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J'allais demander du repos.

DEUXIÈME GRENADIER.

Moi, tout couvert de cicatrices,
Je voulais quitter les drapeaux;
Mais, quand la liqueur est tarie,
Briser le vase est d'un ingrat.
Adieu, femme, enfans et patrie!
Vieux grenadiers, suivons un vieux soldat.

LE PÈLERINAGE DE LISETTE.

AIR: Balancez-vous donc, etc.

A Notre-Dame de Liesse
Allons, me dit Lisette un jour.
J'ai peu de foi, je le confesse;
Mais Lise, malgré plus d'un tour,
Ferait tout croire à mon amour.
Ami, notre joyeux ménage
Scandalise le voisinage.

Prenons, dit-elle, prenons donc,
Pour aller en pèlerinage,
Prenons, dit-elle, prenons donc
Coquilles, rosaire et bourdon.

Dame Sorbonne, ajoute Lise,
Remonte sur ses grands chevaux.
Nos ducs vont bâiller à l'église,
Et nos philosophes nouveaux
Se sont faits tant soit peu
dévots.
Chaque siècle a son amusette:
Nous édifirons la Gazette.

Prenons, mon ami, prenons donc,
Pour qu'on dise sainte Lisette,
Prenons, mon ami, prenons donc

Coquilles, rosaire et bourdon.

Voilà les pèlerins en route.

A pied, nous chantons en marchant.
A chaque auberge, quoi qu'il coûte,
Nouveau repas et nouveau chant;
Partout trinquant, partout couchant.
Le dieu qui d'Aï nous asperge,
Sourit sous des rideaux de serge.
Ma Lisette, prenions-nous donc,
Pour mener l'amour à l'auberge,
Ma Lisette, prenions-nous donc
Coquilles, rosaire et bourdon?
Aux pieds de la vierge des vierges,
A genoux enfin nous voilà.

Vient un diacre allumer nos cierges;
Lise se dit: A Loyola

Je veux souffler cet abbé-là.
Je me fâche, et de ses poursuites
Lui montre, hélas! les tristes suites.
Quoi! volage, preniez-vous donc,
Pour vous mettre à dos les jésuites,
Quoi! volage, preniez-vous donc
Coquilles, rosaire et bourdon?

Mais à

souper Lise l'attire,

Le fait boire, jurer, chanter.
De l'enfer il se prend à rire;
Du pape il ose plaisanter.
Moi, je m'endors à l'écouter.

A mon réveil, Dieu ! le peindrai-je,
Abjurant ses goûts de collége!...
Ah! traîtresse, vous preniez donc
Pour les plaisirs du sacrilége,
Ah! traîtresse, vous preniez donc
Coquilles, rosaire et bourdon!
Des beaux miracles de Liesse
Je garde un triste souvenir.

Notre abbé dit messe sur messe,
Et, Dieu l'aidant à parvenir,
Archevêque il veut nous bénir.
Sainte Lisette, par famine,
Quelque jour se fera béguine.
Prenez, grisettes, prencz donc
Des leçons de la pèlerine;
Prenez, grisettes, prenez donc
Coquilles, rosaire et bourdon.

LES INFINIMENT PETITS,

OU

LA GÉRONTOCRATIE.

AIR: Ainsi jadis un grand prophète.

J'ai foi dans la sorcellerie.

Or, un grand sorcier, l'autre soir,

Me fit voir de notre patrie
Tout l'avenir dans un miroir;
Quelle image désespérante!
Je vois Paris et ses faubourgs;

Nous sommes en dix-neuf cent trente,
Et les barbons règnent toujours.

Un peuple de nains nous remplace.
Nos petits-fils sont si petits,
Qu'avec peine, dans cette glace,
Sous leurs toits je les vois blottis.
La France est l'ombre du fantôme
De la France de mes beaux jours.
Ce n'est qu'un tout petit royaume;
Mais les barbons règnent toujours.
Combien d'imperceptibles êtres!
De petits jésuites biljeux !

De milliers d'autres petits prêtres
Qui portent de petits bons dieux !
Béni par eux, tout dégénère;
Par eux la plus vieille des cours
N'est plus qu'un petit séminaire;
1 Mais les barbons règnent toujours.

Tout est petit, palais, usines,
Sciences, commerce, beaux-arts.
De bonnes petites famines
Désolent de petits remparts.
Sur la frontière mal fermée,
Marche, au son de petits tambours,
Une

pauvre petite armée;

Mais les barbons règnent toujours.

Enfin le miroir prophétique,
Complétant ce triste avenir,
Me montre un géant hérétique,
Qu'un monde a peine à contenir.
Du peuple pygmée il s'approche,
Et, bravant de petits discours,
Met le royaume dans sa poche;
Mais les barbons règnent toujours.

ENCORE DES AMOURS.

AIB:

Je me disais: Tous les dieux du bel âge⚫
M'ont délaissé; me voilà seul et vieux.
Adieu l'espoir que leur troupe volage
M'avait donné, de me fermer les yeux!
Je le disais, lorsqu'une enchanteresse
Vient et d'un mot ravit mes sens troublés.
Ah! c'est encor quelque beauté traîtresse :
Tous les amours ne sont pas envolés.

Oui, c'est encor quelque sujet de peine;
Mais du repos je suis si fatigué!

Lorsqu'à trente ans je pliais sous ma chaîne,
Plus malheureux pourtant j'étais plus gai.
Le ciel m'envoie une reine nouvelle;
Combien d'attraits les siens m'ont rappelés!
Roses d'automne, effeuillez-vous pour elle :
Tous les amours ne sont pas
envolés.

Mes yeux encore ont des pleurs à répandre;
Ma voix encore a des chants amoureux.
Aimons, chantons. La-beauté yient m'apprendre
A triompher des hivers rigoureux.

Tout me sourit : les fleurs brillent plus belles,
Les jours plus purs,
les cieux plus étoilés.
Dans l'air plus doux j'entends battre les ailes :
Tous les amours ne sont pas envolés.

LE PRISONNIER DE GUERRE.

AIR: Chante, chante, troubadour, chante.)
(DE ROMAGNÉSI.)

Marie, enfin quitte l'ouvrage,
Voici l'étoile du berger.

Ma mère, un enfant du village
Languit captif chez l'étranger.
Pris sur mer, loin de sa patrie,
Il s'est rendu, mais le dernier.
File, file, pauvre Marie,
Pour secourir le prisonnier :
File, file, pauvre Marie,
File, file, pour le prisonnier.

Tu le veux, ma lampe s'allume.
Eh quoi! ma fille, encor des pleurs?

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