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Prêt à me vendre au ministère,
Pour toi je ne puis plus chanter.
On achète, etc.

Ce que je dirais pour te plaire
Ferait rire ailleurs de pitié :
L'amour est notre moindre affaire,
Les grands ont banni l'amitié. (bis.)
On siffle le patriotisme;

Ce qu'on sait le mieux, c'est compter.
J'adresse une ode à l'égoïsme,

Pour toi je ne puis plus chanter.
On achète, etc.

Je crains que ta voix ne m'inspire
L'éloge des Grecs valeureux,

Contre qui l'Europe conspire

Pour ne plus rougir devant eux. (bis.)
En vain ton ame généreuse,

De leurs maux se laisse attrister;
Moi, je chante l'Espagne heureuse,

Pour toi je ne puis plus chanter.
On achète, etc.

Dans mes calculs, Dieu ! quel déboire,
Si de ton héros je parlais!

Il nous a légué tant de gloire,
Qu'on est embarrassé du legs. (bis.)
Lorsque ta main pare son buste
De lauriers qu'on doit respecter,
J'encense une personne auguste,
Pour toi je ne puis plus chanter.
On achète, etc.

Pourquoi douter, chère Marie,
Que ton ami change à ce point?

Liberté, gloire, honneur, patrie,

Sont des mots qu'on n'escompte point. (bis.)

Des chants

pour

toi sont la satire

Des grands que j'apprends à flatter;
Non, quoi que mon cœur veuille dire,
Pour toi je ne puis plus chanter.
On achète, etc.

OCTAVIE.

Am: des Comédiens,

ou du Rondeau de Miller, intitulé: UN TOUR DE JARDIN.

Viens parmi nous, qui brillons de jeunesse,
Prendre un amant, mais couronné de fleurs;
Viens sous l'ombrage, où, libre avec ivresse,
La volupté seule a versé des pleurs,

Ainsi parlaient des enfans de l'empire
A la beauté dont Tibère est charmé.
Quoi! disaient-ils, la colombe soupire
Au nid sanglant du vautour affamé!
Belle Octavie! à tes fêtes splendides,
Dis-nous, la joie a-t-elle jamais lui?
Ton char, traîné par deux coursiers rapides,
Laisse trop loin les Amours après lui.

Sur un vieux maître, aux Romains qu'elle outrage
Tant d'opulence annonce ton crédit;
Mais sous la pourpre on sent ton esclavage;

Et, tu le sais, l'esclavage enlaidit.

Marche aux accords des lyres parasites;
Que

par les grands tes vœux soient épiés;
Déjà, dit-on, nos prêtres hypocrites
Ont de leurs dieux mis l'encens à tes pieds.

Mais, à la cour, lis sur tous les visages,
Traîtres, flatteurs, meurtriers, vils faquins.

D'impurs ruisseaux, gonflés par nos orages,
Font déborder cet égout des Tarquins.

Tendre Octavie, ici rien n'effarouche
Le dieu qui cède à qui mieux le ressent.
Ne livre plus les roses de ta bouche
Aux baisers morts d'un fantôme impuissant.

Viens parmi nous, qui brillons de jeunesse,
Prendre un amant, mais couronné de fleurs.
Viens sous l'ombrage, où, libre avec ivresse,
La volupté seule a versé des pleurs.

Accours ici purifier tes charmes :
Les délateurs respectent nos loisirs.

Tous, à leur prince, ont prédit que nos armes
Se rouilleraient à l'ombre des plaisirs.

Sur les coussins où la douleur l'enchaîne,
Quel mal, dis-tu, vous fait ce roi des rois?
Vois-le d'un masque enjoliver sa líaine,
Pour étouffer notre gloire et nos lois.

Vois ce cœur faux, que cherchent tes caresses,
De tous les siens n'aimer que ses aïeux;
Charger de fers les muses vengeresses,
Et par ses mœurs nous révéler ses dieux.

Peins-nous ses feux, qu'en secret tu redoutes,
Quand sur ton sein s'exhale son nectar,
Ses feux infects dont s'indignent les voûtes
Où plane encor l'aigle du grand César.

Ton sexe faible est oublieux des crimes:
Mais, dans ces murs ouverts à tant de peurs,
N'entends-tu pas des ombres de victimes
Mêler leurs cris à tes soupirs trompeurs?

Sur le tyran et sur toi le ciel gronde;
Avec les siens ne confonds plus tęs jours.

Ah! trop souvent la liberté du monde
A d'un long deuil affligé les Amours.

Viens parmi nous, qui brillons de jeunesse,
Prendre un amant, mais couronné de fleurs;
Viens sous l'ombrage, où, libre avec ivresse,
La volupté seule a versé des pleurs.

LES TROUBADOURS.

DITHYRAMBE.

AIR: Je commence à m'apercevoir, etc.

J'entonne sur les troubadours
Un chant dithyrambique.
Malgré goût et logique,
Coulez, vers longs, moyens et courts.
Momus sommeille:

Qu'on le réveille;

Gai farfadet, qu'il rie à notre oreille.
Laissons, malgré maux et douleurs,
L'espérance essuyer nos pleurs.
Lisette, apporte et du vin et des fleurs.
Narguant des lois sévères,

Troubadours et trouvères,

Au nez des rois, vidaient gaîment leurs verres.

Toi, doux rimeur, que la beauté

Mène par la lisière,

Unis parfois le lierre

Aux roses de la volupté.
Coupe remplie

Par la folie

Met en gaîté femme tendre et jolie.
La colombe d'Anacréon,

Dans la coupe de ce barbon,

Buvait d'un vin père de la chanson.
Narguant, etc.

Toi qui fais de religion
Parade à chaque rime;
Qui sur la double cime
Fais grimper la procession,

Ta muse en masque

Est lourde et flasque;

Mais qu'un tendron te tire par la basque, Tu lui souris ; et le bon vin,

Pour toi ne vieillit pas en vain,
Beau joueur d'orgue au service divin.
Narguant, etc.

Toi qui prends Boileau pour psautier,
Du joug je te délie :
Veux-tu, près de Thalie,

De Regnard être l'héritier?
De cette muse
Parfois abuse:

Enivre-la; Molière est ton excuse.
Elle naquit sur un tonneau;
Pour lui rendre un éclat nouveau
Puise la joie au fond de son berceau.
Narguant, etc.

Du romantisme jeune appui,
Descends de tes nuages;

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Tes torrens, tes orages
Ceignent ton front d'un pâle ennui.

Mon camarade,

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C'est un julep pour ton cerveau malade.

Entre naître et mourir, hélas !

Puisqu'on ne fait que quelques pas, On peut aller de travers ici-bas.

Narguant, etc.

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