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LES LUTINS DE MONTLHERY.

AIR: Ce soir-là sous son ombrage.

A pied, la nuit, en voyage,
Je m'étais mis à l'abri,
Contre vent et l'orage,
Dans la tour de Montlhéry.
Je chantais, lorsqu'un long rire
D'épouvante m'a glacé.

Puis tout haut j'entends dire:
« Notre règne est passé. »

Des follets brillent dans l'ombre,
Et la voix que j'entendais

Se mêle aux cris d'un grand nombre

De lutins, de farfadets.

Au bruit d'une aigre trompette,
Le sabbat à commencé.

Plus haut la voix répète :

« Notre règne est passé.

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<< Oui, dit la voix, plus de fêtes!
» Esprits, vite, délogeons.
>> La Raison, par ses conquêtes,
» Nous bannit des vieux donjons..
» Le monde a changé d'oracles
>> Nos prestiges ont cessé.

>> L'homme fait les miracles,
>> Notre règne est passé.

>> Nous donnâmes à la Grèce

>> Ces dieux créés

pour

les

sens,

» Dont l'éternelle jeunesse

» Vivait de fleurs et d'encens.

» Dans la Gaule, encor sauvage,

>> Pour nous le

sang fut versé.
» Hélas! même au village,
>> Notre règne est passé.

>> On nous vit, sous vos trophées,
» Paladins et troubadours,

>> Enchaîner aux pieds des fées
>> Les rois, les saints, les amours.
>> La magie à notre empire
» Soumit le ciel courroucé.
>> Des sorciers j'entends rire;
>> Notre règne est passé.
» La Raison nous exorcise:
» Esprits, fuyons sans retour. >>
La voix se tait... O surprise!
J'ai cru voir crouler la tour.
De leur retraite chérie,
Tous ont fui d'un vol pressé.
Au loin la voix s'écrie :
« Notre règne est passé. »

LA COMÈTE DE 1832.

AIR: A soixante ans il ne faut plus remettre.

Dieu contre nous envoie une comète;
A ce grand choc nous n'échapperons pas.
Je sens déjà crouler notre planète,

L'Observatoire y perdra ses compas. (bis.)
Avec la table, adieu tous les convives!
Pour peu de gens le banquet fut joyeux. (bis.)
Vite à confesse, allez, ames craintives;
Finissons-en, le monde est assez vieux,
Le monde est assez vieux. (bis.)

Oui, pauvre globe, égaré dans l'espace,

Embrouille enfin tes nuits avec tes jours;
Et cerf-volant, dont la ficelle casse,

Tourne en tombant, tourne et tombe toujours.)
Va, franchissant des routes qu'on ignore,
Contre un soleil te briser dans les cieux. (bis.)
Tu l'éteindrais, que de soleils encore !
Finissons-en, etc.

pas

N'est-on las d'ambitions vulgaires?
De sots parés, de pompeux sobriquets,
D'abus, d'erreurs, de rapines, de guerres?
De laquais rois, de peuples de laquais? (bis.)
N'est-on pas las de tous nos dieux de plâtre?
Vers l'avenir, las de tourner les yeux? (bis.)
Ah! c'en est trop pour si petit théâtre :
Finissons-en, etc.

Les jeunes gens me disent: Tout chemine;
A petit bruit chacun lime ses fers.
La presse éclaire et le gaz illumine,
Et la vapeur vole aplanir les mers. (bis.)
Vingt ans,
au plus, bon homme, attends encore,
L'oeuf éclora sous un rayon des cieux. (bis.)
Trente ans, amis, j'ai cru le voir éclore;
Finissons-en, etc.

Bien autrement je parlais, quand la vie
Gonflait mon cœur et de joie et d'amour.
Terre, disais-je, ah! jamais ne dévie
Du cercle heureux où Dieu sema le jour. (bis.)
Mais je vieillis, la beauté me rejette,

Ma voix s'éteint, plus de concert joyeux : (bis.)
Arrive donc, implacable comète;

Finissons en, etc.

LE LAVEMENT.

CHANSON PARADE.

Je suis Gilles, garcon z'apothicaire chez M. Fleurant, qui demeure là z'au coin, vis-avis un cul de sac. On vint l'autre jour me demander un crystère pour mam'selle Zirzabelle; moi qui ai des vues propres sur cette demoiselle, j'apprête mon affaire, je cours, je monte au sixième, j'arrive sur le derrière, et je dis : me v❜là.

AIR: En revenant de Nivelles.
Salut, mam'sell' Zirzabelle,
J' vous apporte un p'tit lav❜ment,
Ça vous r'f'ra l' tempérament;
Allons, tournez-vous, mam'selle.
Elle m' répond avec dédain :,

Fi! monsieur, pas tant d' raideur,
Car zamais apothicaire,

Ne verra c' que, par pudeur,

Z' ne fais voir qu'à ma sèr' mère.

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C' que vous dit'-là n' prouve rien,

Vous mentiez drès étant p'tite,

Drès étant p'tite.

Et puis, d'ailleurs, mam'selle, c'est pour vot' bien ce qu'on en fait vous avez une inflammation de bas-ventre; il faut laver ça, mam'selle regardez, j' l'ai dressé exprès pour vous. Allons, prenez, prenez.

Ça vous f'ra du bien tout d' suite,
Ça vous f'ra du bien.

Z'il est par trop vrai qu' ça m' brûle, Qu' z'ai besoin d' rafraîchissans.

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D' vous coucher à contre-sens
D' vez-vous donc z' avoir scrupule?

- Puisqu'il l' faut, allons; me v'là.
Mais, Zilles, surtout point d' niche,
Z' ne puis le voir comm' j'suis là:
C'est vraiment ça qui me r'fiche.

- Tout c' qu'on f'ra s'ra pour vot' bien; J' sis tout prêt, r'troussez-vous vite, R'troussez-vous vite.

Pas tant d' façons. Encore cette demi-aune de toile? Oh! quel beau visage, s'il avait z'un nez! C'pendant z'il y a de l'enflure. Il faut z'opérer un dégagement. Avalez-moi ça, mam'selle; avalez-moi ça.

Ça vous f'ra du bien tout d' suite,
Ça vous f'ra du bien.

- Polisson, qu'allez-vous m' faire?
Un lav'ment ne s' met pas là.

-A la cour aujourd'hui v❜là

Comm' les dam's prenn't un crystère.

En c' cas, au zenre d' la cour

Z'il est zust' que j'me conforme.
Dieu! faudrait la bouch' d'un four
Tant l'instrument est énorme!

-C'est trop d'honneur: mais l' moyen
S'rait d' vous fair' la bouch' moins p'tite,
La bouch' moins p'tite.

Allons, mam'selle, élargissez les voies, et tandis que j' pousse donnez un coup de main. Si ça passe, vous êtes sauvée.

Ça vous f'ra du bien tout d' suite,

Ça vous f'ra du bien.

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