Sans équivoque, et surtout sans licence, Je vais parler de l'amant de Lison.
Le drôle un jour, d'un ton fait pour séduire, Lui débitait de lubriques horreurs.
Ce qu'il disait, je pourrais vous le dire ; Mais je me tais par respect pour les mœurs. Sachez que Lise est une fille honnête Qui se choqua d'un pareil impromptu ; Mais au vaurien ne vint-il
pas en tête De pénétrer le fond de sa vertu! Sein ferme et blanc ne saurait lui suffire: Déjà deux doigts sont en besogne ailleurs. Ce qu'ils y font, je pourrais vous le dire; Mais je me tais par respect pour les mœurs. Au bord du lit, sur le nez il la pousse, Et bravement l'attaque par le dos. Lise, indignée en sentant qu'il la trousse, Sans doute alors se livrait aux sanglots. Dans ce cœur tendre aussitôt ce satyre Enfonce, enfonce un long sujet de pleurs. que c'était, je pourrais vous le dire; Mais je me tais par respect pour les mœurs. Long-temps encor Lison, dans sa posture, A tour de reins se débat vivement. On me dira que c'était par luxure; C'est par vertu, moi, j'en fais le serment. Or, pour six mois, sa vertu sut réduire L'insolent même à pleurer ses erreurs. Ce qu'il gagna, je pourrais vous le dire; Mais je me tais par respect pour les mœurs.
MISTIGRIS.
Am: C'est un lanla landerirette.
Il est certain personnage Qui vit gaîment dans son trou; Qui se cache comme un sage, Et se conduit comme un fou. Quoique ce soit un bout d'homme, Le beau sexe en est épris: C'est Mistigris que je le nomme, C'est Mistigris, c'est Mistigris.
Nos bigots en font un diable, Mais ils l'adorent tout bas; Les inventeurs de la fable N'en faisaient pas moins de cas. Le dieu qui tâtonne en route, L'aveugle enfant de Cypris, C'est Mistigris qui n'y voit goutte, C'est Mistigris, c'est Mistigris.
Ses goûts n'ont rien d'équivoque, Bien qu'on nous puisse assurer Qu'il est sorti d'une coque, Où toujours il veut rentrer. Mais l'hymen le vient-il prendre;
Adieu ses goûts favoris!
C'est Mistigris qu'on mène pendre,
C'est Mistigris, c'est Mistigris.
Bien tempéré par l'église, Abeilard, devenu gras, Voulut revoir Héloïse, Qui ne le reconnut pas. Rappelez-vous nos merveilles, Dit l'amant des plus contrits;
C'est Mistigris, sans ses oreilles, C'est Mistigris, c'est Mistigris. Un jour le petit profane, Dans un féminin couvent, Vint soulever la soutane D'un prédicateur fervent. Miracle! crie une mère, A l'auditoire surpris:
C'est Mistigris qui monte en chaire, C'est Mistigris, c'est Mistigris.
L'école de notre ville
A cent médecins titrés; Mais plus qu'eux il est habile, Et prend ailleurs les degrés. Belles, qu'agite un cœur tendre, Pour voir tous vos maux guéris, C'est Mistigris qu'il vous faut prendre, C'est Mistigris, c'est Mistigris.
Comme la gloire l'emporte,
A la guerre il s'en ira.
Quand d'une place un peu forte
Le siége l'achèvera,
Que son étui le repêche
Et porte ces mots écrits:
C'est Mistigris mort sur la brèche,
C'est Mistigris, c'est Mistigris.
NOUVEL ORDRE DU JOUR.
AI C'est l'amour, l'amour.
Brav' soldats, v'là l'ord' du jour : Point d' victoire
Où n'y a point d' gloire.
Brav' soldats, v'là l'ord' du jour : Gard' à vous! demi-tour.
-Notre ancien, qu'a donc fait l'Espagne ? -Mon p'tit, ell' n' veut plus qu'aujourd'hui Ferdinand fass' périr au bagne Ceux-là qui s' sont battus pour lui; Nous allons tirer d' peine
Des moin's blancs, noirs et roux, Dont ou prendra la graine
Pour en r'planter chez nous. Brav' soldats, etc.
-Notre ancien, qu' pensez-vous d' la guerre ? -Mon p'tit, ça n'ira jamais bien.
V'là z'un princ' qui n' s'y connaît guère, C'est un' poir' moll' de bon chrétien; Bientôt l' fils d'Henri-Quatre Voudra qu'un jour d'action On n' puisse aller combattre Sans billet d' confession.
-Notre ancien, qu'es' qu' c'est que l' Trapiste,
Avec tous ces Chouans dégu'nillés?
-Mon p'tit, y vont grossir la liste Des gens qu' la France a rhabillés ;
Afin qu' pour leur vengeance, Leurs frèr's soient massacrés, Ils font uu' sainte alliance Avec nos émigrés.
Brav' soldats, etc.
-Notre ancien, quel s'ra not' partage? -Mon p'tit, les coups d' cann' reviendrout
Et puis, suivant le vieil usage,
Les nobles seuls avanceront.
Oui, s'lon not' origine,
Nous aurons pour régal, Nous l' bâton d' discipline,
Eux l' bâton d' maréchal. Brav' soldats, etc.
-Notre ancien, que d'viendra la France, Si je cherchons d' lointains dangers? -Mon p'tit, profitant d' not' absence, On introduira l' z'étrangers. A la fin d' la campagne,
Nous s'rons tous étonnés Qu'en enchaînant l'Espagne, Nous nous s'rons enchaînés. Brav' soldats, etc.
-Notre ancien, vous que l' père aux autres Eût fait z'officier d'puis long-temps, Marquez-nous l' pas, nous s'rons des vôtres. -Mon p'tit, v'là du français qu' j'entends. Si la France, en alarmes, Porte un trop lourd fardeau, Pour essuyer ses larmes, R'prenons not' vieux drapeau! Brav' soldats, etc.
LE GRENIER.
AIR: du Carnaval de Meissonnier.
Je viens revoir l'asile où ma jeunesse De la misère a subi les leçons.
J'avais vingt ans, une folle maîtresse, De francs amis, et l'amour des chansons. Bravant le monde, et les sots, et les sages, Sans avenir, riche de mon printemps, Lesto et joyeux, je montais six étages. Dans un grenier qu'on est bien à vingt ans !
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