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Si l'on nous siffle en chaire,
C'est la faute de Voltaire.

Tous nos maux nous sont venus
D'Arouet et de Jean-Jacques;
Satan qui les avait lus,
Ne faisait jamais ses Pâques.
Eve aima le fruit nouveau,
C'est la faute de Rousseau;
Caïn tua son frère,
C'est la faute de Voltaire.

C'est pour réprimer jadis
La liberté de la presse,
Que Dieu de son paradis,
Fit tomber l'eau vengeresse.
S'il a lâché beaucoup d'eau,
C'est la faute de Rousseau;

S'il noie encor la terre,
C'est la faute de Voltaire.

Borgia jadis au public
Vendait indulgence et bulle,
Il aurait à ce trafic

Vendu jusques à sa mule.
S'il fut marchand de chapeau,
C'est la faute de Rousseau;

En Dieu s'il ne crut guère,

C'est la faute de Voltaire.

Si le roi nommé François
Servit Bellone et les belles;
S'il fut, malgré ses exploits,
Fort souvent trompé par elles;
S'il gagna certain bobo,
C'est la faute de Rousseau;

S'il gâta son affaire,
C'est la faute de Voltaire.

Si Charles, ce roi dévot,
A tiré par sa fenêtre,
C'est que plus d'un huguenot
Avait fâché son doux maître.
S'il fut un Néron nouveau,
C'est la faute de Rousseau;
S'il fut fils de sa mère,
C'est la faute de Voltaire.

Si

par Loyola formé

Un monstre, au cerveau malade, Menace un roi bien-aimé

Chanté dans la Henriade;

S'il le frappe d'un couteau,
C'est la faute de Rousseau;
A Jésus s'il croit plaire,
C'est la faute de Voltaire.

Louis Quatorze autrefois

Fit ce que

l'on sait à Nîmes.

Il rendit, malgré les lois,
Tous ses bâtards légitimes.

S'il prit Louvois pour bourreau,
C'est la faute de Rousseau;

S'il damna Lavallière, C'est la faute de Voltaire.

Son neveu, le bon régent, Aimait fort la paillardise, Et choisit pour confident Un des princes de l'Église. Si Dubois fut son bonneau, C'est la faute de Rousseau, 'Et s'il se fit grand-père, C'est la faute de Voltaire.

Afin d'apprendre aux enfans Qu'ils sont nés pour être esclaves,

A leurs premiers mouvemens ..
On avait mis des entraves,
Si l'homme est libre au berceau,
C'est la faute de Rousseau;
Si la raison l'éclaire,
C'est la faute de Voltaire.

Dans le délai le plus court, .
Qu'un grand abus se détruise.
Depuis la mort de Raucourt,
Les acteurs vont à l'Église.
S'ils ont l'honneur du tombeau
C'est la faute de Rousseau ;

Le curé les enterre,

C'est la faute de Voltaire.

(.

Ces deux suppôts du démon
Font damner l'Église entière.
Cottret, notre Cicéron,
Soupe avec sa cuisinière.
S'il en a du fruit nouveau,
C'est la faute de Rousseau;

Si Jeanne est son bréviaire, C'est la faute de Voltaire.

Maréchal in partibus,
Un duc a la renommée
De traiter mieux les abus,
Qu'il n'a traité notre armée.
S'il enfle son bordereau,
C'est la faute de Rousseau;

S'il sert bien l'Angleterre,
C'est la faute de Voltaire.

Pour avoir des gardiens sûrs On prodigue l'or aux Suisses; Nos soldats ne sont pas purs,

On voit trop leurs cicatrices.
S'ils étaient à Waterloo,
C'est la faute de Rousseau;
S'ils meurent de misère,
C'est la faute de Voltaire.

Laffitte aura beau crier
Sur le budget de la France,
Nous finirons par payer
Les épices et la bombance.
Si l'on a l'estomac chaud,
C'est la faute de Rousseau;
Si rien ne désaltère,
C'est la faute de Voltaire.
Tous nos ultrà députés
Sont devenus sans-culottes,
Et tous, pour nos libertés,
Parlent à propos de bottes.
S'ils ont un masque nouveau,
C'est la faute de Rousseau;

Si l'on ne les croit guère,
C'est la faute de Voltaire.
Bonald, barbouilleur de lois,
Appui de vieilles familles,
Au quai Voltaire est, par mois,
Payé sur l'argent des filles.
S'il y prend l'air du bureau,
C'est la faute de Rousseau;
Et s'il vit d'adultère,
C'est la faute de Voltaire.

Tout ce que nous n'avions plus, Nous espérons le reprendre. Nous voulons nos biens vendus, Et l'on veut encor les vendre.

Nos forêts vont à vau-l'eau,
C'est la faute de Rousseau;
Plus de fagots à faire,
C'est la faute de Voltaire.

Confessez-vous tous soudain,
Ou craignez notre vengeance;
Nous nous lassons à la fin
D'une longue tolérance.
On n'aime Dieu qu'in petto,
C'est la faute de Rousseau;
Chacun a sa prière,

C'est la faute de Voltaire.

A ces causes, nos chers fils,
Dieu permet qu'on vous permette
des salsifis,

De

manger

Et des œufs à la mouillette.

Si vous mangez bœuf ou veau,
C'est la faute de Rousseau;
Buvez-vous de l'eau claire?

C'est la faute de Voltaire.

LE GRAND MARCHEUR.

AIR: Mirliton, mirlitaine.

Je suis un marcheur agile;
J'ai le pied bon, le corps sain.
A la campagne, à la ville,

Jour et nuit, je vais grand train. Leste et gai, j'enfile, j'enfile, j'enfile, J'enfile droit mon chemin.

Lorsqu'une fille nubile

Devant moi trotte à dessein,

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