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LA MESSE DU SAINT-ESPRIT,

POUR L'OUVERTURE DES CHAMBRES.

(1824.)

AIR de la Codaqui.

Hier, monseigneur *, le front ceint
De sa mitre épiscopale,

En ces mots à l'Esprit Saint

Parlait dans la cathédrale :
-Tant de bons nobles devenus

Députés du peuple, au peuple inconnus,
Dans notre chambre septennale

N'ont que tes clartés pour guider leurs pas.
Saint-Esprit, descends, descends jusqu'en bas!
-Non, dit l'Esprit-Saint, je ne descends pas.

Qu'est ceci? dit d'un ton dur

Une Excellence bretonne ** :
Pour ses papiers, à coup sûr,
Le tourniquet le chiffonne.
Parlons-lui, quoiqu'en vérité
L'Esprit soit de trop dans la Trinité :

Viens voir à quoi la charte est bonne!
De ce lourd carrosse on fait un en cas."
Saint-Esprit, etc.

Un financier *** vient : - Sandis !
Dit-il, nous prends-tu pour d'autres?
Pour gagner le paradis

J'ai doré mes patenôtres.

Tremble de perdre ton emploi;

J'ai séduit des gens plus huppés que toi :

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J'ouvre un emprunt, sois donc des nôtres. De notre embonpoint nos amis sont gras. Saint-Esprit, etc.

Un magistrat * crie aussi:

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Oses-tu te faire attendre!
Ma Thémis a, Dieu merci,

De bons jurés à revendre.
Chaque juge est un homme à moi,
Qui jette en passant sa carte chez toi.
Crains de voir jusqu'où peut s'étendre
La main de justice au bout de mon bras.
Saint-Esprit, etc.

«S'il persiste, il faudra bien,
Dit Frayssinous, qu'on s'en passe.
D'ailleurs la cour pour soutien
Préfère en tout saint Ignace.
Mont-Rouge a miné tout Paris;
La Sorbonne aussi sort de ses débris.
La jeunesse est dans notre nasse,
Et les hausse-cols font place aux rabats.
Saint-Esprit, etc.

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Mais voudrais-tu t'expliquer?

Oui, bateleurs en goguettes,
Je vous ai vu fabriquer

Vos quatre cents marionnettes.
Quoi! vous osez tout pervertír,
Corrompre, effrayer, filouter, mentir,
Et, dans un discours à roulettes....

- Paix ! dit l'archevêque, ou crains nos prélats! Saint-Esprit, etc.

M. de Peyronnet.

LES MOUTONS.

AIR: du Vaudeville de la Partie carrée.

Dans un pays que
chacun peut connaître,
Au temps jadis vivaient nombreux troupeaux;
Mais les bergers voulaient, comme le maître,
Dîmer, tailler, tondre jusqu'aux agneaux.
Pour s'affranchir de ce joug tributaire,
La gent qui bêle enfin se révolta.

Pauvres moutons, oh! vous aurez beau faire,
Toujours on vous tondra. (bis.)

Grande rumeur! on prit les chiens
pour guide;
C'était gémir sous de nouveaux tyrans.
On vit bientôt cette race perfide
Se transformer en des loups déverans.
Jours de terreur! Leur rage sanguinaire
Sur ce beau sol trop long-temps s'exerça.
Pauvres moutons,

etc.

Sire lion, d'un courage indomptable,
Vint à régner en ces temps désastreux.
Gloire, revers, splendeur trop peu durable,
Ont signalé son empire orageux.

Le léopard trembla dans son repaire;
Mais que d'agneaux ce triomphe coûta!
Pauvres moutons, etc.

On vit bientôt mille hordes sauvages
Fondre du nord sur ces bords désolés ;
On s'adjugea de riches pâturages
Pour secourir des frères accablés.
Le reste échut au fermier solidaire,
Qui par traités en toisons s'acquitta.
Pauvres moutons, etc.

Robin mouton, favori du despote,
Eut après lui la bergerie à bail :
Flatteur adroit et fourbe patriote,
A l'étranger il vendait le bercail.
On paya
bien son zèle mercenaire :
Il voulait paître... et paître on l'envoya.
Pauvres moutons, etc.

Ah! quand pourrai-je aux rives de la Seine
Voir nos moutons jouir d'un sort plus doux,
Et, pour eux seuls fertilisant la plaine,
Croître et bondir sans la crainte des loups !
En attendant cet appui tutélaire

Que chaque maître à son tour promettra,
Pauvres moutons, etc.

LA MORT DU DIABLE.

AIR Je suis vilain, etc.

Du miracle que je retrace

Dans ce récit des plus succincts,
Rendez gloire au grand saint Ignace,
Patron de tous nos petits saints.
Par un tour qui serait infame
Si les saints pouvaient avoir tort,
Au diable il a fait rendre l'amc.
Le diable est mort. (bis.)

Satan, l'ayant surpris à table,
Lui dit: Trinquons, ou sois honni.
L'autre accepte, mais verse au diable
Dans son vin un poison béni.
Satan boit, et, pris de colique,
Il jure, il grimace, il se tord;

Il crève comme un hérétique.
Le diable est mort. (bis.)

Il est mort! disent tous les moines,
On n'achètera plus d'agnus.
Il est mort! disent les chanoines,
On ne paîra plus d'oremus.
Au conclave on se désespère :
Adieu, puissance et coffre-fort!
Nous avons perdu notre père.
Le diable est mort. (bis.)

la crainte;

L'amour sert bien moins que
Elle nous comblait de ses dons.
L'intolérance est presque éteinte :
Qui rallumera ses brandons?

A notre joug si l'homme échappe,
La vérité luira d'abord;

Dieu sera plus grand que le pape.
Le diable est mort. (bis.)

Ignace accourt: Que l'on me donne,
Leur dit-il, sa place et ses droits;
Il n'épouvantait plus personne,
Je ferai trembler jusqu'aux rois.
Vols, massacres, guerres ou pestes,
M'enrichiront du sud au nord.
Dieu ne vivra que de mes restes.
Le diable est mort. (bis.)

Tous de s'écrier : Ah! brave homme,
Nous te bénissons dans ton fiel.
Soudain son Ordre, appui de Rome,
Voit sa robe effrayer le ciel.

Un chœur d'anges, l'ame contrite,
Dit: Des humains plaignons le sort;
De l'enfer saint Ignace hérite,

Le diable est mort. (bis.)

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