Pourtant je ne grossissais pas,
Je n'avais qu'un peu plus d'appas,
Ça complétait ma pacotille.
La vertu m'avait réussi....
Dieux!... l'accoucheur est-il ici?
Ah! fiche etc.

Cela me vint-il en dormant,
Ou par l'effet du sentiment?

que je brille.

Car, moi, c'est par là
Serait-ce mon baron perclus?
Bien!... s'il avait ce qu'il n'a plus.
Ah! fiche! etc.

N'est-ce pas un soir que, fort tard,
Sur ma porte un galant hussard
En passant me trouva gentille?
Il n'a tenté qu'un faible essai...
J'étais retroussée, il est vrai.
Ah! fiche! etc.

Ce n'est pas mon Italien:

Il m'a prouvé son goût trop bien;
Il n'aura jamais de famille.

A sa guise il était reçu...
M'eût-il trompée à mon insu?
Ah! bigre! etc.

Vivez donc de privations!
Prenez donc des précautions!
Sans la sauce mangez l'anguille!
Beau moyen et bien éprouvé !
J'en suis pour un enfant trouvé.
Ah! fiche etc..

LE TOUR DE RONDE.

AIR R'li, r'lan, tambour battant.

Vot' caporal a fait sa ronde,

Mon commandant, il est minuit.

Sur l' rempart j'ai trouvé tout l' monde,
Mais sachez c' qu'on y fait sans bruit:
Vous êt' curieux, j'ai d' la malice;
Et j' fil' tout l' long des parapets,
R'li, r'lan!

Pour voir si l'on fait ben l' service,
Et si j' pouvons dormir en paix.

D'abord, j' découvrons sans lunettes,
Suzon qu' j'entret'nais proprement;
Dans un coin ell' tient les baguettes
De deux tambours du régiment.
De leur caisse elle fait l'office.

Et j' fil' tout l' long des parapets,
R'li, r'lan!

Pour voir si l'on fait ben l' service,
Et si j' pouvons dormir en paix.

Plus loin, j' trouvons madam' vot' mère
Sous not' aumônier Goupillon;

J' dis: Vous bouchez un' brêch', not' père,
Par où pass'rait un bataillon.

Craignez encor qu' l'enn'mi n' s'y glisse.
Et j' fil' tout l' long des parapets,
R'li, r'lan!

Pour voir si l'on fait ben l' service,
Et si j' pouvons dormir en paix.
Dans l' quartier de l'artillerie,
La manœuvre s' fait joliment;
J' voyons un' pièce ben servie,

Et j' la r'connaissons au mouv'ment...
C'est ma femm' qu'est en exercice...
Et j' fil' tout l' long des parapets,
R'li, r'lan!

Pour voir si l'on fait ben l' service
Et si j' pouvons dormir en paix.

Mon commandant, j' vous vois sourire;
Mais, près du château v'là qu' j'entends
Une douc' voix qui disait : « Tire!

Apprends la charge en douze temps. »
C'est vot' femm' qui dresse un jeun' Suisse.
Et j' fil' tout l' long des parapets,
R'li, r'lan!

J'vois que partout on fait l' service
Et que j' pouvons dormir en paix.

LA PETITE GOURMANDE.

AIR du Rémouleur.
:

Il m'importe peu que l'on dise
Que je ne vis que pour manger:
D'un penchant à la gourmandise
L'âge n'a pu me corriger ;
Et si je consens qu'on proscrive
L'ivresse et l'indigestion,

Il faut bien qu'un pauvre convive
Vive avec modération.

Aux premiers jours de ma jeunesse
Un bon marguillier, vieux garçon,
Voulut, en sortant de la messe,
Me faire dîner sans façon.
J'acceptai, mais, quoique novice,
Son chétif repas me surprit :

Pour me contenter d'un service
J'avais déjà trop d'appétit.
Un sybarite d'importance
M'offrit mille petits ragoûts.
Une pièce de résistance

Aurait bien mieux flatté mes goûts.
De hors-d'œuvre je suis friande;
L'appétit s'aiguise par eux;

Mais, sans un bon morceau de viande,
Fille a toujours le ventre creux.
Un beau rossignol d'Ausonie
Voulut m'avoir à l'impromptu ;
J'espérais, sans cérémonie,
Manger à BOUCHE QUE VEUX-TU?
Ah! combien l'apparence est fausse !
Au chaponneau point de cresson,
Et mon Amphitryon, sans sauce
Me fit avaler le poisson.

Des riches vergers d'Artémise
Un seul fruit m'était interdit.
Comme Eve, je suis insoumise :
Toute défense m'enhardit.
Si, malgré les vœux de madame,
Les
prunes de monsieur m'ont plu,
On doit excuser une femme
Que tente le fruit défendu.

Un grand repas ne me plaît guère
Qu'avec décence et propreté.
Par un certain marin, naguère,
J'ai connu la satiété.

Sa table était toujours dressée;
Mais, grossier comme un matelot,
Par ce rustre je fus forcée
De boire à même le goulot."

Enfin, j'ai trouvé l'abondance; bedeau fait mon bonheur.

Un gros

Pourtant j'y joignis par prudence
Le sacristain et le sonneur.

Ainsi, grace à ce qui m'entoure,
Tous désirs seraient superflus:
L'un me remplit, l'autre me bourre.
Que puis-je désirer de plus?

LE PAPE EN GOGUETTE.

Am de Ninon chez madame de Sévigné:

Au Vatican, mes très-chers frères,
Apprenez qu'hier on soupa.

Le Pape but quatre grands verres
D'un vin gascon qui le tapa;

Ses

yeux roulaient dans leur orbite,
Et tous les Cardinaux surpris
Criaient: Portez de l'eau bénite! (bis.)
Le Pape est gris, le Pape est gris!
En vérité, le Pape est gris!

Paix! dit-il, en brisant son verre ;
Messieurs, notre règne est fini.
Dès ce soir j'adresse à la terre
Ma bulle in Cana Domini.
L'ancienne, digne d'un Vandale,
N'excite plus que le mépris :
La mienne sera libérale. (bis.)
Le Pape est gris, le Pape est gris!
En vérité, le Pape est gris!

Que le peuple de la Romagne
De la dime soit allégé!

Que l'on écrive au roi d'Espagne