C'est un grenier, point ne veux qu'on l'ignore. Là, fut mon lit, bien chétif et bien dur; Là, fut ma table; et je retrouve encore Trois pieds d'un vers charbonné sur le mur. Apparaissez, plaisirs de mon bel âge, Que d'un coup d'aile a fustigés le temps. Vingt fois pour vous j'ai mis ma montre en gage. Dans un grenier qu'on est bien à vingt ans
Lisette ici doit surtout apparaître, Vive, jolie, avec un frais chapeau : Déjà sa main à l'étroite fenêtre Suspend son schal, en guise de rideau. Sa robe aussi va parer ma couchette; Respecte, Amour, ses plis longs et flottans. J'ai su depuis qui payait sa toilette. Dans un grenier qu'on est bien à vingt ans ! A table un jour, jour de grande richesse, De mes amis les voix brillaient en chœur, Quand jusqu'ici monte un cri d'allégresse: «<< A Marengo Bonaparte est vainqueur! Le canon gronde... Un autre chaut commence; Nous célébrons tant de faits éclatans! Les rois jamais n'envahiront la France. Dans un grenier qu'on est bien à vingt ans! Quittons ce toit, où ma raison s'enivre. Oh! qu'ils sont loin, ces jours si regrettés! J'échangerais ce qu'il me reste à vivre Contre un des mois qu'ici Dieu m'a comptés. Pour rêver gloire, amour, plaisir, folie, Pour dissiper sa vie en peu d'instans, D'un long espoir pour la voir embellie,
Dans un grenier qu'on est bien à vingt ans !
WATERLOO.
Am de la bonne Vieille.
De vieux soldats m'ont dit : « Grace à ta muse, » Le peuple enfin a des chants pour sa voix. »Ris des lauriers qu'un parti te refuse: >> Consacre encor des vers à nos exploits. >> Chante ce jour qu'invoquaient des perfides, » Ce dernier jour de gloire et de revers. »
J'ai répondu, baissant des yeux humides: Son nom jamais n'attristera mes vers. Qui, dans Athène, au nom de Chéronée, Mêla jamais des sous harmonieux? Par la fortune Athène détrônée Maudit Philippe, et douta de ses dieux. Un jour pareil voit tomber notre empire, Voit l'étranger nous rapporter des fers, Voit des Français lâchement leur sourire. Son nom jamais n'attristera mes vers.
Périsse enfin le géant des batailles ! Disaient les rois: peuples, accourez tous. La liberté sonne ses funérailles :
Par vous sauvés, nous règnerons par vous. Le géant tombe, et ces nains sans mémoire A l'esclavage ont voué l'univers.
Des deux côtés ce jour trompa la gloire. Son nom jamais n'attristera mes vers.
Mais, quoi! déjà les hommes d'un autre âge De ma douleur se demandent l'objet. Que leur importe, en effet, ce naufrage! Sur le torrent leur berceau surnageait. Qu'ils soient heureux! leur astre qui se lève Du jour funeste efface les revers.
Mais, dût ce jour n'être plus qu'un vain rêve, Son nom jamais n'attristera mes vers.
Venez, enfans; que sur vos fronts je lise Un avenir de gloire et de bonheur.
Vous vaincrez, oui, votre œil le prophétise. Croissez, enfans, croissez pour notre honneur. Tant qu'à ce jour où d'un sanglant orage Le ciel sur nous fit pleuvoir les revers, Tant qu'à ce jour nous devrons un nuage, Son nom jamais n'attristera mes vers.
LES SOUVENIRS
DU PEUPLE.
AIR: Passez vot' chemin, beau sire.
On parlera de sa gloire
Sous le chaume bién long-temps: L'humble toit, dans cinquante ans, Ne connaîtra plus d'autre histoire. Là, viendront les villageois Dire alors à quelque vieille : Par des récits d'autrefois, Mère, abrégez notre veille. Bien, dit-on, qu'il nous ait nui, Le peuple encor le révère, Oui, le révère. Parlez-nous de lui, grand'mère, Parlez-nous de lui. (bis.)
Mes enfans, dans ce village, Suivi de rois, il passa. Voilà bien long-temps de
Je venais d'entrer en ménage.
A pied grimpant le coteau,
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