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IMPROMPTU

SUR LE MARIAGE DE NAPOLÉON ET DE

MARIE-LOUISE.

(1810.)

AIR J'étais bon chasseur autrefois.

Nous allons devoir aux Amours,
Dit-on, le bonheur de la terre;

Le sang coulera donc toujours,
Soit pour la paix, soit
pour
la guerre !
Mais, pour nous rendre le repos,
Ne plaignons pas ce qu'il en coûte :
Mars en aurait versé des flots,
Vénus n'en répand qu'une goutte.

LE VIEUX SERGENT.

(1815.)

AIR: Dis-moi, soldat; dis-moi, t'en souviens-tu?

Près du rouet de sa fille chérie,

Le vieux sergent se distrait de ses maux,
Et, d'une main que la balle a meurtrie,
Berce en riant deux petits-fils jumeaux.
Assis tranquille au seuil du toit champêtre,
Son seul refuge après tant de combats,
Il dit parfois : « Ce n'est pas tout de naître ;
Dieu, mes enfans, vous donne un beau trépas!>>
Mais qu'entend-il? le tambour qui résonne;
Il voit au loin passer un bataillon.

Le sang remonte à son front qui grisonne;
Le vieux coursier a senti l'aiguillon.

Hélas! soudain, tristement il s'écrie:

pas

« C'est un drapeau que je ne connais *. » Ah! si jamais vous vengez la patrie,

» Dieu, mes enfans, vous donne un beau trépas! >> Qui nous rendra, dit cet homme héroïque, >> Aux bords du Rhin, à Jemmape, à Fleurus, » Ces paysans, fils de la république,

» Sur la frontière à sa voix accourus!

» Pieds nus, sans pain, sourds aux lâches alarmes, >> Tous à la gloire allaient du même pas.

» Le Rhin lui seul peut retremper nos armes.
>> Dieu, mes enfans, vous donne un beau trépas!
>> De quel éclat brillaient dans la bataille
» Ces habits bleus, par la victoire usés !
» La Liberté mêlait à la mitraille
>> Des fers rompus et des sceptres brisés.
» Les nations, reines par nos conquêtes,
» Ceignaient de fleurs le front de nos soldats.
>> Heureux celui qui mourut dans ces fêtes!
>> Dieu, mes enfans, vous donne un beau trépas!

» Tant de vertu trop tôt fut obscurcie.
»Pour s'anoblir nos chefs sortent des rangs;
» Par la cartouche encor toute noircie,
>> Leur bouche est prète à flatter les tyrans.
» La Liberté déserte avec ses armes;

>> D'un trône à l'autre ils vont offrir leurs bras; >> A notre gloire on mesure nos larmes.

>> Dieu, mes enfans, vous donne un beau trépas! Sa fille alors, interrompant sa plainte,

Tout en filant, lui chante à demi-voix

* La France était alors couverte de drapeaux étrangers.

Ces airs proscrits qui, les frappant de crainte, Ont en sursaut réveillé tous les rois.

« Peuple, à ton tour que ces chants te réveillent! >> Il en est temps ! » dit-il aussi tout bas. Puis il répète à ses fils qui sommeillent : ‹ Dieu, mes enfans, vous donne un beau trépas!

LE PRISONNIER.

AIR: de la Balançoire (d'AMÉDÉE de Beaurlan).

Reine des flots, sur ta barque rapide,

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Vogue en chantant, au bruit des longs échos.
Les vents sont doux, l'onde est calme et limpide;
Le ciel sourit: vogue, reine des flots.

Moi, captif à la fleur de l'àge,
Dans ce vieux fort inhabité,
J'attends, chaque jour, ton passage
Comme j'attends la liberté.
Reine des flots, etc.

L'eau te réfléchit grande et belle,
Ton sein forme un heureux contour.

A qui ta voile obéit-elle ?

Est-ce au zéphyr ? est-ce à l'amour ?
Reine des flots, etc.

De quel espoir mon cœur s'enivre!
Tu veux m'arracher de ce fort.
Libre par toi, je vais te suivre :
Le bonheur est sur l'autre bord.
Reine des flots, etc.

Tu t'arrêtes, et ma souffrance
Semble mouiller tes yeux de pleurs.
Hélas! semblable à l'espérance,
Tu passes, tu fuis, et je meurs.
Reine des flots, etc.

L'illusion m'est donc ravie!

Mais non vers moi tu tends la main.

Astre de qui dépend ma vie, Pour moi tu brilleras demain. Reine des flots, etc.

L'ANGE EXILÉ.

A CORINNE DE L***.

AIR: A soixante ans il ne faut pas remettre.

Je veux, pour vous, prendre un ton moins frivole:
Corinne, il fut des anges révoltés.

Dieu sur leur front fait tomber sa parole,
Et dans l'abîme ils sont précipités.

Doux, mais fragile, un seul, dans leur ruine,
Contre ses maux garde un puissant secours;
Il reste armé de sa lyre divine.

Ange aux yeux bleus, protégez-moi toujours.

L'enfer mugit d'un effroyable rire,`
Quand, dégoûté de l'orgueil des méchans,
L'ange qui pleure en accordant sa lyre,
Fait éclater ses remords et ses chants.

Dieu d'un regard l'arrache au gouffre immonde,
Mais ici-bas veut qu'il charme nos jours.
La poésie enivrera le monde.

Ange aux yeux bleus, protégez-moi toujours.

Vers nous il vole en secouant ses ailes,
Comme l'oiseau que l'orage a mouillé.
Soudain la terre entend des voix nouvelles,
Maint peuple errant s'arrête émerveillé.
Tout culte alors n'étant que l'harmonie,
Aux cieux jamais Dieu ne dit: Soyez sourds.

L'autel s'épure aux parfums du génie.
Ange aux yeux bleus, protégez-moi toujours.
En vain l'enfer, des clameurs de l'envie,
Poursuit cet ange échappé de ses rangs;
De l'homme inculte il adoucit la vie,
Et sous le dais montre au doigt les tyrans.
Tandis qu'à tout sa voix prêtant des charmes,
Court jusqu'au pôle éveiller les amours,
Dieu compte au ciel ce qu'il sèche de larmes.
Ange aux yeux bleus, protégez-moi toujours.
Qui peut me dire où luit son auréole?
De son exil Dieu l'a-t-il rappelé ?

Mais vous chantez, mais votre voix console;
Corinne, en vous l'ange s'est dévoilé.
Votre printemps veut des fleurs éternelles,
Votre beauté, de célestes atours;

Pour un long vol vous déployez vos ailes :
Ange aux yeux bleus, protégez-moi toujours.

LA VERTU DE LISETTE.

AIR: Je loge au quatrième étage.

Quoi! de la vertu de Lisette

Vous plaisantez, dames de cour!
El bien! d'accord: elle est grisette,
C'est de la noblesse en amour.
Le barreau, l'église et les armes,

De ses yeux noirs font très-grand cas.
Lise ne dit rien de vos charmes,

De sa vertu ne parlons pas.

D'avoir fait de riches conquêtes
L'osez-vous bien railler encor

Quand le peuple hébreu dans ses fêtes

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