Billeder på siden
PDF
ePub
[merged small][ocr errors]

O liberté! sous ta bannière sainte,
Qu'un même cri nous rassemble à jamais!
Elus du peuple, il garde votre enceinte :
Vive la Charte! est le cri des Français.
Puisque les rois ne veulent pas l'entendre,
Dans le Forum qu'il aille retentir.
Echo du peuple, apprends-nous à le rendre ;

Du tombeau même écoute-le sortir!

O liberté ! etc.

O toi, qui meurs pour cette noble cause,
Bénis ton sort: la patrie est en deuil.
Vive la Charte! est ton apothéose;

La liberté veille sur ton cercueil.
O liberté! etc.

Vous l'entendez, vous tous, nobles victimes,
Vieux combattans punis de vos exploits;
Vous qui tenez aussi pour légitimes

Les droits du peuple, et la gloire et les lois.
O liberté ! etc.

Guerriers français que la tombe nous cache,
Venez montrer à d'impudens soldats
Ce front sans peur et ce glaive sans tache,
Que votre main n'agitait qu'aux combats.
O liberté ! etc.

D'un cri de paix malheur à qui s'offense!
Soldats d'un jour, barbares sans danger,
Vous opprimez un peuple sans défense:
Jadis ce fer était pour l'étranger.
O liberté! etc.

LE PETIT HOMME ROUGE.

AIR: C'était de mon temps.

Foin des mécontens!

Comme balayeuse on me loge
Depuis quarante ans

Dans le château, près de l'horloge.
Or, mes enfans, sachez

Que là, pour mes péchés,
Du coin d'où le soir je ne bouge,
J'ai vu le petit homme rouge.
Saints du paradis,

Priez

pour Charles-Dix.

Vous figurez-vous

Cet homme habillé d'écarlate,

Bossu, louche et roux ?

Un serpent lui sert de cravate;
Il a le nez crochu,

Il a le pied fourchu.

Sa voix rauque en chantant présage
Au château grand remue-ménage.
Saints du paradis,

Je le vis, hélas !

etc.

En quatre-vingt-douze apparaître;
Nobles et prélats

Abandonnaient notre bon maître ;
L'homme rouge venait

En sabots, en bonnet ;

M'endormais-je un peu sur ma chaise,
Il entonnait la Marseillaise.

Saints du paradis, etc.

J'eus à balayer;

Mais lui, bientôt par la gouttière,

Revint m'effrayer
Pour ce bon monsieur Robespierre.
Lors il était poudré,

Parlait mieux qu'un curé,

Ou, comme en riant de lui-même,
Chantait l'Hymne à l'Étre-Suprême.
Saints du paradis, etc.

Depuis la terreur

Plus n'y pensais, lorsque sa vue
Du bon empereur

M'annonça la chute imprévue.
En toque il avait mis

Vingt plumets ennemis,

Et chantait au son d'une vielle:
Vive Henri-Quatre, et Gabrielle.
Saints du paradis, etc.

Soyez donc instruits,

Enfans, mais qu'ailleurs on l'ignore,
Que, depuis trois nuits,

L'homme rouge apparaît encore;
Riant d'un air moqueur,

Il chante comme au chœur,

Baise la terre, et puis ensuite
Met un grand chapeau de jésuite.
Saints du paradis, etc.

LES BOHÉMIENS.

AIR: Mon père m'a donné un mari.

Sorciers, bateleurs où filous,

Reste immonde

D'un autre monde,

Sorciers, bateleurs ou filous,

Gais Bohémiens, d'où venez-vous?

D'où nous venons ? l'on n'en sait rien. L'hirondelle

D'où vous vient-elle ?

D'où nous venons? l'on n'en sait rien; Où nous irons, le sait-on bien?

Sans pays, sans prince et sans lois

Notre vie

Doit faire envie.

[ocr errors]

Sans pays, sans prince et sans lois,
L'homme est heureux un jour sur trois.
Tous indépendans nous naissons,
Sans église

Qui nous baptise.

Tous indépendans nous naissons,
Au bruit du fifre et des chansons.

Nos premiers pas sont dégagés,
Dans ce monde

Où l'erreur abonde,

Nos premiers pas sont dégagés
Du vieux maillot des préjugés.

Au peuple en butte à nos larcins,
Tout grimoire

En fait accroire;

Au peuple, en butte à nos larcins,
Il faut des sorciers et des saints.

Trouvons-nous Plutus en chemin,
Notre bande

Gaiment demande.

Trouvons-nous Plutus en chemin,
En chantant nous tendons la main.

Pauvres oiseaux Dieu bénit,

que

De la ville

Qu'on nous exile;

Pauvres oiseaux que Dieu bénit,
Au fond des bois pend notre nid.

A tâtons l'amour, chaque nuit,
Nous attèle

Tous pêle-mêle;

A tâtons l'amour, chaque nuit,
Nous attèle au char qu'il conduit.

Ton œil ne peut se détacher,
Philosophe

De mince étoffe,

Ton œil ne peut se détacher
Du vieux coq de ton vieux clocher.

Voir, c'est avoir; allons courir !
Vie errante

Est chose enivrante.

Voir, c'est avoir; allons courir!
Car tout voir, c'est tout conquérir.

Mais à l'homme on crie en tout lieu,
Qu'il s'agite,

Ou croupisse au gîte,

Mais à l'homme on crie en tout lieu ⚫

<< Tu nais, bonjour! tu meurs, adieu ! »

Quand nous mourons, vieux ou bambin, Homme ou femme,

A Dieu soit notre ame!

Quand nous mourons, vieux ou bambin,
On vend le corps au carabin.

Nous n'avons donc, exempts d'orgueil,
De lois vaines,

De lourdes chaînes;

Nous n'avons donc, exempts d'orgueil,
Ni berceau, ni toit, ni cercueil.

« ForrigeFortsæt »