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LE CHAPEAU DE LA MARIÉE.

AIR:

Demain engagez votre foi,
A l'église allez sans scrupule;
Fille trompeuse, oubliez-moi
Pour un époux riche et crédule.
Des roses, qui naissent pour lui,
La dîme à tort me fut payée;
Mais en retour j'offre aujourd'hui
Le chapeau de la mariée.

Acceptez ces fleurs d'oranger;
Qu'à votre voile ou les attache.
Sous le joug fier de se ranger,
Que l'époux dise: Elle est sans tache.
L'Amour se plaint, mais c'est tout bas;
Mais par vous la Vierge est priée.
Allez; on n'arrachera pas

Le chapeau de la mariée.

Quand vos sœurs se partageront

Ces fleurs qu'on dit d'heureux augure,

Les

garçons vous déroberont

Une plus secrète parure,

La jarretière, pensez-y!

Chez moi vous l'avez oubliée.

Me faudra-t-il la joindre aussi

Au chapeau de la mariée?

La nuit vient; vous poussez deux cris,
Imités de ce cri si tendre

Qu'un jour, au cœur le plus épris,
Votre innocence a fait entendre.
Le lendemain, l'époux, cent fois,
Raconte à la noce égayée

Que l'hymen s'est piquée les doigts
Au chapeau de la mariée.

Le voilà trompé, ce mari!
Ah! qu'il le soit bien plus encore.
Dieu! quel fol espoir m'a souri,
Quand pour lui l'autel se décore!
Malgré le prêtre et ton serment,
Oui, par tes pleurs justifiée,
Tu viendras payer à l'amant
Le chapeau de la mariée.

L'ANGE GARDIEN.
AIR: Jadis un célèbre empereur.

A l'hospice un gueux tout perclus
Voit apparaître son bon ange;
Gaîment il lui dit : Ne faut plus
Que votre altesse se dérange.
Tout compté, je ne vous dois rien :
adieu; portez-vous bien.

Bon ange,

Sur la paille, né dans un coin,

Suis-je enfant du Dieu qu'on nous prêche? Oui, dit l'ange; aussi j'eus grand soin

Que ta paille fût toujours fraîche.

Tout compté, etc.

Jeune et vivant à l'abandon,

L'aumône fut mon patrimoine.
– Oui, dit l'ange, et je te fis don
Des trois besaces d'un vieux moine.
Tout compté, etc.

Soldat bientôt, courant au feu,
Je perdis une jambe en route.

Oui, dit l'ange;

mais avant peu

Cette jambe aurait eu la goutte.

Tout compté, etc.

Pour mes jours gras, du vin fraudé
Mit le juge après mes guenilles.

Oui, dit l'ange; mais je plaidai :
Tu ne fus qu'un an sous les grilles.
Tout compté, etc.

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Chez Vénus j'entre en maraudeur;
C'est tout fruit vert que j'en rapporte.
Oui, dit l'ange; mais, par pudeur,
Là je te quittais à la porte.
Tout compté, etc.

D'un laidron je deviens l'époux,
Priant qu'il ne soit que volage.

Oui, dit l'ange; mais nul de nous

Ne se mêle de mariage.
Tout compté, etc.

Vieillard, affranchi de regrets,
Au terme heureux enfin atteins-je?

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Oui, dit l'ange; et je tiens tout prêts De l'huile, un prêtre et du vieux linge.

Tout compté, etc.

De l'enfer serai-je habitant,

Ou droit au ciel veut-on que j'aille?

Oui, dit l'ange; ou bien non, pourtant : Crois-moi, tire à la courte paille. - Tout compté, etc.

-

Ce pauvre diable, ainsi parlant,
Mettait en gaîté tout l'hospice.
-Il éternue; et, s'envolant,
L'ange lui dit : Dieu te bénisse!
- Tout compté, etc.

LA MÉTEMPSYCOSE.

AIR: du Vaudeville de la Robe et des Bottes,
ou de la République.

Grand partisan de la Métempsycose,
En philosophe, hier, sur l'oreiller,
De mes penchans pour connaître la cause,
J'ai mis mon ame en train de babiller.
Elle m'a dit : Tu me dois un beau cierge,
Car sans mon souffle au néant tu restais;
Mais jusqu'à toi je n'arrivai point vierge.
- Ah! mon ame, je m'en doutais,
Je m'en doutais, je m'en doutais.

} (bis.)

Je m'en souviens; oui, dit-elle, humble lierre,
J'ai couronné jadis des fronts joyeux.
Puis, échauffant plus subtile matière,
Petit oiseau, je saluai les cieux.

Dans le bocage, auprès des pastourelles,
Je voltigeais, je sautais, je chantais.
L'indépendance agrandissait mes ailes.
-Ah! mon ame,

etc.

Je fus Medor, des chiens le plus habile,
Qui, d'un aveugle unique et sûr appui,
Entre ses dents sut prendre une sébile,
Guider son maître et mendier pour lui.
Utile au pauvre, au riche sachant plaire,
Pour nourrir l'un, chez l'autre je quêtais.
J'ai fait du bien, puisque j'en ai fait faire.
Ah! mon ame, etc.

Puis j'animai la beauté d'une fille.
Que j'étais bien dans ma douce prison!
Mais de mon gîte on s'empare, on le pille;
Tous les amours y mettent garnison.

En vrais soudards ils y faisaient esclandre,
Et jour et nuit, du coin que j'habitais,
A la maison je voyais le feu prendre.
mon ame, etc.

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-Ah!

Sur tes penchans que mon récit t'éclaire;
Mais, dit mon ame, apprends aussi de moi
Qu'au ciel un jour ayant osé déplaire,
Pour m'en punir, Dieu m'enferma chez toi.
Veilles, travaux, artifices de femme,
Pleurs, désespoir, et des maux que je tais,
Font qu'un poète est l'enfer pour une ame.
Ah! mon
ame, etc.

LES PAUVRES AMOURS.

AIR: Jupiter un jour en fureur.

Trois douzaines de Cupidons,
Qu'une actrice a mis sur la paille,
Hier mendiaient, et la marmaille
Les poursuivait de gais lardous.
Chez Lise ils frappent d'un air triste;
Lise répond: Nous sommes sourds.
Quoi! vivrez-vous donc toujours,
Vieux petits culs nus d'amours?
Allez, Dieu vous assiste!

Partout en France on vous fourra.
Vous avez guindé la sculpture,

Vous avez fardé la peinture,
Vous affadissez l'Opéra.
Des Anacreons j'ai la liste;

Ils encombrent ville et faubourgs.
Vous les couronnez toujours,

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