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LE DOCTEUR ET LE MALADE.

A MARIE D.

AIR: du Vilain.

Je vivais selon l'ordonnance
D'un docteur qui m'a répété :
Par le repos et l'abstinence
Je rétablirai ta santé.

Mais à mon cœur l'amitié crie:
Céder au plaisir fait du bien;
Et j'accours pour fêter Marie.
A mon docteur n'en dites rien,
N'en dites rien, n'en dites rien.
Crains Bacchus, dit mon Esculape;
Par les toasts crains d'être emporté.
Frère Maragnon à la Trappe
Prêchait moins la sobriété.
Mais à mon cœur l'amitié crie:
Un peu de gaîté fait du bien.
Avec vous je bois à Marie.
A mon docteur, etc.

Dût-on te traiter de transfuge,
Ne chante plus, dit-il aussi.
Cet arrêt est digne d'un juge :
Bourreau, serais-tu Marchangy?
Mais à mon cœur l'amitié crie:
Prouver qu'on aime fait grand bien.
Comme vous je chante Marie.
A mon docteur, etc.

Des femmes, ajoute le traître,
N'approche plus, malgré ton goût.
Dieu! c'est un jésuite peut-être :
Ces messieurs se fourrent partout.

Mais à mon cœur l'amitié crie:
Un baiser fait toujours du bien;
Et je cours embrasser Marie.
A mon docteur, etc.

LE CONVOI DE DAVID*.
AIR de Roland.

-Non, non, vous ne passerez pas,
Crie un soldat sur la frontière,
A ceux qui de David, hélas!

Rapportaient chez nous la poussière.
Soldat, disaient-ils dans leur deuil,
Proscrit-on aussi sa mémoire?
Quoi! vous repoussez son cercueil,
Et vous héritez de sa gloire !

CHOEUR.

Fût-il privé de tous les biens,
Eût-il à trembler sous un maître,
Heureux qui meurt parmi les siens,
Aux bords sacrés (bis) qui l'ont vu naître!

Non, non, vous ne passerez pas,
Dit le soldat avec furie.

Soldat, ses yeux, jusqu'au trépas,
Se sont tournés vers la patrie.
Il en soutenait la splendeur,
Du fond d'un exil qu'il honore;

* Les enfans de ce grand peintre ayant sollicité en vain l'autorisation de rapporter sa dépouille en France, ont été obligés de le faire inhumer dans le cimetière commun de Bruxelles, où ses amis lui font élever un obélisque triangulaire en marbre noir.

C'est par lui que notre grandeur
Sur la toile respire encore.

CHOEUR.

Fût-il privé de tous les biens, etc. -Non, non, vous ne passerez pas, Redit plus bas la sentinelle.

Le peintre de Léonidas,

Dans la liberté n'a vu qu'elle.
On lui dut le noble appareil
Des jours de gloire et d'espérance,
Où les beaux-arts, à leur réveil,
Fêtaient le réveil de la France.

CHOEUR.

Fût-il privé de tous les biens, etc.
Non, non, vous ne passerez pas,
Dit le soldat, c'est ma consigne.
Du plus grand de tous les soldats
Il fut le peintre le plus digne.
A l'aspect de l'aigle si fier,

Plein d'Homère et l'ame exaltée,
David crut peindre Jupiter;

Hélas! il peignait Prométhée.

CHOEUR.

Fût il privé de tous les biens, etc. -Non, non, vous ne passerez pas, Dit le soldat devenu triste.

Le héros, après cent combats, Succombe, et l'on proscrit l'artiste ! Chez l'étranger la mort l'atteint.

Qu'il dut trouver sa coupe amère! Aux cendres d'un génie éteint, France, tends les bras d'une mère.

CHOEUR.

Fût-il privé de tous les biens, etc.

-Non, non, vous ne passerez pas,
Dit la sentinelle attendrie.

Eh bien! retournons sur nos pas;
Adieu, terre qu'il a chérie !
Les arts ont perdu le flambeau
Qui fit pâlir l'éclat de Rome.
Allons mendier un tombeau

Pour la cendre de ce grand homme.

CHOEUR.

Fût-il privé de tous les biens, etc.

L'ÉCUELLE.

CHANSON ADRESSÉE A M. DÉSAUGIERS.

(1820.)

AIR: Rendez-moi mon écuelle de bois.

As-tu vu mon écuelle d'argent,

As-tu vu mon écuelle ?

Dit Buteux, en se rengorgeant:

Ah! qu'elle est large! ah! qu'elle est belle! As-tu vu mon écuelle d'argent,

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As-tu vu mon écuelle?

- D'où te vient cette écuelle d'argent?

D'où te vient cette écuelle?

Chez le czar ou chez le régent

As-tu fait le polichinelle?

D'où te vient cette écuelle d'argent?
D'où te vient cette écuelle?

D'où te vient cette écuelle d'argent?

D'où te vient cette écuelle ?

De Paris Regnault délogeant
A-t-il oublié sa vaisselle?

D'où te vient cette écuelle d'argent?
D'où te vient cette écuelle?

D'où te vient cette écuelle d'argent?
D'où te vient cette écuelle?
Bonaparte, esclave indigent,
N'a plus de quoi payer ton zèle.
D'où te vient cette écuelle d'argent?
D'où te vient cette écuelle?

D'où te vient cette écuelle d'argent?
D'où te vient cette écuelle?
A ses amis Arnault songeant
Te l'envoya-t-il de Bruxelle?
D'où te vient cette écuelle d'argent?
D'où te vient cette écuelle ?

-Je la tiens cette écuelle d'argent,
Je la tiens cette écuelle,

du zèle.

D'un roi trop bon, trop indulgent,
Qui prend des chansons pour
Je la tiens cette écuelle d'argent,
Je la tiens cette écuelle.

Qu'on lui donne une écuelle d'argent,
Qu'on lui donne une écuelle,
Dit le prince, puisqu'en mangeant,
Pour chacun sa verve étincelle.
Qu'on lui donne une écuelle d'argent,
Qu'on lui donne une écuelle.

Il aurait cent écuelles d'argent,
Il aurait cent écuelles,

Si l'on en gagnait en changeant
De héros, d'amis et de belles.
Il aurait cent écuelles d'argent,
Il aurait cent écuelles.

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