et leurs sujets de nous parlent tout bas. >> Des droits de l'homme, ici, l'ère féconde S'ouvre et du globe accomplira le tour. » Sur ces débris Dieu crée un nouveau monde. » Un beau soleil a fèté ce grand jour. A l'époque où cette chanson fut faite, le général Lafayette, qui parcourait une partie de la France, y recevait un accueil qui rappelait les premiers temps de notre révolution. De ces leçons, qu'un vieillard m'a données, AU GÉNÉRAL LAFAYETTE, PRÉSIDENT DU COMITÉ POLONAIS, ET PREMIER GRENADIER DE LA GARDE NATIONALE POLONAISE. MON CHER PRÉSIDENT, Peu de jours après la grande semaine, je m'avisai de dire qu'en détrônant Charles X on avait détrôné la chanson. Quelques-uns s'empressèrent de me prendre au mot, et l'on fit même à cette phrase l'honneur de la répéter à la tribune. Bientôt cependant je me sentis le désir de protester contre cette déchéance (c'est celle de la chanson dont je veux parler). Vous dire ce qui m'en donna l'idée est inutile, vous le devinez. Je me mis à penser que nous autres, faiseurs de couplets satiriques et politiques, pouvions bien n'ètre pas au bout de notre règne, Je me fis sans doute illusion : c'est une habitude commune aux détrônés; j'allai jusqu'à m'écrier : Oui, chanson, muse, ma fille, Qu'avec Charle et sa famille Mais chaque parti, ma bonne, Chanson, reprends ta couronne. — Messieurs, grand merci! Je croyais qu'on allait faire Du grand et du neuf, De quatre-vingt-neuf. Mais, etc., etc., etc., etc., etc., etc. Il n'est point nécessaire de vous rapporter les huit ou neuf couplets de ce vaudeville qui n'a pas vu le jour et qui se termine ainsi : Te yoilà donc restaurée, Chanson, mes amours. Tricolore et sans livrée Montre-toi toujours. Ne crains plus qu'on t'emprisonne, Chanson, reprends ta couronne. mence Or, j'essayai de revenir à mes habitudes chantantes; mais je vous avouerai que le spectacle de nos divisions ne m'a pas d'abord laissé toute ma liberté d'esprit. Ma pauvre muse, qui comà vieillir, n'a jamais été d'un tempérament bien robuste. Et puis, vous ne l'ignorez pas, mon cher Général, je suis convaincu de la nécessité de conserver et d'affermir les bases de l'ordre de choses actuel. Souvent donc une profonde affliction a fait mourir le refrain sur mes lèvres, en détournant mon attention des objets que j'aurais voulu célébrer; c'est ce qui m'est arrivé pour les Polonais. Meinbré du Comité qui, sous vos auspices, entretient des relations avec ce peuple si grand et si malheureux, j'aurais tenu à l'honneur d'être un des premiers à seconder les efforts que vous tentiez en faveur de la plus juste des causes. Mais ce n'est que depuis peu que je suis parvenu à exprimer à ma manière une partie de l'intérêt qu'elle m'inspire. Bonnes ou mauvaises, voilà deux chansons de genre différent que je vais publier et que je vous dédie. N'allez pas croire que je prétends faire de cette dédicace un hommage à vos longues 'années de gloire et de vertu, ou aux immuables principes de notre révolution, dont vous avez toujours été, et dont vous resterez à jamais le plus illustre représentant; mes chansonnettes n'aspirent point à tant d'honneur. Elles ne vous sont point dédiées parce que vous avez commandé les Gardes nationales de France, ni parce que vous ne les commandez plus; ce n'est pas même un témoignage de mon réspectueux attachement, bien que souvent je me dise: Sa vie entière est comme un docte ouvrage |