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L'arbre sacré sur ce concours immense
Forme un abri de rameaux toujours verts:
Les vents au loin porteront sa semence.
Jours de triomphe, éclairez l'univers!
L'Européen, que frappent ces paroles,
Servit des rois, suivit des conquérans.
Un peuple esclave encensait ces idoles :
Un peuple libre a des honneurs plus grands.
Hélas! dit-il, et son œil sur les ondes
Semble chercher des bords lointains et chers:
Que la vertu rapproche les deux mondes!
Jours de triomphe, éclairez l'univers !

MAUDIT PRINTEMPS.

AIR: C'est à mon maître en l'art de plaire. Je la voyais, de ma fenêtre,

A la sienne tout cet hiver;

Nous nous aimions sans nous connaître ; Nos baisers se croisaient dans l'air; Entre ses tilleuls sans feuillage, Nous regarder comblait nos jours. Aux arbres tu rends leur ombrage, Maudit printemps, reviendras-tu toujours! Il se perd dans leur voûte obscure, Cet ange éclatant qui, là-bas, M'apparut, jetant la pâture Aux oiseaux, un jour de frimas: Ils l'appelaient, et leur manége Devint le signal des amours. Non, rien d'aussi beau que

la neige!

Maudit printemps, reviendras-tu toujours!

Sans toi je la verrais encore

Lorsqu'elle s'arrache au repos,

Fraîche, comme on nous peint l'Aurore
Du jour entr'ouvrant les rideaux.
Le soir encor je pourrais dire :
Mon étoile achève son cours;

Elle s'endort, sa lampe expire.
Maudit printemps, reviendras-tu toujours!
C'est l'hiver que mon cœur implore;
Ah! je voudrais qu'on entendît
Tinter sur la vitre sonore

Le grésil léger qui bondit.

Que me fait tout ton vieil empire,
Tes fleurs, tes zéphyrs, tes longs jours?
Je ne la verrai plus sourire.

Maudit printemps, reviendras-tu toujours!

PSARA*,

ου

CHANT DE VICTOIRE DES OTTOMANS.

AIR: A soixante ans il ne faut pas remettre.

Nous triomphons! Allah! gloire au prophète !
Sur ce rocher plantons nos étendards.
Ses défenseurs, illustrant leur défaite,
En vain sur eux font crouler ses remparts.
Nous triomphons, et le sabre terrible
Va de la croix punir les attentats.
Exterminons une race invincible :

Les rois chrétiens ne la vengerout pas.

Le désastre de Psara ou Ipsara est encore trop récent pour qu'il soit nécessaire d'en rapporter les détails, non plus que de la belle défense et de la fin héroïque de ses habitans. Les Turcs eux-mêmes ont rendu justice aux Ipsariotes.

N'as-tu, Chios, pu sauver un seul être
Qui vînt ici raconter tous tes maux*?
Psara tremblante eût fléchi sous son maître.
Où sont tes fils, tes palais, tes hameaux?
Lorsque la peste en ton île rebelle

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Sur tant de morts menaçait nos soldats **
Tes fils mourans disaient: N'implorons qu'elle:
Les rois chrétiens ne nous vengeront pas.
Mais de Chios recommencent les fêtes.
Psara succombe, et voilà ses soutiens!
Dans le sérail comptez combien de têtes
Vont saluer les envoyés chrétiens.

Pillons ces murs! de l'or! du vin ! des femmes !
Vierges, l'outrage ajoute à vos appas.

Le glaive après purifira vos ames:

Les rois chrétiens ne vous vengeront pas.

L'Europe esclave a dit dans sa pensée :
Qu'un peuple libre apparaisse, et soudain...
Paix! ont crié d'une voix courroucée
Les chefs que Dieu lui donne en son dédain.
Byron offrait un dangereux exemple :
On les a vus sourire à son trépas.

Du Christ lui-même allons souiller le temple;
Les rois clirétiens ne le vengeront pas.

A notre rage ainsi rien ne s'oppose;
Psara n'est plus, Dieu vient de l'effacer.

Plus de cinquante mille chrétiens perdirent la vie ou la liberté lors du massacre de Chios, ou Scio, car c'est le même nom, corrompu par la prononciation italienne.

** Le nombre des cadavres entassés dans cette malheureuse contrée fit craindre aux chefs ottomans que la peste ne se mît dans leur armée, livrée au pillage de cette île opulente.

Sur ses débris le vainqueur qui repose
Rêve le sang qui lui reste à verser.

Qu'un jour Stamboul* contemple avec ivresse
Les derniers Grecs suspendus à nos mâts!
Dans son tombeau faisons rentrer la Grèce :
Les rois chrétiens ne la vengeront pas.
Ainsi chantait cette horde sauvage.
Les Grecs! s'écrie un barbare effrayé.
La flotte Hellène a surpris le rivage,
Et de Psara tout le sang est payé.
Soyez unis, ô Grecs, ou plus d'un traître
Dans le triomphe égarera vos pas.
Les nations vous pleureraient peut-être ;
Les rois chrétiens ne vous vengeraient pas.

LE VOYAGE IMAGINAIRE.

AIR Muse des bois, etc.

L'automne accourt et sur son aile humide M'apporte encor de nouvelles douleurs. Toujours souffrant, toujours pauvre et timide, De ma gaîté je vois pâlir les fleurs.

Arrachez-moi des fanges de Lutèce.

Sous un beau ciel mes yeux devaient s'ouvrir.
Tout jeune aussi je rêvais à la Grèce;
C'est là, c'est là, que je voudrais mourir.

En vain faut-il qu'on me traduise Homère:
Qui, je fus Grec; Pythagore a raison.
Sous Périclès j'eus Athènes pour mère;
Je visitai Socrate en sa prison.
De Phidias j'enceusai les merveilles;

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Constantinople. Stamboul est le nom que lui donnent les Turcs.

De l'Ilissus j'ai vu les bords fleurir.
J'ai sur l'Hymète éveillé les abeilles ;
C'est là, c'est là, que je voudrais mourir.

Dieux, qu'un seul jour, éblouissant ma vue,
Ce beau soleil me réchauffe le cœur!
La Liberté, que de loin je salue,

Me crie: Accours, Thrasybule est vainqueur.
Partons, partons, la barque est préparée.
Mer, en ton sein garde-moi de périr.
Laisse ma muse aborder au Pirée;

C'est là, c'est là, que je voudrais mourir.

Il est bien doux le ciel de l'Italie,
Mais l'esclavage en obscurcit l'azur.
Vogue plus loin, nocher, je t'en supplie;
Vogue, où là-bas renaît un jour si pur.
Quels sont ces flots? quel est ce roc sauvage?
Quel sol brillant à mes yeux vient s'offrir?
La tyrannie expire sur la plage;

C'est là, c'est là, que je voudrais mourir.

Daignez au port accueillir un barbare,
Vierges d'Athènes, encouragez ma voix.
Pour vos climats je quitte un ciel avare,
Où le génie est l'esclave des rois.
Sauvez ma lyre, elle est persécutée;
Et, si mes chants pouvaient vous attendrir,
Mêlez ma cendre aux cendres de Tyrtée:
Sous ce beau ciel, je suis venu mourir.

LES MOEURS.

AIR: Contentons-nous d'une simple bouteille.

Mes chers amis, respectons la décence:
Ce mot lui seul vaut presqu'une chanson.

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