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Si, de cœurs de carmes,
Quelqu'un nous voulait
Faire un chapelet.
Gai! gai! prions chez nous,
Pour être en fête

Et cul par-dessus tête.
Gai! gai! prions chez nous,
Pour être en fête

Et sens dessus dessous.

LES VIEILLES COQUETTES.

Nous, vieilles coquettes,
Cachons nos lunettes,

Mettons avec art

Du rouge et du fard.
Craignons que notre âge
N'ôte le courage
A nos freluquets,

Et même aux laquais.
Gai! gai! payons chez nous,
Pour être en fête

Et cul par-dessus tête.

Gai! gai! payons chez nous,
Pour être en fête
Et sens dessus dessous.

LES JEUNES FILLES.

Nous, jeunes poulettes,
Qui courons seulettes,
Loin de nos mamans
Lisons des romans.
Jetons nos aiguilles,
Mais, adroites filles,
Pour chasser l'ennui
Gardons notre étui.

Gai! gai! ne serons-nous

Jamais en fête

Et cul par-dessus tête ?
Gai! gai! ne serons-nous
Jamais en fête

Et sens dessus dessous?

LES FEMMES MARIÉES.

Pour nous,

femmes sages,

Loin de nos ménages

Il faut jouer peu
Ou tricher au jeu.
Tricher, quelle gêne!
On conçoit sans peine
Quand on est expert
Tout ce qu'on y perd.
Gai! gai! quand serons-nous
Toujours en fête

Et cul par-dessus tête ?
Gai! gai! quand serons-nous
Toujours en fête

Et sens dessus dessous?

TOUTES CES DEMOISELLES.

Fi de ces bégueules!

Messieurs, chez nous seules

Rien n'est défendu

Et rien n'est perdu.

Arrive qui plante,

La place est brûlante;
Par-dessus les pouts
Jetons nos jupons.

Gai! gai! l'on est chez nous
Toujours en fête,

Et cul par-dessus tête !

Gai! gai! l'on est chez nous
Toujours en fête

Et sens dessus dessous.

COUPLETS

sur un PRÉTENDU PORTRAIT DE MOI MIS EN Tête d'une ÉDITION DE MES CHANSONS. *

AIB:

( 1826.)

Petit portrait de fantaisie,
Mis en tête de mon recueil,
Penses-tu que, par courtoisie,

Le monde entier te fasse accueil ?
Tu peux te parer, si tu l'oses,
D'un laurier modeste et discret;
Tu peux te couronner de roses:
Non, non, tu n'es pas mon portrait.
Jamais je ne me suis fait peindre;
Mais qui donc représentes-tu ?
Peut-être un cafard qui sait feindre
Jusqu'au charme de la vertu ;
Un petit saint pétri de ruse,
Qu'à Mont-Rouge on encenserait.
La bonne enseigne pour ma muse!
Non, non, tu n'es pas mon portrait.
Ou serais-tu l'auteur tragique,
Qui calcula, rima, lima

Maint rôle bien académique,
Qu'en vain a réchauffé Talma?
Quoi! parer d'une noble image
Mes petits vers de cabaret!

* Ce portrait est le même que celui que j'ai rencontré quelquefois chez les marchands de caricatures.

Pour l'alexandrin quel outrage!
Non, non, tu n'es pas mon portrait.

Dans ton masque à mine pincée
Est-ce un vil censeur que je vois,
Rat de cave de la pensée,
Qu'il confisque au profit des rois?
J'ai de la fraude en pacotille,
Qu'à la barrière on saisirait :
Tu me tiendras lieu d'estampille.
Non, non, tu n'es pas mon portrait.

Mais ta laideur serait la mienne,
Que ta gloire y gagnerait peu.
Crains même qu'un prêtre ne vienne
Saintement te livrer au feu.
Dans l'avenir je devrais vivre,

Que de toi l'on se passerait :

Je suis bien mieux peint dans ce livre.
Non, non, tu n'es pas mon portrait.

L'IN-OCTAVO

ET L'IN-TRENTE-DEUX*.

AIR: du Carnaval.

Quoi! mes couplets, encore une sottise!
Osez-vous bien paraître in-octavo?
Juge, critique, et docteur de l'église,
Vont après vous s'acharner de nouveau.
L'in-trente-deux trompait l'œil du myope,
Mais vos défauts vont être tous sentis:
C'est le ciron vu dans un microscope.

* Cette chanson sert de préface à l'édition inoctavo de Paris.

Mieux vous allait de rester tout petits,
Petits, petits, oui, petits, tout petits.
« Quel trait d'orgueil! dira la calomnie:
>> Ferait-on plus pour des alexandrins?
» Le chansonnier vise à l'Académie,
» Et veut au Pinde anoblir ses refrains. »
Viser si haut, malgré cette imposture,
N'est point mon fait, je vous en avertis.
Pour conserver vos lettres de roture,
Mieux vous allait, etc.

Je vois deux sots rendus à leur province :
« Messieurs, dit l'un, sifflons le troubadour.
» Il veut des croix, et, pour l'offrir au prince,
» A son recueil a mis l'habit de cour.

>> Le Roi, dit l'autre, a daigné lui sourire,
» Même a trouvé ses vers assez gentils. >>
Voyez du roi ce que vous ferez dire!
Mieux vous allait, etc.

L'humble format sut plaire à cette classe
Sur qui les arts sèment trop peu de fleurs;
Il se fourrait jusque dans la besace
De l'indigent dont il séchait les pleurs.
A la guinguette instruisant ces recrues,
D'obscurs lauriers j'ai fait large abatis.
Pour rencontrer la gloire au coin des rues,
Mieux vous allait, etc.

Je dois trembler; car moi, qui suis prophète,
Je vois de loin l'oubli fondre sur vous.
De tant d'échos dont la voix vous répète,
L'un meurt, puis l'autre, et puis cent, et puis tous.
Déjà mon front sent glisser sa couronne;
Comme les miens vos beaux jours sont partis.
Pour disparaître au premier vent d'automne,
Mieux vous allait, etc.

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