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Où pour voir je m'étais mise,
Il avait petit chapeau
Avec redingote grise.

Près de lui je me troublai ;
Il me dit : Bonjour, ma chère,
Bonjour, ma chère,

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Il vous a parlé, grand'mère,
Il vous a parlé! (bis.)

L'an d'après, moi, pauvre femme,
A Paris étant un jour,

Je le vis avec sa cour:

Il se rendait à Notre-Dame.

Tous les cœurs étaient contens :
On admirait son cortége!
Chacun disait : Quel beau temps!
Le ciel toujours le protége.
Son sourire était bien doux :
D'un fils Dieu le rendait père,
Le rendait père.

-Quel beau jour pour vous, grand'mère!
Quel beau jour pour vous! (bis.)

Mais quand la pauvre Champagne

Fut en proie aux étrangers,

Lui, bravant tous les dangers,

Semblait seul tenir la campagne.
Un soir, tout comme aujourd'hui,
J'entends frapper à la porte.

:

J'ouvre bon Dieu ! c'était lui,
Suivi d'une faible escorte !

Il s'assied où me voilà,

S'écriant: Ah! quelle guerre!
Ah! quelle guerre !

-Il s'est assis là, grand'mère,
Il s'est assis là! (bis.)

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J'ai faim, dit-il; et, bien vite,
Je sers piquette et pain bis.
Puis il sèche ses habits:
Même à dormir le feu l'invite.
Au réveil, voyant mes pleurs,
Il me dit : Boune espérance!
Je cours de tous ses malheurs,
Sous Paris, venger la France.
Il part, et comme un trésor
J'ai depuis gardé son verre,
Gardé son verre.

Vous l'avez encor, grand'mère,
Vous l'avez encor? (bis.)

Le voici. Mais à sa perte
Le héros fut entraîné.

Lui, qu'un pape a couronné,
Est mort dans une île déserte.
Long-temps aucun ne l'a cru;
On disait : Il va paraître ;
Par mer il est accouru :
L'étranger va voir son maître.
Quand d'erreur on nous tira,
Ma douleur fut bien amère,
Fut bien amère.

- Dieu vous bénira, grand'mère,
Dieu vous bénira. (bis.)

LA PEYRONNETTE.

AIR: de la Catacoua.

Chers eunuques du portefeuille,
Ventrus que nous avons truffés,
De la liberté qui s'effeuille,
Tous les germes sont étouffés.

Mais cette canaille qui pense
Ose ne pas le trouver bon.
Vite un bâillon,

Un saint bâillou,

Pour éclairer, il suffit de Guyon.
Il faut, pour gouverner la France,
Mettre la pensée en prison.

Entendez-vous leurs cris sinistres?
Du meurtre de leurs libertés,
La chute de vos sept ministres
Doit absoudre les royautés ;
Et l'on exile en espérance,
Vos sept Lycurgues à Toulon.
Vite un bâillon,

Un saint bâillon,

Pour éclairer, il suffit de Guyon.

Faites respecter l'impudence
Sous la robe de Lamoignon.
Mais sur vos chaises septennales
Vous n'êtes pas mieux éclairés:
A vos consciences vénales
Nous jetons des gâteaux dorés.
Chez vous le cœur est dans la panse,
Et ne bat plus sous un cordon.
Vite un bâillon,

Un saint baillon,

Pour éclairer, il suffit de Guyon.
Pillez la ruche, et, par prudence,
A l'abeille ôtez l'aiguillon.

Avec Canning, de ridicule

Couvrant tous nos exploits guerriers,
Aux jambons de la Péninsule
Ils font honneur de nos lauriers;
Et sur le bûcher de Valence,
Leurs traits ont gravé notre nom.

Vite un bâillon,

Un saint bâillon,

Pour éclairer, il suffit de Guyon.
De l'aigle cher à la vaillance,
Livrons les foudres aux dindons.

Sous les charniers de la police
Où les libelles sont éclos,
Ils marchent devant la justice,
Dont ils allument les falots.

Mais dans les mains d'une Éminence
Ils n'osent éteindre un tison.
Vite un bâillon,

Un saint bâillon,

Pour éclairer, il suffit de Guyon.
Que Vidoc ait l'omnipotence,
Que Tharin soit un Fénélon!

De la vierge de Louis onze
Vos dons excitent l'appétit.
Encor des lois! coulez en bronze

La servitude de l'esprit.

Aux talens votez l'indigence,

Les poucettes à la chanson.

Vite un bâillon,

Un saint baillon,

Pour éclairer, il suffit de Guyon.
Proscrivez même l'éloquence,
Nous n'y tenons pas, par raison.
Que les libertés en marasme
Meurent, et que tous nos valets,
Échappant aux cris du sarcasme,
Se vautrent dans l'or des budjets.
Le commerce a trop d'opulence;
Qu'il creuse pour nous son sillon.
Vite un baillon,

Un saint bâillon,

Pour éclairer, il suffit de Guyon.
Et qu'aux ronces de la puissance,
La brebis laisse sa toison.

Et toi, Discorde en chapeau rouge,
Aiguise ton poignard sacré ;

Broie en paix les sucs de Mont-Rouge
Dans l'eau bénite des curés.

On réserve

à ton innocence

Le monopole des poisons.

Vite un bâillon,

Un saint bâillon,

Pour éclairer, il suffit de Guyon.
Rendons le peuple à l'ignorance,
Changeons le sceptre en goupillon.

Lâchons la meute qui nous flatte
Sur tous nos ennemis muets,

Et, sans crainte qu'il se débatte,
Pendous l'honneur à nos gibets.

Que bientôt la Charte en silence
Y perde son dernier haillon.

Vite un bâillon,

Un saint bâillon,

Pour éclairer, il suffit de Guyon.
Il faut, pour gouverner la France,
Mettre la pensée en prison.

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